Brazzaville séduite par la diplomatie économique francophone
En annonçant, dès son retour d’Abidjan, que le Forum international des entreprises francophones fera étape à Brazzaville en 2026, le docteur Jean-Daniel Ovaga a placé la capitale congolaise au cœur d’une stratégie d’influence fondée sur la diplomatie économique. Le FIEF, réseau qui agrège entrepreneurs, décideurs politiques et investisseurs de près de trente pays, entend « cristalliser les synergies d’affaires de l’espace francophone », selon la formule du Groupement du patronat francophone. Pour le Congo, l’enjeu dépasse la simple organisation d’un sommet : il s’agit d’asseoir une réputation de hub d’affaires en Afrique centrale et de soutenir les politiques publiques de diversification économique encouragées par les autorités.
Leçons d’Abidjan : un cahier des charges exigeant
La sixième édition du FIEF, tenue en mai 2025 à Abidjan, a offert aux organisateurs congolais un précieux retour d’expérience. « Nous avons observé la chaîne logistique de bout en bout, de l’accueil des délégations aux sessions B2B, afin d’identifier les facteurs clés de succès et les écueils à éviter », confie Jean-Daniel Ovaga. Les discussions menées dans la capitale ivoirienne ont mis en évidence l’importance d’une gouvernance partagée entre secteur public et secteur privé, d’un plan de communication ciblé sur les écosystèmes d’investisseurs et d’une infrastructure numérique capable de soutenir en temps réel les besoins des délégations internationales.
Une candidature stratégique portée par l’UNOC
La proposition congolaise a été soumise au bureau du patronat francophone avec l’appui de l’Union nationale des opérateurs économiques du Congo, organisation qui fédère des centaines d’entreprises nationales. Selon le ministère de l’Économie, « la présence d’un tissu entrepreneurial engagé confère une crédibilité certaine à la candidature ». Brazzaville, qui avait déjà accueilli en 2024 la Rencontre des entrepreneurs francophones, dispose d’une expérience récente et saluée par les participants. Le très-haut patronage du Président de la République, annoncé dès la phase préparatoire, ajoute une dimension protocolaire et sécuritaire jugée rassurante par les partenaires internationaux.
Un terrain institutionnel favorable
La tenue du FIEF nécessitera la mobilisation de plusieurs départements ministériels. Outre l’Économie, les ministères des Petites et moyennes entreprises, du Développement industriel et de la Coopération internationale seront associés à un comité d’organisation interministériel. Le calendrier prévoit des réunions techniques trimestrielles, la première ayant pour objet de calibrer les besoins hôteliers et de transport. Les autorités locales anticipent l’arrivée de plus de mille participants, un afflux qui stimulera les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et des services urbains.
Retombées attendues pour la capitale congolaise
À moyen terme, les analystes voient dans le FIEF une opportunité de capter de nouveaux flux d’investissements directs, notamment dans les filières agro-industrielle et numérique. La Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale, basée à Douala, envisage déjà l’organisation, en marge du forum, d’un road-show consacré aux entreprises congolaises éligibles à une introduction. Pour le professeur Moussavou, économiste à l’Université Marien-Ngouabi, « l’effet vitrine ne peut être efficace que si, en amont, un pipeline de projets bancables est structuré et présenté aux investisseurs ». Cet avis converge avec la stratégie gouvernementale de zones économiques spéciales, appelées à se positionner comme réceptacles de partenariats public-privé.
Vers mai 2026 : calendrier et défis logistiques
Le président du Groupement du patronat francophone devrait effectuer une mission exploratoire à Brazzaville au premier trimestre 2025. Cette visite aura pour objectif d’évaluer les capacités hôtelières, la connectivité aérienne et le potentiel des sites susceptibles d’accueillir les panneaux d’experts. Les organisateurs misent sur le centre de conférence de Kintélé, infrastructure moderne déjà éprouvée lors des Jeux africains de 2015. Les compagnies aériennes régionales, pour leur part, planchent sur un renforcement temporaire de la desserte afin d’éviter la saturation de l’aéroport international Maya-Maya.
Une dynamique d’ouverture pour l’écosystème congolais
Plus qu’un événement ponctuel, la septième édition du FIEF pourrait inaugurer un cycle régulier de rencontres économiques de haut niveau à Brazzaville. L’UNOC espère ainsi élargir le réseau d’affaires de ses membres et intensifier les échanges intra-africains au sein de la francophonie. La perspective d’une Zone de libre-échange continentale africaine pleinement opérationnelle renforce la pertinence de ce positionnement : la capitale congolaise se projette en passerelle naturelle entre golfe de Guinée et hinterland subsaharien. Reste désormais à conjuguer attractivité et rigueur d’exécution pour transformer l’essai et inscrire durablement Brazzaville sur la carte des grands rendez-vous économiques internationaux.