Séminaire de Pékin : un pavillon mondial pour un message local
À quelque huit mille kilomètres des quais de la Sangha, les couloirs feutrés de l’Académie chinoise des sciences accueillent depuis quelques jours un séminaire consacré à l’intelligence technologique et à la coopération Sud-Sud. C’est dans cette enceinte où s’entrelacent conversations diplomatiques et démonstrations d’ingénierie que le conseiller municipal de Brazzaville, Jacorcel Obabaka, a choisi de rappeler une idée simple : la politique, sous ses atours parfois protocolaires, relève d’abord d’un engagement sévère, quasi moral, envers la collectivité. « La politique n’est pas une vitrine mais un devoir », martèle-t-il, coupant court à la tentation d’un militantisme de façade.
Un parcours débuté en 2009 entre terrain et institutions
Membre du Parti congolais du travail depuis près d’une quinzaine d’années, l’élu de l’arrondissement 8 Madibou a été façonné par le contact direct avec des dossiers sobres en glamour mais cruciaux pour le quotidien : voirie, éclairage public, cadastre. Cette proximité, explique-t-il, « oblige l’élu à une pédagogie permanente », loin de la simple mise en scène d’une présence sur les réseaux sociaux. Ses partisans rappellent que, dès son premier mandat, il avait fait de la réfection de la route Moukondo-Mfilou une urgence, convaincu qu’un kilomètre de bitume praticable vaut davantage qu’un millier de formules lyriques.
Le devoir plutôt que la visibilité : un appel à la jeunesse
Loin de se poser en donneur de leçons, Jacorcel Obabaka se place plutôt dans la posture d’un aîné qui alerte une génération hyperconnectée. « J’invite les jeunes à s’engager non par besoin de visibilité mais par devoir », insiste-t-il. Dans une ville où la démographie confère aux moins de trente ans une force électorale déterminante, le message résonne fortement. Plusieurs universitaires de la faculté des sciences politiques de l’Université Marien-Ngouabi notent d’ailleurs que la défiance envers les institutions se nourrit souvent d’une attente déçue ; redonner au militantisme son sens premier serait, selon eux, un antidote à l’abstention.
Cap sur 2026 : soutien réaffirmé à Denis Sassou Nguesso
À l’approche de l’élection présidentielle de mars 2026, l’élu brazzavillois ne cultive pas le suspense. Il affirme sans détour qu’il appuiera la candidature du président Denis Sassou Nguesso, qu’il décrit comme « un homme d’État expérimenté » ayant « maintenu l’unité nationale en préservant la paix dans un environnement régional instable ». Pour lui, les retards palpables dans certains chantiers relèvent moins d’une absence de vision que d’une « problématique d’exécution », un diagnostic partagé par plusieurs économistes congolais qui pointent la nécessité de renforcer la chaîne de maîtrise d’ouvrage publique.
Des infrastructures à la diplomatie économique émergente
Au-delà de la politique politicienne, Jacorcel Obabaka revendique une lecture pragmatique des réalisations récentes. Le redémarrage de la route Pointe-Noire–Brazzaville, l’accélération du projet de Zone économique spéciale de Maloukou ou encore les avancées de la desserte Internet à fibre optique illustrent, selon lui, un cap résolument tourné vers la modernisation. Il y voit les premiers jalons d’une diplomatie économique où le Congo-Brazzaville s’offre comme plate-forme logistique entre Golfe de Guinée et hinterland d’Afrique centrale, un positionnement stratégique que Pékin ou Doha ont déjà identifié.
Services sociaux de base : le test de crédibilité gouvernementale
La santé, l’éducation, l’eau et l’électricité demeurent toutefois le thermomètre du ressenti citoyen. « Nous devons rendre l’action politique plus tangible à l’échelle domestique », concède l’élu, évoquant la réhabilitation en cours de l’hôpital Makélékélé et la politique de classes numériques pilotes à Talangaï. Dans ces secteurs, l’exécution, souvent freinée par la chaîne de paiement ou la disponibilité des matériaux, demeure le principal écueil. Plusieurs observateurs notent que l’augmentation du budget alloué aux dépenses sociales, passé de 37 % à 42 % entre 2021 et 2023, reste tributaire de la capacité de suivi des administrations techniques.
Renforcer les collectivités : une passerelle vers la confiance
Jacorcel Obabaka défend la thèse d’une décentralisation plus assertive. Il cite en exemple la ville de Kintélé, dont les régies autonomes d’assainissement ont permis une amélioration sensible de la collecte des déchets. Selon lui, « responsabiliser les collectivités, c’est rapprocher la décision du besoin ». Des chercheurs de la Commission économique pour l’Afrique centrale soulignent, à leur tour, que la confiance institutionnelle augmente de manière corrélée à la marge de manœuvre budgétaire laissée aux entités locales, pourvu que les mécanismes de reddition de comptes soient clairement établis.
Perspectives 2026 : entre continuité et exigence de résultats
Soutien affiché au chef de l’État ne signifie pas blanc-seing illimité, prévient l’élu. Il évoque la nécessité d’un pacte d’efficacité qui lierait l’administration, le secteur privé et la société civile autour d’objectifs vérifiables. Le Congo, rappelle-t-il, dispose d’atouts miniers et forestiers que peu d’États peuvent revendiquer, mais la valeur finale se crée dans les usines et les centres de recherche, pas dans les statistiques d’exportation brute. À l’aube du scrutin, la balle est donc double : offrir la stabilité politique indispensable au climat d’affaires tout en accélérant la cadence de projets perceptibles. « La jeunesse n’attend pas des slogans », conclut-il, « elle attend des résultats mesurables, ici et maintenant ».