Lancement officiel sous haute vigilance
Mardi 15 juillet, à sept heures précises, la cour pavée du Lycée Chaminade a revêtu son habit solennel. Sous un ciel déjà lumineux, Jean-Luc Mouthou, ministre de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’Alphabétisation, a donné le coup d’envoi des épreuves écrites du Brevet d’études du premier cycle. Dans son allocution, le membre du gouvernement a rappelé que « la crédibilité d’un examen national repose d’abord sur la confiance que lui accorde la société tout entière ». À l’en croire, cette session 2025 devait être exemplaire tant sur le plan académique que sur le plan éthique.
Le cérémonial, empreint de sobriété, a été immédiatement suivi d’un contrôle symbolique des salles. Cartables ouverts, téléphones consignés, détecteurs de métaux en action : la scène illustrait la priorité donnée à l’intégrité du processus. Le ministre n’a pas manqué de saluer l’engagement des forces de l’ordre, de la direction générale des examens et concours, ainsi que celui des équipes pédagogiques mobilisées depuis des semaines pour peaufiner les dernières consignes.
Une logistique nationale à l’épreuve des chiffres
Avec 125 265 candidats répartis dans l’ensemble du territoire, la session 2025 du BEPC se classe parmi les plus importantes jamais organisées. Rien qu’à Brazzaville, 51 766 élèves, issus de tous les arrondissements, ont convergé vers 137 centres d’examen. Au-delà de ces données, la réussite opérationnelle de l’événement s’est jouée sur une minutieuse répartition des sujets, assurée la veille par des convois sécurisés, et sur la disponibilité de salles suffisamment ventilées pour affronter la saison sèche, parfois capricieuse.
Les superviseurs, appuyés par l’inspection générale, disposaient d’une application interne permettant de signaler en temps réel tout incident logistique. Cette innovation, encore embryonnaire, constitue un premier jalon vers une dématérialisation plus poussée des procédures, sans toutefois s’affranchir du volet humain, indispensable pour rassurer parents et apprenants.
Contrôle renforcé et sensibilisation citoyenne
Si la fraude a souvent entaché les sessions passées, les autorités affirment cette année constater « une nette inflexion » du phénomène. « Nous observons une diminution significative des interpellations liées à l’usage des téléphones ou aux échanges de brouillons », a confié le ministre Mouthou à la presse, évoquant le concours actif de la Haute Autorité de lutte contre la corruption et de plusieurs organisations de la société civile.
En amont, des campagnes de sensibilisation diffusées dans les radios communautaires et sur les réseaux sociaux ont martelé le message d’une réussite bâtie sur l’effort personnel. Des brigades mixtes, composées d’enseignants expérimentés et d’agents de sécurité, ont patrouillé les abords des centres pour décourager les démarcheurs d’annales frauduleuses. Un coordinateur pédagogique du Complexe scolaire Père François-Libermann estime que « les élèves eux-mêmes finissent par comprendre que la revanche du mérite est toujours au rendez-vous ».
Bien-être des apprenants, un enjeu pédagogique
Dans un contexte où stress et troubles anxieux gagnent du terrain chez les adolescents, le ministère a veillé à la mise en place de cellules d’écoute animées par des psychologues scolaires. Ces points de consultation, installés à l’entrée des centres, ont enregistré un taux de fréquentation jugé « encourageant ». « Nos équipes ont pu intervenir auprès d’élèves souffrant de crises de panique, mais aussi d’affections bénignes nécessitant un suivi médical rapide », détaille un infirmier détaché par la sécurité civile.
Le dispositif a été complété par des salles de repos climatisées et par la distribution d’eau potable dans des bouteilles scellées, afin de prévenir déshydratation et malaises vagaux. L’effort consenti renforce la promesse d’un examen qui n’évalue pas seulement les connaissances, mais prend également soin des conditions physiques et mentales des candidats.
Vers une culture d’intégrité durable
Au terme des quatre journées d’épreuves, les premiers retours d’expérience font état d’une organisation fluidifiée et d’un climat plus serein. Les correcteurs, rassemblés à l’Université Marien-Ngouabi pour la phase de délibération, saluent déjà la lisibilité des copies et la ponctualité des candidats. Si tout résultat chiffré reste, à cette heure, confidentiel, le ministère veut croire qu’une étape supplémentaire vient d’être franchie vers la construction d’une école résolument tournée vers l’excellence.
Inscrite dans la continuité des grandes réformes éducatives impulsées depuis plusieurs années, la session 2025 du BEPC laisse entrevoir la possibilité d’un cercle vertueux : celui d’un système où la transparence consolide la confiance, et où la confiance attise à son tour l’aspiration des jeunes à se dépasser. « Nous nous sommes fixé un cap, celui d’un enseignement où la valeur travail triomphe de toute tentation de contournement », martèle Jean-Luc Mouthou. À en juger par la motivation affichée, la jeunesse congolaise semble prête à emprunter ce chemin.