Un établissement au cœur d’une date fondatrice
Dans le neuvième arrondissement de Brazzaville, l’école 5 Février 1979 est plus qu’un simple complexe primaire. Elle incarne une page de l’histoire contemporaine du Congo, inscrite dans l’ascension à la magistrature suprême du président Denis Sassou Nguesso. Longtemps, cette charge symbolique a protégé le site de l’oubli collectif ; pourtant, l’usure des ans, jointe à une urbanisation galopante, a fini par fissurer murs et mémoires.
Un budget de 500 millions de FCFA pour conjuguer passé et futur
« Nous disposons désormais d’une enveloppe de cinq cents millions, ventilée sur deux exercices budgétaires, pour rendre à l’école son lustre et lui adjoindre un collège d’enseignement général », a détaillé la députée Antoinette Olou Ntsiélé Ngambia en marge de sa descente parlementaire du 20 juin 2025. L’élue du Parti congolais du travail salue une synergie entre représentants du peuple et pouvoirs publics, déterminés à élargir l’offre éducative dans un arrondissement dont la démographie ne cesse de croître. Deux cent cinquante millions seront engagés dès 2025 ; le reliquat suivra en 2026, assurant continuité et visibilité aux travaux.
La difficile équation de la préservation du patrimoine scolaire
L’état actuel de l’établissement reflète les défis récurrents que connaissent plusieurs infrastructures scolaires patrimoniales : bâtiments érodés, salles de classe envahies par l’humidité de la Tsiémé, végétation foisonnante, absence de clôture pérenne. Les services municipaux évoquent une combinaison d’intempéries, d’incivisme et de pression foncière. Pour le géographe urbain Alain Ntsimba, « le tissu périphérique de Brazzaville avance souvent plus vite que les budgets d’entretien. Réhabiliter revient à reconnaître la valeur du bâti existant et à lui donner une fonction socialement performante ».
Sécurité et civisme : les deux piliers de la pérennité
Si la réhabilitation constitue un préalable, la sauvegarde des futures installations impose une sécurisation accrue. La députée a plaidé pour l’implantation d’un poste de police avancé, jugeant indispensable la présence d’agents de proximité pour dissuader les dépôts sauvages d’ordures et les dégradations nocturnes. L’argument renvoie à un constat : faute de contrôle, les riverains ont transformé certaines cours d’école en décharges informelles. L’association de parents d’élèves, par la voix de sa présidente Marie-Thérèse Kakou, promet de « renforcer les brigades vertes scolaires pour que le chantier de la modernité ne soit pas à nouveau englouti par l’insalubrité ».
Moderniser sans dénaturer : enjeux pédagogiques et urbains
Le futur collège viendra compléter l’offre d’enseignement général du Nord-Brazzaville, évitant aux adolescents de longs trajets vers les arrondissements centraux. Les architectes du ministère de l’Aménagement, consultés pour l’avant-projet, envisagent un édifice bioclimatique en matériaux locaux, inspiré des « cases scolaires » tout en intégrant des salles informatiques et des blocs sanitaires aux normes. Le pédagogue Émile Okandzi rappelle cependant qu’un bâtiment ne suffit pas : « Le capital humain doit suivre. Former et stabiliser les équipes enseignantes demeure la clé d’une école performante ».
Voix de jeunes et attentes citoyennes
Sur les rives de la Tsiémé, les adolescents scrutent le chantier annoncé avec un mélange d’espoir et de prudence. Kevin, collégien de Djiri, confie qu’il rêve « d’une bibliothèque où préparer le brevet ». Pour Grâce, vendeuse ambulante, la renaissance de l’école pourrait relancer le petit commerce de fournitures scolaires. Un écosystème économique, éducatif et social se dessine, capable de dynamiser ce quartier en pleine mutation.
Perspectives pour la jeunesse de Djiri
Le calendrier fixé prévoit une livraison partielle des bâtiments rénovés avant la rentrée 2026. Les pouvoirs publics entendent ainsi amorcer, dans un délai court, la montée en puissance du collège tandis que les modules primaires seront progressivement transférés. Cet alignement sur la vision gouvernementale de l’école de proximité illustre la volonté de réduire les disparités territoriales, favoriser la réussite scolaire et, partant, l’employabilité des jeunes urbains. Dans l’esprit de nombreux observateurs, la renaissance annoncée de l’école 5 Février 1979 pourrait servir de modèle pour d’autres établissements emblématiques, appelés à conjuguer valeur historique et standards éducatifs contemporains.
Vers un pacte éducatif local
Au-delà de la mobilisation financière, la réussite du projet reposera sur un pacte entre institutions, partenaires privés et citoyens. Réhabiliter, sécuriser, animer : tel est le triptyque que les acteurs de Djiri veulent inscrire dans la durée. L’école 5 Février 1979, jadis phare d’un quartier naissant, aspire à redevenir ce havre de transmission où les jeunes Brazzavillois pourront bâtir leur futur, ancrés dans une mémoire nationale assumée et ouverts sur les exigences du monde contemporain.