Une alliance inédite au cœur de l’espace francophone
Signée à Dakar mais résonnant jusqu’aux rives du fleuve Congo, la convention par laquelle l’Association Galien Africa et le Réseau des Médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement unissent leurs forces marque une inflexion stratégique dans la gouvernance sanitaire du continent. Longtemps cantonnée à des opérations ponctuelles, la collaboration entre chercheurs, journalistes et autorités publiques se dote désormais d’un cadre formel, d’une durée initiale de deux ans renouvelables. Derrière le sceau protocolaire, il s’agit de consacrer la communication comme levier cardinal de la santé publique, en phase avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé qui insiste, depuis la crise Ebola, sur l’impératif d’une information précise, accessible et scientifiquement étayée.
Communication sanitaire : un enjeu vital pour le continent
Dans un environnement où la rumeur circule à la vitesse de la 4G, les signataires entendent opposer la rigueur factuelle à l’infodémie. « La communication n’est pas un simple relais d’information, elle constitue le socle même de l’efficacité des politiques publiques », souligne M. Bamba Youssouf, président du Remapsen. La nouvelle plateforme promet de mutualiser expertises et réseaux pour amplifier la portée des campagnes de vaccination, des alertes environnementales ou des programmes de prévention des maladies non transmissibles. L’enjeu est d’autant plus crucial que les jeunes urbains, connectés mais souvent exposés à des sources fragmentaires, réclament des contenus fiables pour orienter leurs choix de santé.
Formation et recherche : les piliers de l’accord
Au-delà de la diffusion d’informations, l’accord prévoit la mise en place de modules de formation continue destinés aux journalistes spécialisés, afin de consolider leur maîtrise des données épidémiologiques et des nouvelles méthodologies d’enquête. Les universités partenaires seront mises à contribution pour nourrir des programmes de recherche appliquée sur l’impact des médias dans la modification des comportements sanitaires. Ce volet académique, salué par plusieurs écoles de journalisme de la sous-région, doit permettre à terme de constituer une base de données panafricaine sur les bonnes pratiques, facilitant la réplication des initiatives réussies de Brazzaville à Kigali.
Le Prix Galien Afrique comme caisse de résonance
Point d’orgue du calendrier commun, l’édition 2025 du Prix Galien Afrique, programmée du 28 au 31 octobre à Dakar, servira de vitrine aux innovations biomédicales et environnementales issues des laboratoires africains. « Nous voulons faire du Prix Galien Afrique une vitrine de l’ingéniosité scientifique du continent », renchérit la professeure Awa Marie Coll Seck, présidente de Galien Africa. Dans cette perspective, le Remapsen prendra en charge la couverture médiatique intégrale de l’événement, depuis les conférences d’annonce jusqu’aux colloques en ligne postérieurs, assurant une capillarité de l’information du Sénégal jusqu’aux quartiers périphériques de Brazzaville où les jeunes entrepreneurs de la health-tech puisent souvent leur inspiration.
Vers une coopération durable et inclusive
La cérémonie de signature, rehaussée par la présence de représentants des ministères sénégalais de la Santé et de l’Environnement, a surtout été l’occasion de rappeler que la lutte pour la santé publique se gagne rarement en solitaire. Les partenaires internationaux, de plus en plus attentifs aux modèles collaboratifs locaux, voient dans cette convention un laboratoire de diplomatie sanitaire Sud-Sud. En adoptant un tempo de travail de vingt-quatre mois, reconductible, les parties se laissent le temps de mesurer l’efficacité des actions engagées et d’en affiner la portée.
Pour de nombreux observateurs basés à Brazzaville, cette démarche s’inscrit dans une dynamique plus large de professionnalisation du secteur médiatique congolais, encouragée par les autorités qui font de la sensibilisation citoyenne un axe majeur de leur stratégie sanitaire. Dans la capitale congolaise, où l’on teste actuellement des campagnes numériques pour la réduction des déchets plastiques, l’exemple sénégalo-panafricain nourrit l’espoir d’une synergie accrue entre journalistes, médecins et écologistes. En définitive, l’accord Galien-Remapsen ne se limite pas à la signature d’un protocole : il propose une architecture de coopération qui, si elle est rigoureusement mise en œuvre, pourrait transformer le récit médiatique africain et, par ricochet, influer positivement sur les indicateurs de santé publique.