La capitale accueille un nouvel état-major martial
Dans le gymnase feutré du quartier Plateau des 15 Ans, les salutations protocolaires se sont mêlées au bruit sec des tatamis, célébrant l’intronisation officielle de la commission départementale de Nihon Taijutsu. Autour de la représentante du directeur départemental des Sports, Françoise Olongot, les figures de proue de diverses fédérations nationales ont salué la naissance d’une structure qui, selon leurs mots, « donne au paysage sportif congolais une couleur résolument contemporaine ». À la barre, Rachid Ibrahim Boulama, ceinture noire et fin connaisseur des arts martiaux japonais, a été chargé de diriger la nouvelle équipe. Il sera épaulé par Tanguy Nzonga, tandis que Patrick Okeba et Bienvenu Matoko orchestreront le secrétariat général, la trésorerie revenant quant à elle au maître Hiver Mviri.
Une structuration attendue par les pratiquants de la capitale
Si la pratique du Nihon Taijutsu suscitait déjà l’enthousiasme d’un cercle d’initiés, l’absence d’organe local dédié limitait sa visibilité. Le nouveau bureau se donne pour première tâche de standardiser les critères de formation, d’harmoniser les calendriers de stages et de compétitions et, surtout, de tisser un filet de proximité avec les quartiers populaires. « Il est temps que nos jeunes perçoivent les arts martiaux non seulement comme une discipline physique mais également comme un catalyseur de civisme et de maîtrise de soi », a déclaré Rachid Ibrahim Boulama, rappelant que l’éthique bushido a longtemps irrigué la philosophie du Taijutsu.
L’enjeu de la vulgarisation d’un art martial d’inspiration japonaise
Importé au début des années 2000 par une poignée d’expatriés et d’étudiants congolais revenus du Japon, le Nihon Taijutsu a peu à peu trouvé ses marques à Brazzaville dans l’ombre des disciplines plus médiatisées que sont le judo ou le karaté. Il se distingue par une approche défensive reposant sur la souplesse articulaire, la projection et le contrôle de l’adversaire. Pour Serge Stanislas Bikoua Ebia, président national de l’Amicale congolaise de Nihon Taijutsu, la création d’antennes provinciales constitue « un passage obligé pour désenclaver l’offre sportive et répondre à la curiosité d’une jeunesse avide de nouveautés ». L’ambition affichée est de multiplier les démonstrations publiques, notamment lors des journées portes ouvertes organisées par la direction générale des Sports et de l’Éducation physique.
Un partenariat institutionnel aligné sur la stratégie sportive nationale
Affiliée depuis plusieurs mois à la Fédération congolaise de close combat et disciplines associées, l’ACNTJ bénéficie d’un ancrage institutionnel qui sécurise ses projets de développement. Rude Ngoma, premier vice-président de la fédération, voit dans cette collaboration « une passerelle entre les arts martiaux traditionnels et les attentes du public urbain ». L’initiative s’accorde par ailleurs avec le Plan national de développement du sport, qui encourage la diversification des pratiques afin de soutenir la cohésion sociale et le bien-être. Les autorités ont réaffirmé leur engagement à doter la nouvelle commission des moyens logistiques nécessaires, depuis la mise à disposition d’espaces d’entraînement jusqu’à la formation continue des encadreurs.
Perspectives d’essaimage dans les autres départements
La cérémonie d’installation n’a pas fait figure d’épilogue, bien au contraire. Dès les prochaines semaines, une tournée de repérage doit conduire les responsables de l’ACNTJ à Pointe-Noire, à Dolisie puis à Owando, avec l’objectif d’y créer des commissions miroir. Serge Stanislas Bikoua Ebia assure que « l’essaimage est déjà budgétisé », soulignant l’appui d’entreprises locales intéressées par les retombées en matière de responsabilité sociétale. À terme, la fédération espère organiser un championnat national couplé à un colloque sur la prévention de la violence urbaine par le sport, thème cher aux politiques publiques actuelles. La dynamique ainsi enclenchée devrait contribuer à renforcer le tissu associatif, à professionnaliser les instructeurs et, surtout, à offrir aux jeunes Congolais un horizon sportif supplémentaire riche en valeurs de discipline et de respect.