Un appui décisif pour la soutenabilité budgétaire
En séance plénière, la chambre haute du Parlement a autorisé la ratification de l’accord qui scelle l’octroi d’un troisième financement à l’appui des politiques de développement, d’un montant de 46,3 milliards FCFA. Selon le ministre des Finances, Jean-Baptiste Ondaye, « cet appui traduit la confiance renouvelée de la Banque mondiale dans la trajectoire budgétaire du Congo et son engagement à soutenir l’efficacité de la dépense publique ». L’enveloppe, décaissable en une seule tranche, s’inscrit dans la continuité d’un double crédit antérieur de 35,34 milliards FCFA, complété par un prêt concessionnel de 10,95 milliards FCFA. Elle vise principalement à consolider la soutenabilité de la dette publique et à élargir le champ d’action des politiques sociales programmées pour l’exercice 2024-2025.
Une conjoncture articulée autour de trois priorités nationales
Le versement intervient à un moment charnière. D’abord, le Plan national de développement 2022-2026 a fait l’objet, en juin, d’un recentrage consensuel mettant la jeunesse au cœur des priorités sectorielles. Ensuite, la Facilité élargie de crédit négociée avec le Fonds monétaire international arrive à son terme après six revues jugées satisfaisantes par les équipes de Washington. Enfin, le Programme d’accélération de la gouvernance institutionnelle poursuit sa montée en régime avec un accent mis sur la mobilisation des recettes domestiques. Selon l’économiste Irène Malonga, « l’alignement de ces trois chantiers crée un effet d’entraînement propice, dans lequel l’appui budgétaire de la Banque mondiale s’apparente à un catalyseur ». L’institution de Bretton Woods se montre particulièrement attentive aux indicateurs de performance relatifs à la transparence des finances publiques et à la qualité de la dépense sociale.
Des réformes structurelles pour insuffler une croissance inclusive
À court terme, les autorités tablent sur l’amélioration du solde primaire hors pétrole et la réduction progressive du service de la dette extérieure. Mais le gouvernement entend surtout transformer la manne financière en réformes structurelles durables. L’accent est mis sur l’efficacité de la dépense dans la santé et l’éducation, deux secteurs représentant plus de 30 % du budget 2024. « L’objectif est clair : garantir l’accès universel aux services essentiels et renforcer le capital humain », explique la conseillère technique du ministère de l’Économie, Béatrice Mapata. Les innovations prônées par la Banque mondiale incluent l’extension du système intégré de gestion des finances publiques, l’informatisation de la chaîne de la dépense et la généralisation de l’identifiant unique du contribuable. Ces mesures doivent assurer la traçabilité des fonds, limiter les fuites de recettes et favoriser un environnement des affaires plus compétitif.
Perspectives de résilience et d’impact social
Outre l’assainissement budgétaire, l’appui financier vise à renforcer la résilience de l’économie congolaise face aux fluctuations des cours pétroliers et aux chocs climatiques. Les analystes de la Banque mondiale prévoient un taux de croissance réel de 4,7 % en 2025, soutenu par la diversification progressive vers l’agro-industrie, le numérique et les services logistiques. Dans les quartiers populaires de Brazzaville, l’annonce suscite déjà des attentes. Rachel Mavoungou, présidente d’une association de femmes entrepreneures, espère « l’accès à des micro-crédits et la création d’incubateurs publics capables de transformer les initiatives locales en emplois pérennes ». Pour réaliser ces ambitions, le gouvernement entend poursuivre le dialogue inclusif avec la société civile, assurer la transparence des allocations budgétaires et publier régulièrement des rapports d’exécution. Cette pédagogie financière, combinée à l’expertise technique de la Banque mondiale, pourrait renforcer la confiance des investisseurs et accélérer la dynamique de croissance inclusive.
Un enjeu de crédibilité pour les partenaires internationaux
En validant l’accord, le Sénat envoie un signal de continuité et de crédibilité à l’ensemble des partenaires techniques et financiers. Le chef de la mission résidente de la Banque mondiale, Carine Carvalho, souligne que « le Congo a franchi une étape importante en démontrant sa capacité à respecter les jalons macro-économiques convenus ». Dans un marché mondial toujours plus attentif aux indicateurs de gouvernance, cette régularité apparaît comme un facteur d’attractivité. Les observateurs rappellent toutefois que la réussite du programme dépendra de l’exécution rigoureuse des réformes et de la capacité à traduire les ressources mobilisées en bénéfices tangibles pour la population. Sur ce point, l’équilibre entre discipline budgétaire, équité sociale et diversification économique constitue la matrice stratégique sur laquelle Brazzaville et ses partenaires fondent leurs espoirs.