Héritage colonial : une fondation de violence
Le système policier kenyan trouve ses racines dans une structure coloniale conçue pour oppresser au lieu de protéger. Depuis son indépendance en 1963, les réformes semblaient ne pouvoir repousser l’empreinte laissée par l’ancien régime. Des administrations successives ont employé la police pour réprimer la dissidence, un usage manifeste durant le régime répressif de Daniel arap Moi et les violences post-électorales de 2007-2008. L’impunité et la violence parmi les forces de l’ordre apparaissent ainsi comme des maux endémiques ancrés dans l’histoire du pays.
Une absence de mécanismes de contrôle effectifs
Le maintien de l’ordre au Kenya pâtit de l’absence de mécanismes internes de contrôle efficaces. Une culture de solidarité interne, souvent désignée par le ‘code bleu’, étouffe les dénonciations. Les promotions et gratifications restent étroitement liées aux allégeances politiques plutôt qu’aux performances professionnelles. Cette culture d’impunité s’aggrave par la conjonction de conditions de travail toxiques, de salaires dérisoires et d’une corruption endémique, détériorant les normes éthiques au sein de la police.
Mécanismes d’imputabilité en panne
Bien que le Kenya dispose d’organismes tels que l’Independent Policing Oversight Authority, l’efficacité de leur action reste compromise par un sous-financement et un manque de coopération de la part de la police. Les enquêtes menées par cet organe subissent des retards significatifs et leurs recommandations ne mènent que rarement à des poursuites, la lenteur du système judiciaire en étant l’une des causes majeures. Le National Police Service Commission, quant à lui, s’oppose à des influences indue, sapant sa propre indépendance nécessaire à une réforme en profondeur.
Entraves politiques à la réforme
Les tentatives de réforme du système policier sont systématiquement minées par des résistances institutionnelles et un manque flagrant de volonté politique. Des factions influentes, tirant avantage de l’état actuel, entravent toute avancée vers l’imputabilité, allant jusqu’à entraver ou intimidier les enquêteurs. Ces obstacles témoignent de l’absence de prise de conscience politique garante d’une réelle émancipation des structures judiciaires et policières.
Vers une réforme nécessaire : propositions concrètes
Pour avancer vers une transformation significative, il est crucial de renforcer l’indépendance des institutions de surveillance et d’améliorer la formation des policiers, en éloignant ces dernières des méthodes paramilitaires pour un engagement axé sur la communication et la résolution des conflits. L’Office of the Director of Public Prosecutions devrait être contraint de donner suite rapidement aux recommandations des entités de surveillance, afin d’éviter des interférences nuisibles à la justice. La mise en place de réformes judiciaires axées sur l’indépendance et une action politique véritable donnerait un nouvel élan à la lutte contre l’impunité.