L’alliance Congo-PNUD pour une économie d’idées
Des fresques numériques et des kiosques de réalité augmentée ont fleuri autour du palais des Congrès pour célébrer la signature de l’accord « Congo créatif 2030 ». Au-delà du décorum, le geste entérine une coopération stratégique entre Brazzaville et le Programme des Nations unies pour le développement. « Nous ouvrons une nouvelle ère où la force des idées transformera l’économie nationale », a déclaré la représentante résidente Adama-Dian Barry, insistant sur la nécessité de passer du discours à l’action concertée. L’initiative s’inscrit dans la Politique nationale de l’innovation, adoptée en 2022, que le gouvernement considère comme un instrument décisif de diversification face aux cycles volatils des matières premières.
Un engagement onusien à valeur d’accélérateur
Depuis 2019, le PNUD pilote son réseau mondial AccLab, laboratoire d’expérimentation implanté dans 90 pays. Au Congo, les équipes ont déjà cartographié plus de 250 solutions locales, des systèmes d’irrigation low-cost dans les Niari aux applications mobiles de paiement sans contact développées dans les ruelles de Talangaï. Pour Mme Barry, ces démarches illustrent « une créativité qui ne demande qu’un cadre institutionnel pour grandir ». En apportant un appui méthodologique, mais aussi un carnet d’adresses de bailleurs, l’agence onusienne promet de réduire le temps qui sépare un prototype du marché : un enjeu majeur dans un pays où les start-ups se heurtent encore à des cycles de financement hachés et coûteux.
La jeunesse brazzavilloise en première ligne
Le ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique, Rigobert Maboundou, a rappelé devant un parterre d’étudiants de l’université Marien-Ngouabi qu’« un pays majoritairement jeune ne peut ignorer son capital créatif ». Dans la capitale, près de sept habitants sur dix ont moins de trente-cinq ans, et le chômage urbain demeure l’un des premiers défis sociaux. Le dispositif Congo créatif 2030 prévoit des bourses de pré-accélération, des mentors issus de la diaspora et un guichet unique pour la protection intellectuelle, autant de briques jugées indispensables par les incubateurs locaux afin d’éviter la fuite des cerveaux vers Johannesburg ou Paris.
UniPod : futur épicentre technologique national
Au cœur du programme figure l’implantation d’un Centre national de l’innovation baptisé UniPod. Installé sur l’ancien site logistique de la SCTP, cet espace modulable de 7 000 m² abritera fab-labs, studios de création numérique et bureaux partagés. Les architectes congolais, en collaboration avec l’école polytechnique de Lausanne, misent sur la ventilation naturelle et des panneaux photovoltaïques pour limiter la facture énergétique, un enjeu crucial dans un contexte de transition écologique. À terme, UniPod ambitionne d’accueillir 120 projets chaque année et de générer, selon les projections du ministère, plus de 1 500 emplois directs et indirects.
Vers une économie résiliente et diversifiée
Dans un rapport conjoint publié en mai, la Banque africaine de développement souligne que l’innovation ajoute jusqu’à 1,5 point de croissance annuelle aux pays qui structurent leurs écosystèmes créatifs de manière cohérente. Pour Brazzaville, traditionnellement dépendante des hydrocarbures, la promesse est double : consolider la résilience macro-économique et positionner la ville comme hub numérique régional. Le directeur de l’Agence de promotion des investissements, Jean-Charles Ibovi, estime que « chaque franc CFA investi dans la recherche appliquée peut générer jusqu’à trois francs de valeur ajoutée dans l’économie réelle », citant l’exemple des solutions d’agro-technologie déjà exportées vers le Cameroun.
Un appel à la mobilisation collective
La réussite de Congo créatif 2030 repose enfin sur l’adhésion des établissements bancaires, des collectivités locales et des organisations de la société civile. M. Maboundou a exhorté les partenaires à « faire converger les expertises pour transformer nos pilotes en industries pérennes ». Derrière les chiffres et les slogans, c’est toute la dynamique urbaine de Brazzaville qui est convoquée : la faculté à fédérer ses talents, à adapter ses formations et à attirer des capitaux dans un environnement de confiance. Les dix prochaines années diront si l’audace créative invoquée ce 15 juillet deviendra le moteur tangible d’une croissance inclusive, ou si elle restera une belle promesse gravée dans les communiqués. Pour l’heure, l’élan paraît réel, et le partenariat avec le PNUD offre un cadre reconnu, susceptible de rassurer investisseurs et jeunes porteurs de projets.