L’affiche d’une soirée très attendue
L’annonce a circulé sur les réseaux sociaux brazzavillois comme une traînée d’embruns dès la confirmation officielle : le 26 juillet, la scène de l’Espace Exo-Bus accueillera Chikito Makinu, celui que ses pairs surnomment déjà « Le Prince Golois ». Au cœur d’un calendrier culturel estival particulièrement foisonnant, cette date se détache par la promesse d’un rendez-vous rare, autant pour son caractère fédérateur que pour l’aura singulière de son protagoniste. La direction artistique, confiée à Jésus le Guide suprême 5G+, entend conjuguer rigueur technique et sens de la mise en scène afin d’offrir aux aficionados de rumba une expérience sensorielle à la hauteur des attentes élevées qui précèdent désormais toute prestation du jeune chanteur.
Un héritage golois entre passé et futur
À trente ans à peine, Chikito Makinu revendique une filiation artistique ouverte : celle de Ferré Gola, figure tutélaire dont il réinterprète l’esthétique avec déférence sans jamais se priver d’y adjoindre des résonances plus contemporaines. « Je ne cherche pas à être la copie conforme de mon aîné, confiait-il récemment en marge d’une répétition studio. J’essaie plutôt de porter son legs plus loin, comme on transmet un flambeau appelé à éclairer de nouveaux horizons ». Le propos illustre l’équilibre délicat que la nouvelle génération de « golois » ambitionne de maintenir : préserver la profondeur mélodique et la dimension narrative de la rumba tout en y instillant des arrangements plus urbains, parfois traversés de synthés ou de textures trap. Cette tension féconde, loin de trahir l’esprit originel, semble au contraire élargir la portée de la tradition.
La scène Exo-Bus, nouveau phare culturel
Situé sur les berges du fleuve, l’Espace Exo-Bus s’est imposé au fil des dernières saisons comme une plateforme de choix pour les artistes en quête d’une acoustique exigeante et d’un public diversifié. Le choix de cette infrastructure, dotée d’un dispositif d’éclairage aux normes internationales, n’est pas anodin : il témoigne de la professionnalisation croissante du spectacle vivant local ainsi que de la volonté des organisateurs d’inscrire Brazzaville dans la cartographie régionale des capitales musicales majeures. L’enjeu n’est pas uniquement festif : il s’agit aussi d’un vecteur économique, générateur d’emplois directs — techniciens, régisseurs, prestataires — et d’externalités positives pour l’hôtellerie et la restauration.
Une voix en construction, déjà incontournable
La discographie de Chikito Makinu demeure certes embryonnaire, mais chaque nouveau single déposé sur les plateformes digitales crée un vif engouement, illustrant le potentiel viral dont bénéficie la rumba à l’ère de la consommation musicale fractionnée. Les titres « Élégance Éternelle » ou « Souvenir Liquide » cumulent plusieurs centaines de milliers de streams, attestant d’une audience diasporique qui renforce la résonance locale de son art. Dans la capitale, il n’est pas rare d’entendre sa voix surgir des “mamies-taxis” ou des échoppes de Poto-Poto, preuve que ses mélodies transcendent les clivages sociaux et générationnels. Les producteurs saluent une tessiture souple, capable de glisser de la suavité la plus veloutée vers une expressivité âpre, marqueur stylistique de la goloiserie originelle.
Vers une rumba 2.0 au cœur de la capitale
Au-delà de la prestation scénique, l’événement du 26 juillet s’inscrit dans une réflexion plus large : comment pérenniser un genre patrimonial tout en satisfaisant les goûts changeants d’une jeunesse hyper-connectée ? Les responsables de l’organisation avancent plusieurs pistes : diffusion en direct sur les réseaux sociaux, création d’un dispositif participatif où les spectateurs pourront voter en temps réel pour un medley final, ou encore partenariats avec des startups locales spécialisées dans les NFTs afin de proposer des souvenirs virtuels de la soirée. Autant d’innovations susceptibles de renforcer le rayonnement de la rumba, en confortant son assise locale tout en l’inscrivant dans les circuits numériques globaux. Pour Chikito Makinu, cet aggiornamento relève d’une évidence : « Si la rumba a traversé les époques, c’est parce qu’elle sait épouser son temps. Nous sommes simplement les passeurs du présent ».
Ainsi, le concert promis comme une « célébration de l’héritage golois » s’illustre avant tout par sa capacité à fédérer. Fédérer des générations qui se reconnaissent dans la chaleur d’un rythme transfrontalier. Fédérer un tissu économique en pleine mutation. Et surtout fédérer un imaginaire collectif, où l’élégance d’une guitare sebene continue de raconter la mémoire d’un peuple. Le 26 juillet, c’est donc à une rencontre entre héritage et futur que Brazzaville est conviée, avec Chikito Makinu en maître de cérémonie d’une rumba plus vivante que jamais.