Brazzaville célèbre l’audace entrepreneuriale
Vendredi 28 juin, à l’ombre des manguiers qui bordent l’avenue face au fleuve, la salle de conférence du Grand Lancaster oscillait entre l’effervescence d’un forum et le recueillement d’un amphithéâtre. À l’occasion de la Journée internationale des petites et moyennes entreprises, la Direction départementale des PME de Brazzaville a réuni un public dense – étudiants, artistes, parlementaires, partenaires techniques et financiers – autour du thème « Comment créer, gérer, financer et développer son entreprise ». L’initiative, portée par le ministère des Petites et moyennes entreprises et de l’Artisanat, répond à un impératif clair : faire de l’entrepreneuriat un pilier de la diversification économique nationale, dans un pays dont la démographie urbaine ne cesse d’alimenter les attentes en matière d’emploi formel.
Le rôle catalyseur de l’administration
« Les potentialités du Congo sont indéniables ; elles ne demandent qu’à être traduites en opportunités concrètes », a martelé Rudy Steph Mpiéré Gouamba, directeur général des PME, lors de son allocution inaugurale. Évoquant la modernisation du Centre de formalités des entreprises et la réduction du délai d’immatriculation à quarante-huit heures, le responsable a insisté sur la nécessité de démythifier les démarches administratives. Ce cadre légal, fruit d’un dialogue constant entre les opérateurs privés et les pouvoirs publics, permet selon lui « d’abaisser la barrière psychologique qui séparait jadis l’idée d’entreprise de sa réalisation effective ». Le ton était donné : l’administration se pose en facilitatrice plutôt qu’en vigie contraignante.
Des passerelles innovantes vers le financement
La question du financement a rapidement occupé le devant de la scène. Didace Ngafoula-Ganao, directeur départemental des PME, a détaillé l’architecture de l’écosystème local : incubateurs universitaires, ligne de garantie du Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement (FIGA), micro-crédits bonifiés et conventions de partenariat signées avec plusieurs banques de la place. « Nous voulons que le banquier cesse d’être perçu comme le gardien d’un coffre-fort inaccessible », a-t-il résumé dans un clin d’œil à l’auditoire estudiantin. De son côté, le représentant d’une banque commerciale majeure a confirmé l’évolution des pratiques internes : dossiers digitalisés, analyse sectorielle plus fine et taux d’intérêt modulables en fonction du risque réel plutôt que supposé.
Une culture de gestion responsable
Si la création attire l’attention, la pérennité demeure l’enjeu fondamental. Les interventions de M. Kourissa, expert en structuration, et de Mme Murielle Koumen de la Caisse nationale de sécurité sociale, ont rappelé qu’une entreprise viable repose autant sur la qualité de son produit que sur la discipline de sa comptabilité et la protection de son capital humain. L’intégration précoce de la sécurité sociale dans le montage financier constitue, selon eux, un signe tangible de crédibilité vis-à-vis des investisseurs. « Ne négligez jamais la dimension sociale ; elle est un gage de stabilité à long terme », a insisté Mme Koumen, citant les statistiques encourageantes de survie des PME ayant souscrit au régime général.
Perspectives partagées par la jeunesse urbaine
Au terme de quatre heures d’échanges, le constat d’ensemble s’est voulu résolument optimiste. Entre les selfies postés sur les réseaux sociaux et les échanges de cartes de visite, nombreux sont les participants à avoir salué la tonalité pratique de la master-class. « Je pensais que lancer mon atelier de design textile exigerait un capital colossal. Je repars avec l’idée qu’un plan d’affaires solide et un accompagnement adéquat peuvent suffire », confie Nathalia, étudiante en arts appliqués. La Direction des PME, encouragée par cette adhésion, envisage déjà de dupliquer le format dans d’autres départements, afin de consolider la dynamique entrepreneuriale qui irrigue le tissu économique congolais. Une manière, subtile mais tangible, de transformer la vitalité juvénile de la capitale en valeur ajoutée durable.