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    Home»Politique»Deux Congo pour un fleuve : le paradoxe colonial
    Politique

    Deux Congo pour un fleuve : le paradoxe colonial

    BrazzavilloisPar Brazzavillois20 juillet 2025Aucun commentaire4 Mins de Lecture
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    Aux sources d’un malentendu nominal

    Le simple énoncé « les deux Congo » suffit à intriguer quiconque observe la carte d’Afrique centrale. Brazzaville et Kinshasa, capitales les plus rapprochées au monde, ne sont séparées que par la largeur majestueuse du fleuve Congo. Pourtant, chacune dirige un État souverain qui revendique le même hydronyme millénaire. « Nous devons au XIXᵉ siècle européen cette gémellité toponymique », rappelle le professeur d’histoire coloniale Auguste Mouyabi, soulignant que la Conférence de Berlin de 1884-1885 entérina un partage du bassin fluvial entre puissances rivales. La France obtint la rive droite, la Belgique s’arrogea la rive gauche ; de cette fracture diplomatique sont nés, à terme, la République du Congo et la République démocratique du Congo.

    Deux administrations, deux héritages politiques

    L’empreinte des métropoles fut diamétralement opposée. Au nord, le « Congo français », intégré à l’Afrique-Équatoriale française, fut administré depuis Brazzaville, capitale fédérale où se mêlaient ambitions missionnaires, projets ferroviaires et embryon de vie parlementaire. Au sud, le « Congo belge » naquit comme propriété personnelle du roi Léopold II, triste laboratoire d’une exploitation industrielle sans précédent. Ce n’est qu’en 1908 que Bruxelles transforma ce domaine privé en colonie d’État, rebaptisée « Congo belge ». L’historien belgo-congolais Cédric Tshibanda résume ainsi l’écart d’expérience : « Les Congolais du nord connurent une administration classique, ceux du sud une économie de comptoirs où le caoutchouc dictait la loi. » Ces divergences ont laissé des traces tangibles : structures administratives, langues véhiculaires, rapports à l’autorité et même rythmes d’urbanisation diffèrent encore aujourd’hui.

    Les indépendances de 1960, un départ synchrone

    L’année 1960 fit brièvement converger les trajectoires : le 15 août, le Congo-Brazzaville proclama son indépendance ; le 30 juin, le Congo-Kinshasa fit de même. Chacun adopta d’abord la même appellation – « République du Congo » –, semant la confusion dans les chancelleries. Pour conjurer l’homonymie, Léopoldville devient en 1964 « République démocratique du Congo », puis Kinshasa en 1966. De son côté, Brazzaville conserva la dénomination originelle, souvent flanquée du nom de la capitale pour lever l’ambiguïté. Denis Sassou Nguesso, alors jeune officier, décrivit plus tard cette période comme « un moment d’ébullition continentale où l’urgence était de se nommer avant d’apprendre à se gouverner ».

    Kinshasa et Brazzaville, si proches, si différentes

    À vol d’oiseau, les deux capitales ne sont distantes que de quelques kilomètres, mais leurs dynamiques urbaines contrastent. Kinshasa, mégapole de plus de 17 millions d’habitants, s’étend de façon tentaculaire, tandis que Brazzaville, plus contenue, cultive une réputation de quiétude relative. Économiquement, la République du Congo bénéficie d’une manne pétrolière qui gonfle son PIB par habitant, quand la RDC, riche d’un sous-sol aux minerais stratégiques, reste entravée par l’étendue de son territoire et par des violences récurrentes dans l’Est. « Le fleuve agit comme un miroir : il reflète des ambitions communes mais aussi des vulnérabilités distinctes », observe Marie-Noëlle Ngakosso, urbaniste brazzavilloise.

    Dynamiques actuelles et coopérations pragmatiques

    Malgré les soubresauts qu’a connus la région, les deux États multiplient aujourd’hui les initiatives binationales. Les traversées fluviales ont été modernisées, favorisant un commerce transfrontalier évalué à plus de 180 millions de dollars par an selon la CEEAC. En 2019, un accord énergétique a permis à la société congolaise Eni de conduire un projet de raccordement gazier bénéfique des deux côtés du fleuve. Sur le plan diplomatique, Brazzaville joue volontiers la carte de la médiation, offrant sa neutralité pour accueillir des pourparlers visant à apaiser les tensions dans l’Est de la RDC. « Nos deux pays n’ont pas le luxe de l’indifférence », confiait récemment le ministre congolais des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso. « Le destin du fleuve nous oblige à la solidarité pragmatique. »

    Vers une cohabitation apaisée sur la scène internationale

    À l’heure où l’intégration continentale s’accélère, la dualité congolaise n’apparaît plus comme une anomalie mais comme une chance de coopération renforcée. La Zone de libre-échange continentale africaine, entrée en phase opérationnelle, offre un cadre inédit à la complémentarité entre Brazzaville et Kinshasa : l’une peut se positionner comme hub logistique pétrolier et fluvial, l’autre comme géant minier et marché démographique. Des projets de pont route-rail, plusieurs fois différés, reviennent sur la table, portés par la Banque africaine de développement. « Les fils de la colonisation peuvent devenir des passerelles », estime l’économiste camerounais Léonard Mbassi. En filigrane, demeure la conviction que l’histoire, aussi fragmentée soit-elle, n’entrave pas l’avenir ; elle en dessine simplement les contours exigeants.

    Le paradoxe des deux Congo, loin de se résumer à une curiosité cartographique, rappelle la profondeur des empreintes coloniales et la résilience des peuples riverains. Sur les berges du fleuve, le sillage des pirogues rejoint celui des péniches modernes, symbole d’une coexistence désormais tournée vers une prospérité partagée.

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