Un cadrage budgétaire au carrefour des partenariats
Sous les lambris sobres d’un hôtel du centre-ville, les membres du Comité d’orientation et de suivi se sont retrouvés le 10 juillet 2025 pour un échange que les participants qualifient de « franc et productif ». Coprésidée par le ministre des Finances, Christian Yoka, et l’ambassadrice de France, Claire Bodonyi, la session a revisité en détail l’enveloppe de 229 millions d’euros – soit 150,2 milliards de FCFA – destinée à irriguer treize projets et deux fonds d’études répartis entre infrastructures, capital humain et développement durable.
L’architecture financière du programme illustre une diplomatie économique assumée : les décaissements suivent un calendrier indexé sur l’achèvement de jalons techniques, tandis que les contrôles conjoints renforcent la traçabilité des fonds. « Le C2D demeure un instrument d’ingénierie budgétaire remarquable par son principe de conversion de dette en investissements tangibles », souligne un conseiller économique du Trésor français présent à huis clos.
Des avancées tangibles dans la capitale et au-delà
Trois réalisations phares cristallisent la dimension concrète de la coopération : la première phase du drainage des eaux pluviales de Brazzaville, la formation de travailleurs sociaux et l’initiative de filets sociaux Lisungi, qui apporte un soutien à quelque cinquante mille personnes en situation de vulnérabilité. Sur le terrain, ces chantiers modèlent déjà le quotidien des habitants, atténuant les inondations récurrentes dans plusieurs arrondissements et structurant des parcours d’accompagnement social jusque dans les confins semi-ruraux.
Les responsables congolais font valoir que ces succès, bien que parfois moins visibles que de grands ouvrages, participent à l’ancrage d’un développement plus inclusif. « L’impact sur la résilience communautaire se mesure à la capacité des ménages à générer des revenus autonomes », a observé la ministre des Affaires sociales, Marie Cécile Mboukou Kimbatsa, saluant la cohérence d’ensemble des interventions.
Inflation et réajustements : la rigueur budgétaire à l’épreuve
Si les voyants sociaux demeurent au vert, la conjoncture mondiale impose des défis financiers. L’ambassadrice Claire Bodonyi a alerté sur l’érosion du pouvoir d’achat des enveloppes initiales en raison d’une hausse soutenue des coûts des matériaux et des prestations de travaux publics. Certaines composantes, conçues avant la flambée inflationniste, nécessitent aujourd’hui un complément de financement pour conserver leur ambition originelle.
Le ministre Christian Yoka reconnaît la nécessité « d’un calibrage vigilant et permanent » : l’équipe mixte d’experts a été mandatée pour produire une analyse détaillée des lignes budgétaires, afin de prioriser les rubriques critiques sans dévoyer l’esprit du programme. Cette approche incrémentale traduit la maturité d’une coopération capable d’absorber les chocs externes et d’en tirer des ajustements agiles.
Cap sur le capital humain et l’innovation sociale
Parmi les pistes actées figure la montée en puissance du projet « Telema », levier d’autonomisation économique des foyers modestes par la création d’activités génératrices de revenus. L’initiative, pilotée conjointement par les ministères sectoriels et appuyée par la partie française, illustre une conception du développement où la croissance est d’abord enracinée dans les territoires et portée par les populations elles-mêmes.
De même, la mise en orbite du Projet d’appui à la modernisation de l’enseignement supérieur (AMES) doit permettre de renforcer l’attractivité académique de Brazzaville, en dotant les universités d’équipements numériques et de laboratoires mutualisés. « Le capital humain reste le socle de toute ambition émergente », a rappelé la ministre Edith Delphine Emmanuel Adouki, insistant sur la nécessité d’une gouvernance universitaire adaptée aux standards internationaux.
Perspectives d’une coopération durable et inclusive
En clôturant la session, le Comité a adopté une série de recommandations, depuis la consolidation des cellules de suivi au sein des ministères clefs jusqu’à la recherche de partenariats additionnels pour les six projets dont la fermeture est prévue entre 2025 et 2027, à l’image de la Corniche de Brazzaville ou du Projet d’appui à la relance du secteur agricole. À travers ce calendrier, l’horizon reste celui d’un développement équilibré, articulé à la stratégie nationale et aux Objectifs de développement durable.
« L’investissement social est par essence structurant et doit être pérenne », a martelé Christian Yoka, saluant l’engagement constant de la France et appelant d’autres bailleurs à se joindre à l’effort. Les participants s’accordent sur un constat : la force du dispositif repose sur la transparence, la redevabilité et la capacité d’adaptation. Autant de gages pour que le C2D, loin d’un simple outil financier, demeure un catalyseur de transformation au service des Congolaises et des Congolais.