Ouverture du processus électoral à Brazzaville
Le tintement discret du chronomètre s’est enfin fait entendre dans les couloirs du Comité national olympique et sportif congolais : la Commission électorale indépendante, présidée par Me Mouadh Ben Zaied, a officiellement déclenché la procédure devant conduire à l’élection du nouveau Comité exécutif de la Fédération congolaise de handball. Après plusieurs mois d’attente teintée de spéculations, la convocation du congrès pour le 16 août prochain résonne comme un soulagement pour les clubs, les officiels et les supporters dispersés entre Djiri et Poto-Poto. Cette échéance, assortie d’un cadre réglementaire précis, intervient dans un contexte marqué par le souhait largement partagé de voir la balle collante retrouver son lustre d’antan sur les parquets nationaux.
Règles du jeu électoral et parité obligatoire
Le document publié par la Commission rappelle d’emblée que l’élection s’effectue selon le principe de la liste bloquée : la tête de liste devient, en cas de victoire, président de la Fédération. Dans un pays où les questions de représentation féminine nourrissent un débat de plus en plus audible, l’exigence d’intégrer au moins trois femmes par liste marque une avancée saluée par plusieurs techniciens. « Nous souhaitons que la gouvernance sportive reflète mieux la sociologie de nos terrains », souligne une ancienne internationale évoluant aujourd’hui comme cadre technique à Oyo.
La majorité simple des suffrages exprimés départagera les prétendants. Si le premier tour ne suffit pas, un second tour sera organisé immédiatement, et l’égalité persistante sera tranchée en faveur de la liste la plus féminisée, ou, à défaut, de celle conduite par le candidat le plus âgé. Ce mécanisme vise à prévenir les impasses et à éviter la prolongation d’une période transitoire peu favorable à la planification des compétitions nationales.
Calendrier millimétré et défis logistiques
Désormais, les horloges tournent pour les candidats : les dossiers devront parvenir au secrétariat de la Commission au plus tard le 16 juillet, avant 17 h 30. L’examen de leur recevabilité interviendra le 31 juillet, tandis que la Commission de recours rendra ses arbitrages définitifs au plus tard le 8 août. Ces fenêtres, volontairement resserrées, répondent à la volonté de la tutelle sportive de « garantir une saison 2025-2026 fluide et compétitive », selon un cadre du ministère des Sports.
Sur le plan pratique, les clubs de l’intérieur – notamment ceux de Pointe-Noire, Dolisie et Ouesso – devront composer avec les réalités de transport et de connexion numérique pour faire valider à temps leurs procurations et soutiens. La Commission a promis un secrétariat mobile lors de deux permanences régionales, geste apprécié par les présidents de ligue qui y voient une traduction concrète de l’équité territoriale.
Enjeux pour le handball congolais et ses athlètes
Derrière les chiffres et les procédures, c’est la trajectoire même de la discipline qui se joue. Le dernier titre continental féminin, conquis en 1985, reste un souvenir glorieux mais lointain. Aujourd’hui, les équipes nationales alternent coups d’éclat et éliminations précoces, faute d’un championnat régulier et de centres de formation pleinement opérationnels. « Une gouvernance stable est le premier carburant de la performance », rappelle un dirigeant de la Confédération africaine, couramment missionné à Brazzaville.
La nouvelle équipe fédérale sera attendue sur plusieurs chantiers prioritaires : la relance du Championnat national seniors, la professionnalisation du corps arbitral, la création d’une ligue féminine pérenne et la modernisation des infrastructures, notamment la salle mythique Nicole-Oba. Des discussions sont déjà engagées avec des partenaires privés et des collectivités locales pour mutualiser les investissements. Les observateurs notent par ailleurs que le climat d’affaires apaisé, impulsé ces dernières années, facilite la recherche de mécènes.
Perspectives après le congrès du 16 août
Si les opérations se déroulent dans le strict respect du chronogramme, la nouvelle équipe prendra ses fonctions avant la rentrée sportive, évitant ainsi la traditionnelle période d’incertitude budgétaire pour les clubs. Les bénéfices attendus dépassent toutefois le cadre financier : il s’agit de redonner confiance à une génération de jeunes pratiquants qui hésitent encore entre handball, basket et arts martiaux.
À moyen terme, la Commission électorale suggère déjà l’instauration d’un audit participatif de la gestion fédérale, outil innovant dans l’écosystème sportif national. Les fédérations de basket-ball et de judo, récemment engagées sur cette voie, confirment que la transparence renforce l’attractivité auprès des bailleurs internationaux. Dans la capitale, les aficionados croisent les doigts pour que Brazzaville redevienne, à l’horizon 2027, une escale incontournable des compétitions sous-régionales.