Brazzaville entérine deux textes fondateurs pour la jeunesse
Le hall tendu de drapeaux du ministère de la Jeunesse et des Sports a servi de décor, le 28 juin, à la double signature qui redessine la cartographie du volontariat au Congo. Face à une audience mêlant représentants diplomatiques, responsables associatifs et jeunes urbains en quête d’opportunités, la France, le Congo et l’ONG France Volontaires ont scellé une convention bilatérale ainsi qu’un protocole tripartite visant à « faire du volontariat un pilier de la solidarité internationale », pour reprendre les mots du ministre délégué français chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Thani Mohamed Soilihi.
Un cadre juridique affûté pour le Corps national des jeunes volontaires
La première signature, strictement bilatérale, détaille l’accompagnement technique et financier du Corps national des jeunes volontaires du Congo. Créé il y a une dizaine d’années, ce dispositif accueillera un volet inédit de formation certifiante, encadré par des experts congolais et français, afin de doter les volontaires d’outils méthodologiques communs aux standards internationaux. Charles Makaya, directeur de cabinet du ministère en charge de la Jeunesse, s’est félicité d’un texte « qui professionnalise l’engagement tout en respectant les spécificités culturelles locales », rappelant que plus de quarante jeunes ont déjà été mobilisés sur des projets à fort impact sociétal depuis le début de l’année.
La réciprocité, moteur discret d’une diplomatie de proximité
Le protocole tripartite, pour sa part, inscrit noir sur blanc la notion de réciprocité. Dix jeunes Congolais effectueront ainsi, dès 2025, une mission de volontariat en France, tandis que cinquante-sept Français continueront d’appuyer des initiatives congolaises dans les domaines de la santé, de l’environnement ou de l’éducation. Aux yeux de Mamadou Ndour Camara, représentant national de France Volontaires, « l’équilibre des flux consolide la compréhension mutuelle et nourrit un partenariat de long terme ». L’expérience de Tiphene Tamba, ancienne volontaire aux Jeux de la Francophonie, illustre ce cycle vertueux : « Partir ne signifie pas quitter, c’est apprendre pour mieux revenir servir », rappelle-t-elle à une assemblée attentive.
Un tremplin vers l’employabilité et l’innovation sociale
Au-delà de la dimension symbolique, le volontariat prend des allures de laboratoire d’innovation sociale dans une capitale où le chômage des jeunes demeure un enjeu majeur. Les missions proposées intègrent désormais des modules d’entrepreneuriat social, d’adaptation au changement climatique et de médiation culturelle. Selon une étude exploratoire du Centre d’analyse et de prospective de Brazzaville, près de 68 % des anciens volontaires trouvent un emploi stable dans les douze mois suivant leur mission. Les nouveaux accords entendent consolider ce maillage en intégrant des passerelles vers les incubateurs locaux et les filières vertes.
Synergies financières et gouvernance partagée
Sur le plan budgétaire, les parties ont acté la création d’un fonds de cofinancement alimenté par des contributions publiques et privées, offrant une visibilité pluriannuelle aux programmes. La France mobilisera, à travers l’Agence française de développement, des lignes dédiées à la formation civique et à l’insertion par le volontariat, tandis que le Congo garantira l’ancrage institutionnel du dispositif. Cette gouvernance partagée, associant également les collectivités locales et la société civile, s’inscrit dans la trajectoire définie par le Plan national de développement 2022-2026, qui fait de la jeunesse un vecteur central de la croissance inclusive.
Perspectives 2025 : vers une diplomatie de l’action concrète
Les signataires tablent sur une montée en puissance progressive : cent volontaires congolais déployés à l’international et cent cinquante étrangers accueillis à Brazzaville à l’horizon 2025. Des indicateurs de suivi basés sur l’impact communautaire seront publiés chaque année, offrant une lecture transparente de la portée des interventions. Pour le chercheur en sciences politiques Rodrigue Oba-Noël, « cette initiative illustre la capacité du Congo à articuler soft power et développement local ». La mise en chantier d’un accord de siège pour France Volontaires, évoquée en marge de la cérémonie, viendra parachever l’architecture institutionnelle d’un partenariat que tous les protagonistes jugent déjà structurant.
Vers une culture consolidée de l’engagement citoyen durable
En filigrane, ces accords ravivent le récit d’une jeunesse congolaise ambitieuse, prête à projeter son énergie au-delà des frontières tout en irriguant les territoires nationaux de compétences nouvelles. Ils confirment également l’option du gouvernement pour des solutions co-construites, mêlant expertise locale et retours d’expériences internationaux. À l’heure où la coopération Sud-Nord redéfinit ses paradigmes, Brazzaville et Paris choisissent le levier du volontariat pour traduire, en actions tangibles, une diplomatie que l’on pourrait qualifier d’opérationnelle. Les mois à venir diront, chiffres à l’appui, si l’engagement citoyen ainsi institutionnalisé parvient à tenir la promesse d’un développement durable porté par et pour la jeunesse.