Le choix de Brazzaville couronné à Abidjan
À la faveur d’une délibération tenue dans les salons feutrés du Novotel Plateau d’Abidjan, les participants du Forum international des entreprises francophones ont accordé leur confiance à la capitale congolaise pour abriter la prochaine édition. L’annonce, sobre mais lourde de symboles, a été accueillie avec une salve d’applaudissements. Le Groupement du patronat francophone souhaitait inscrire le rendez-vous 2026 dans une ville capable d’incarner le dynamisme d’une Afrique centrale en transition ; Brazzaville a su convaincre grâce à la combinaison de son positionnement géographique, de ses infrastructures en pleine modernisation et d’une diplomatie économique jugée « réceptive et proactive ».
Un commissaire général au profil pluriel
Pour piloter cette édition, le choix s’est porté sur le Dr Jean-Daniel Ovaga, figure bien connue des milieux d’affaires congolais. Médecin-entrepreneur, à la tête de la clinique Securex et président du Conseil d’administration de l’Union nationale des opérateurs économiques du Congo, il incarne la convergence entre expertise technique, sens de la gestion et réseau international. « Notre ambition est d’offrir un forum de haut niveau qui fera résonner la voix de la francophonie entrepreneuriale et mettra en avant le savoir-faire congolais » confiait-il, le regard déjà tourné vers 2026.
Sa nomination, actée à Abidjan puis entérinée au retour par les autorités nationales, atteste de la volonté du gouvernement de s’appuyer sur des leaders du secteur privé pour faire rayonner l’économie nationale. Le Dr Ovaga, rompu aux échanges multilatéraux, entend capitaliser sur sa double légitimité médicale et patronale pour attirer investisseurs, innovateurs et décideurs publics.
Objectifs stratégiques pour l’économie congolaise
Au-delà de l’étiquette prestigieuse, le FIEF représente un levier de diversification économique. Le Congo, engagé dans la consolidation de ses secteurs hors-hydrocarbures, y voit l’opportunité de présenter des projets structurants dans l’agro-industrie, le numérique ou encore la santé. Le ministre de l’Économie Ludovic Ngatsé souligne que « la visibilité offerte par un tel forum renforce notre présence dans les flux d’investissements régionaux tout en consolidant la place de Brazzaville comme carrefour d’affaires ».
Une estimation préliminaire du cabinet EkoFinances projette des retombées directes et indirectes pouvant atteindre cinquante milliards de francs CFA, entre dépenses hôtelières, prestations de transport, services de communication et apports en capitaux. Au-delà des chiffres, c’est l’image de la capitale, résolument orientée vers les services, qui se trouve confortée.
Synergies gouvernementales et secteur privé
Le comité préparatoire, installé dès ce semestre, réunit les ministères en charge des PME, du Développement industriel, ainsi que celui de la Coopération internationale. Cette approche transversale illustre l’engagement de l’État à faciliter les procédures administratives, sécuriser le cadre juridique et mettre à disposition des zones d’exposition modernes. « Nous voulons démontrer qu’une collaboration étroite entre institutions publiques et monde entrepreneurial est possible et productive », insiste un conseiller technique du ministère du Plan.
Derrière les réunions officielles, un travail de terrain s’organise. Des acteurs de l’hôtellerie, du transport aérien et des télécommunications ont commencé à calibrer leurs offres. La récente extension de l’aéroport Maya-Maya et la modernisation de la fibre optique urbaine constituent des atouts majeurs pour absorber l’afflux de délégations étrangères.
La francophonie économique en mutation
Depuis la tenue à Paris de la première Rencontre des entrepreneurs francophones en 2021, le paysage d’affaires francophone s’est profondément redessiné. Les États du Sud revendiquent une place centrale, faisant valoir leur démographie croissante et leur appétit pour l’innovation. En choisissant Brazzaville, le Groupement du patronat francophone entérine une tendance à la décentralisation des grands événements vers des capitales africaines en plein essor.
Le Congo, membre actif de l’Organisation internationale de la Francophonie, dispose d’accords bilatéraux avec une trentaine de pays membres. Ces accords couvrent la facilitation des visas, la protection réciproque des investissements et la reconnaissance mutuelle des normes. Le FIEF 2026 servira de vitrine pour ces instruments juridiques, encourageant la signature de nouveaux partenariats dans des filières jugées prioritaires.
Cap sur 2026 : enjeux logistiques et diplomatiques
La réussite du forum repose aussi sur une mise en scène maîtrisée. Sécurité renforcée, fluidité des transports urbains, capacité d’hébergement et qualité des services de traduction simultanée sont au cœur d’un cahier des charges que le commissaire général souhaite « à la hauteur des attentes internationales ». Une mission conjointe du patronat francophone et des autorités congolaises est annoncée pour le premier trimestre 2026 afin de valider les sites retenus.
Sur le plan diplomatique, Brazzaville entend profiter de l’événement pour consolider sa stature de médiateur régional. La présence annoncée de plusieurs chefs d’État et de dirigeants d’organisations multilatérales devrait offrir une tribune pour plaider la cause de la transition écologique et de l’intégration sous-régionale, deux priorités affichées par la diplomatie congolaise.
Perspectives pour la jeunesse entrepreneuriale
Les incubateurs de Talangaï à Bacongo anticipent déjà un calendrier de hackathons et de concours d’idées adossés au FIEF. L’objectif est de permettre aux start-up créées par les jeunes urbains de présenter leurs solutions devant un panel d’investisseurs francophones. « C’est une occasion unique d’accéder à des mentors et à du capital-semence sans partir à l’étranger » souligne Grâce Moukoko, fondatrice d’une application de mobilité douce.
En associant la jeunesse et les femmes entrepreneures, les organisateurs veulent inscrire le forum dans une démarche inclusive. Les débats prévus sur l’économie créative et le numérique devraient offrir aux nouveaux acteurs un espace d’expression propice à l’émergence d’idées originales, contribuant ainsi à la vitalité économique et sociale de Brazzaville.