La société civile brazzavilloise, entre vigilance et patriotisme
Réunis dans l’enceinte feutrée de la Maison de la société civile, les responsables de six organisations membres de la Coordination nationale des réseaux et associations sur la gouvernance électorale et démocratique ont, deux jours durant, confronté leurs analyses et harmonisé leurs positions. Sous la houlette de Céphas Germain Ewangui, secrétaire permanent du Conseil consultatif de la société civile, les délégués ont insisté sur la nécessité d’une concertation nationale préalable à l’élection présidentielle de mars 2026. Selon eux, aucun véritable saut qualitatif ne saurait être accompli sans espacer le calendrier électoral d’un espace de dialogue, fût-il bref, permettant aux forces vives de réaffirmer leur attachement aux principes républicains.
2026 à l’horizon : l’enjeu d’une halte concertée
Dans la déclaration finale, la Coraged rappelle que le chef de l’État a, de manière constante depuis 2002, convoqué de larges consultations avant chaque rendez-vous électoral majeur. Ce précédent alimente aujourd’hui la confiance des ONG. « Lentement et sûrement, notre pays, engagé depuis 1992 sur le chemin démocratique, franchit désormais l’étape de la consolidation », a souligné Céphas Germain Ewangui lors de la clôture des travaux. Les participants estiment qu’une nouvelle halte citoyenne consoliderait cette trajectoire et atténuerait toute crispation évitable.
Le rôle charnière de la Coraged dans la pédagogie électorale
Créée pour promouvoir la transparence et la participation, la Coraged s’est imposée comme un interlocuteur technique, capable d’agréger expertises juridiques et observation de terrain. Ses sessions internes de juillet 2025 ont permis d’actualiser ses statuts, de renouveler ses organes dirigeants et d’esquisser une feuille de route articulée autour de la sensibilisation des électeurs, de la formation des observateurs nationaux et du suivi des réformes juridiques en cours. En mettant l’accent sur la pédagogie électorale, l’organisation entend contribuer à la réduction des rumeurs et à la diffusion d’une information fiable dans les quartiers populaires de Brazzaville aussi bien qu’à l’intérieur du pays.
Sécurité, médias et libertés : les garanties attendues
Au cœur des recommandations formulées figure la question de la sécurité des personnes et des biens. Les ONG rappellent que la protection des libertés publiques, notamment la liberté de la presse, constitue « la pierre angulaire de la construction d’un Congo réellement démocratique ». Elles saluent néanmoins les efforts budgétaires consentis ces dernières années pour organiser les scrutins dans les délais constitutionnels, malgré un contexte financier international incertain. D’après les experts présents, la multiplication des ateliers sur le traitement professionnel de l’information et la mise à niveau technique des forces de sécurité ont déjà permis d’éviter les tensions observées dans d’autres contextes africains.
Un climat politique propice à la cohésion nationale
Les signataires de la déclaration estiment que l’amplitude des réformes depuis la Conférence nationale souveraine jusqu’aux cycles électoraux récents offre un socle robuste de stabilité. Ils notent qu’aucune élection n’a été reportée depuis plus de deux décennies, un indicateur rare sur le continent. Les appels réitérés du président de la République à la cohésion nationale et à la paix civile trouvent écho dans la rue brazzavilloise, où les jeunes citadins expriment désormais leurs opinions essentiellement par les urnes et les réseaux sociaux, plutôt que par la confrontation physique. « Nous voulons que l’élection cesse d’être une saison d’inquiétude pour devenir un moment de civisme partagé », confie un coordinateur de quartier, rencontré à Ouenzé.
Vers un scrutin apaisé, catalyseur de développement
À l’issue des assises, la Coraged conclut qu’une concertation, même brève, permettrait de mettre à jour les listes électorales, de finaliser le dispositif de vote des personnes en situation de handicap et d’harmoniser les messages de sensibilisation. Le gouvernement, déjà engagé dans la modernisation du fichier biométrique, devrait trouver dans cette démarche un partenaire crédible pour affiner les derniers réglages. L’objectif partagé est clair : une présidentielle exemplaire, capable de renforcer la trajectoire de croissance et d’attirer les capitaux dont le pays a besoin. En filigrane, les ONG rappellent que la stabilité politique demeure la première condition de tout essor socio-économique durable. Ainsi se dessine, pour 2026, l’ambition d’un scrutin non seulement pacifié mais porteur d’un nouvel élan pour la République du Congo.