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    Home»Politique»Désinformation genrée : les ragots numériques minent le débat brazzavillois
    Politique

    Désinformation genrée : les ragots numériques minent le débat brazzavillois

    BrazzavilloisPar Brazzavillois1 juillet 2025Aucun commentaire5 Mins de Lecture
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    Un nouvel âge des rumeurs numériques à Brazzaville

    Dans le tumulte quotidien des réseaux sociaux, la rumeur gagne aujourd’hui la vitesse d’un avion de chasse. Au tournant de l’année 2025, plusieurs comptes X fraîchement créés ont prétendu que Françoise Joly, haute conseillère à la présidence congolaise, était sous enquête judiciaire en France pour une prétendue acquisition frauduleuse d’un jet privatif. Cette affirmation, démentie par les registres français et démontée par les vérificateurs de CongoCheck le 20 juin 2025, n’a toutefois pas empêché la rumeur de s’ancrer dans de nombreuses conversations populaires. L’épisode marque une étape supplémentaire dans l’évolution du discours politique brazzavillois, passé de la critique mordante à la désinformation genrée.

    L’héritage créatif d’une diaspora en quête de souffle

    Historiquement, la contestation congolaise, portée par une diaspora dynamique, a souvent fait montre d’une créativité saluée par les anthropologues de la satire politique. Des graffitis londonniens anti-apartheid aux calembours espiègles des étudiants soudanais de la rive gauche, l’humour a longtemps servi de soupape sociale tout en nourrissant l’imaginaire démocratique africain. Or, à en croire la sociologue anglo-congolaise Clarisse Mbemba, « l’effervescence d’antan s’est muée en cynisme viral, faute de vision programmatique ». Au lieu de produire des arguments chiffrés sur la dette, certains activistes misent désormais sur des montages TikTok ou de pseudo-documents juridiques, plus faciles à partager qu’à vérifier.

    Quand la misogynie supplante le débat d’idées

    La cible privilégiée de cette dérive, Françoise Joly, concentre plusieurs marqueurs identitaires devenus combustibles dans l’arène numérique : son genre, sa double nationalité et sa proximité présumée avec des négociations sensibles touchant aux terres rares. Ces attributs suffisent à alimenter un récit délégitimant où elle est tour à tour décrite comme maîtresse de l’exécutif, espionne étrangère ou profiteuse d’aéronefs luxueux. Les données publiées par ONU Femmes en octobre 2024 confirment que les dirigeantes africaines subissent une hausse de 43 % des attaques genrées en ligne, lesquelles demeurent difficilement sanctionnables tant qu’elles ne franchissent pas ouvertement le seuil de l’injure pénalement répréhensible.

    Deepfakes, cheap fakes et économie de la viralité

    L’accessibilité des outils d’intelligence artificielle a considérablement abaissé le coût de fabrication de vidéos truquées. Dans son rapport de février 2025, Deutsche Welle anticipe « une production quasi illimitée de contenus contrefaits à l’approche des scrutins africains ». Au Congo-Brazzaville, l’exemple le plus marquant demeure un faux relevé de traçage d’avion, monté en superposant le logo d’un site de suivi aérien à des images retouchées d’exécutifs de Dassault Aviation. Publiée sur TikTok, la vidéo a généré plus de deux cent mille vues en quarante-huit heures, suscitant l’indignation avant même qu’une contre-expertise méthodique ne soit disponible.

    Les vérificateurs d’information face à la mécanique du doute

    Confrontés à ce torrent de contenus, les fact-checkers congolais ont adopté une stratégie d’alertes rapides et de décryptages visuels. La plateforme CongoCheck, dirigée par le journaliste Arsène Ngakosso, publie désormais des fiches pédagogiques en lingala, en kituba et en français pour élargir sa portée. Arsène explique que « 40 % des internautes consultent nos démentis après avoir vu la rumeur au moins deux fois », signe que le correctif arrive souvent trop tard pour neutraliser le premier impact psychologique. L’opacité de messageries chiffrées comme WhatsApp rend l’exercice encore plus délicat.

    Un vide normatif qui nourrit l’impunité

    Le code pénal congolais sanctionne la diffamation et le discours de haine, mais aucun dispositif spécifique ne vise encore les deepfakes. Le juriste Robert Ibata rappelle que « la preuve technique de la fabrication est coûteuse et la traçabilité des comptes éphémères complexe », ce qui explique la prudence des procureurs. En attendant, les victimes féminines de campagnes malveillantes se tournent vers des associations de la société civile ou vers les plateformes elles-mêmes, dont les procédures de retrait demeurent souvent opaques. L’absence de jurisprudence claire entretient une zone grise juridique où prospèrent les fausses allégations.

    Coûts politiques et diplomatiques d’une indignation permanente

    Au-delà de l’atteinte à l’honneur individuel, la prolifération des ragots porte un coût réputationnel pour l’ensemble du pays. Les investisseurs étrangers, de plus en plus dépendants d’outils de due diligence en source ouverte, hésitent à distinguer le vrai du faux dans un brouillard narratif permanent. Cette incertitude peut ralentir des dossiers structurants tels que la renégociation de la dette ou les partenariats sur les minerais critiques, deux portefeuilles où Françoise Joly joue un rôle opérationnel reconnu. Comme le souligne un analyste basé à Abidjan, « l’ère de l’information fragmentée impose aux États africains un devoir d’éclaircissement constant pour rassurer leurs partenaires ».

    Renouer avec la critique documentée

    La pluralité politique demeure un pilier essentiel de la démocratie congolaise. Pour autant, l’efficacité de l’opposition se mesurera moins à la virulence des insinuations qu’à la solidité des chiffres qu’elle mettra sur la table. Les observateurs notent qu’un retour au débat programmatique — par exemple autour des indicateurs de diversification économique ou de l’accès à l’énergie — constituerait le meilleur antidote à la fatigue informationnelle du public urbain. Comme le formule l’économiste Mireille Tchissambou, « juger un responsable sur ses résultats plutôt que sur son genre est non seulement équitable, mais surtout productif pour la nation ».

    Vers une gouvernance de l’information plus résiliente

    Conscient des risques, le gouvernement explore plusieurs pistes : renforcement des capacités des magistrats à traiter les infractions numériques, partenariats avec les plateformes en vue d’une modération plus réactive, et campagnes de sensibilisation dans les lycées de Brazzaville sur l’esprit critique. Ces initiatives, encore embryonnaires, pourraient toutefois constituer un jalon vers un espace public apaisé, où la compétition politique s’appuierait sur des faits vérifiables et non sur des rumeurs anxiogènes. À terme, une société civile revitalisée, associée à des médias professionnels rigoureux, demeurera l’ultime rempart contre la corrosion du débat démocratique.

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