Un pacte pour l’avenir commun
Au crépuscule d’un après-midi tropical, le 15 juillet, la salle des conférences du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique résonnait d’un enthousiasme feutré. D’une poignée de main solennelle, le ministre Rigobert Maboundou et la représentante résidente du Programme des Nations unies pour le développement, Adama Dian-Barry, ont fait passer l’initiative « Congo créatif 2030 » du tiroir à projets à la réalité contractuelle. Derrière ce geste cérémoniel se dessine une philosophie partagée : placer la créativité congolaise au cœur d’un nouveau contrat social et économique, capable d’ouvrir des horizons jusque-là insoupçonnés.
La créativité, vecteur de souveraineté économique
Le texte signé affirme que l’innovation, loin d’être un simple ornement technophile, devient le ressort stratégique de la transformation structurelle. Il s’agit d’ancrer la souveraineté dans la maîtrise du savoir et de la technologie plutôt que dans la seule rente des matières premières. « C’est une réponse à l’impératif de modernisation du pays, un choix délibéré de bâtir l’économie congolaise sur le savoir, la technologie et la création », a souligné Rigobert Maboundou dans un plaidoyer limpide. Par son amplitude, le programme épouse la feuille de route gouvernementale de diversification, confirmant la volonté de Brazzaville de conjuguer stabilité macro-économique et audace entrepreneuriale.
Jeunesse congolaise, épicentre du changement
Les chiffres parlent : plus de 60 % de la population congolaise est âgée de moins de 30 ans. Ce capital démographique impose une responsabilité collective : offrir aux jeunes des opportunités à la mesure de leur ingéniosité. « Le programme misera sur les talents, structurera l’écosystème et territorialisera les pôles d’excellence », a rappelé Adama Dian-Barry, insistant sur la nécessité de transformer les idées en prototypes, puis en entreprises. Dans les quartiers de Bacongo comme à Talangaï, les start-up naissantes dans l’agritech, la fintech ou l’économie circulaire trouvent déjà un écho inattendu, preuve que l’effervescence locale n’attendait qu’un cadre pour se déployer.
Un écosystème d’innovation en gestation
La coopération scellée ouvre la voie à la création de laboratoires d’expérimentation, de fab labs universitaires et d’incubateurs sectoriels. Des bourses d’excellence sont également annoncées pour accompagner les chercheurs vers la phase de valorisation technologique. Dans la logique onusienne de développement humain, le PNUD apportera expertises et mécanismes de financement ciblés, tandis que le gouvernement facilitera l’accès aux données publiques et la mise à disposition d’espaces physiques. L’objectif immédiat réside dans la consolidation d’un écosystème où universités, entreprises, collectivités locales et partenaires internationaux dialoguent sans friction, afin de réduire la fracture entre la recherche fondamentale et le marché.
Cap sur 2030, horizon d’une économie de la connaissance
Pour Brazzaville, l’année 2030 n’est pas qu’une date symbolique alignée sur l’Agenda 2030 des Nations unies ; elle constitue un repère méthodologique. Des indicateurs précis – nombre de brevets déposés, taux de survie des jeunes entreprises innovantes, part de la recherche privée dans le PIB – devront attester de la progression. « La transformation ne se décrète pas, elle se mesure », martèle un haut cadre de l’Agence congolaise de l’innovation, convaincu que la crédibilité du programme reposera sur des évaluations régulières et transparentes.
À terme, le gouvernement espère qu’une économie de la connaissance, articulée autour de clusters régionaux, puisse absorber une part significative de la demande d’emplois, renforcer la compétitivité extérieure et irriguer les autres secteurs stratégiques tels que l’agriculture durable, la santé numérique ou les industries culturelles. La dynamique est lancée ; il reste à convertir l’élan politique et l’accompagnement international en résultats tangibles pour les citoyens. À l’heure où l’Afrique centrale s’interroge sur les moteurs de son futur, le Congo fait le choix assumé d’un pari sur l’esprit d’invention de sa jeunesse.