Un scrutin révélateur de l’effervescence citoyenne
Au siège social de l’Association Ouenzé Intendance, niché dans la commune francilienne de Colombes, l’effervescence de ce samedi 5 juillet a rappelé la ferveur des grands rendez-vous démocratiques. Dans une atmosphère où se mêlaient accents de la Cuvette et souvenirs des avenues brazzavilloises, les membres mutualistes ont choisi à 53 % des voix Roch Le Prince Okouele pour présider le Bureau exécutif. Derrière la sobre formalité du vote, se lisait l’aspiration d’une génération de Congolais de France à conjuguer solidarité traditionnelle et gouvernance moderne. « Je suis prêt à écouter, à travailler, à fédérer », a lancé le nouvel élu, esquissant une feuille de route que les analystes, à l’instar de la politiste Florence Ndinga, considèrent déjà comme un “test grandeur nature de participation citoyenne transnationale”.
De la communication stratégique à la magistrature associative
Longtemps chargé de la communication de la même association, Roch Okouele a gravi les échelons au rythme de ses chroniques sur les actions menées au lendemain du drame du 4 mars 2012. Cette ascension, que le sociologue Jules Mabiala qualifie de « méritocratie associative », témoigne d’une compréhension fine des mécanismes d’influence au sein des diasporas. Grâce à un discours articulé autour de l’inclusion et de la transparence, le nouveau président a réussi à convaincre un électorat exigeant, soucieux de conjuguer l’héritage de la solidarité villageoise avec les standards de la gouvernance responsable promue par les institutions congolaises.
Ouenzé Intendance Évents, laboratoire d’une diplomatie citoyenne
Au cœur de la vision d’Okouele se déploie le pilier stratégique baptisé « Ouenzé Intendance Évents ». Pensé comme une vitrine et un incubateur, ce dispositif doit permettre de passer de la simple assistance mutuelle à la valorisation proactive de compétences, notamment artistiques et entrepreneuriales. L’idée, explique le président, est de faire émerger « un espace d’expression, de créativité et de rayonnement » capable de dialoguer autant avec les collectivités locales de Brazzaville qu’avec les mairies d’Île-de-France. Observateurs et membres fondateurs y voient déjà un prolongement des orientations nationales sur le renforcement de la société civile et la mobilisation de la diaspora pour l’essor socio-économique du Congo.
Jeunesse, genre et inclusion : les nouveaux marqueurs
S’il est un maître-mot que le quinquennat associatif d’Okouele place en exergue, c’est bien l’inclusion. Les études de terrain menées par la chercheuse Irène Ndoukou attestent d’un renouvellement des attentes de la jeunesse congolaise expatriée, plus sensible aux enjeux d’employabilité, de formation et de leadership féminin. Le programme prévoit ainsi la mise en place de bourses de stages en entreprises partenaires, la programmation d’ateliers d’initiation numérique à Brazzaville et la promotion d’événements célébrant les réussites de femmes entrepreneures. Cette dynamique contribue à renforcer, au-delà des frontières, l’image d’un Congo qui valorise ses ressources humaines et soutient la promotion de l’égalité.
Partenariats gagnant-gagnant et financement innovant
Le défi de la mobilisation financière reste central. Dans un contexte où les collectes traditionnelles suffisent de moins en moins à couvrir les projets, le Bureau exécutif parie sur des modèles hybrides alliant mécénat d’entreprises de la place parisienne, micro-dons sécurisés via des fintechs congolaises et co-financements institutionnels. Cette approche, déjà expérimentée par d’autres associations de la diaspora sénégalaise, ambitionne de générer des ressources pérennes tout en instaurant une culture de la reddition des comptes. Pour le professeur d’économie Arsène Kombé, cette orientation « s’inscrit dans la dynamique nationale de diversification économique et de migration des savoir-faire vers les secteurs créatifs ».
Résonance locale et ambitions panafricaines
Au-delà des frontières hexagonales, la présidence Okouele entend irriguer le tissu associatif de Brazzaville. Des discussions avancées existent déjà avec des maisons de jeunes de Ouenzé, afin d’organiser des tournées d’artistes et des sessions de coaching professionnel. Dans la droite ligne du Plan national de développement, ces initiatives devraient contribuer à la création d’emplois et à la circulation des compétences. À moyen terme, l’association vise la mise en réseau de plateformes similaires à Kinshasa, Abidjan et Dakar, dans une perspective panafricaine de coopération Sud-Sud.
Solidarité renouvelée et territoire d’avenir
En clôturant son premier discours, Roch Le Prince Okouele a rappelé que « les idées ne valent que par les actions qui les incarnent ». À l’heure où la diaspora congolaise se cherche des repères et des relais d’espoir, la nouvelle gouvernance de l’Association Ouenzé Intendance s’inscrit dans un mouvement global de reconfiguration des liens entre communautés expatriées, société civile et institutions nationales. Si le pari de la modernisation associative reste exigeant, l’élan de confiance observé lors du scrutin permet d’envisager une trajectoire vertueuse, nourrie de solidarité, d’innovation et de fierté partagée. À l’instar d’autres initiatives soutenues par les autorités congolaises, ce projet pourrait devenir un exemple d’intelligence collective au service du développement concerté entre Brazzaville, la diaspora et un continent en devenir.