Une réélection qui confirme un leadership consensuel
Dans la salle des conférences internationales du Palais des congrès de Brazzaville, les applaudissements ont résonné longuement après l’annonce des résultats. À l’issue d’une assemblée générale placée sous le sceau de la cohésion, les Anciens Enfants de Troupe du Congo ont accordé un nouveau mandat de trois ans à Rémy Ayayos Ikounga. La procédure, menée dans une transparence saluée par le comité de contrôle et d’évaluation, s’est achevée sans contestation, signe d’une confiance demeurée intacte malgré les multiples défis auxquels l’association est confrontée.
Entre devoir de mémoire et impératif de modernisation
La réélection d’Ikounga n’est pas seulement le résultat d’une habile gestion associative. Elle reflète, selon plusieurs observateurs, la volonté des AET de préserver la mémoire de l’École militaire préparatoire général Leclerc tout en l’inscrivant dans les dynamiques contemporaines de la République. « Nous portons un héritage que nous devons rendre vivant », résume le président, évoquant la discipline, l’abnégation et le sens de la cité inculqués par l’EMPGL depuis 1946. Les membres de l’association rappellent que la pérennisation de ces valeurs répond aujourd’hui à une exigence sociale : contribuer à la consolidation de la paix et de la cohésion nationale.
Cap sur les 80 ans de l’EMPGL : célébrer, transmettre, fédérer
Au cœur de la nouvelle feuille de route figure la commémoration prochaine du 80ᵉ anniversaire de l’EMPGL. Prévue pour 2026, la célébration se veut inclusive : cérémonies militaires, colloques universitaires, expositions itinérantes et actions citoyennes sont déjà esquissés. « Il ne s’agit pas d’une simple rétrospective, mais d’un pont entre les générations », précise Ikounga, qui entend mobiliser la jeunesse brazzavilloise autour d’ateliers de mentorat et de conférences pédagogiques. Cette approche intergénérationnelle bénéficie du soutien de l’État-major, convaincu que la mémoire partagée demeure un socle de résilience collective.
Rayonnement panafricain : la FAET comme levier d’influence
La création récente de la Fédération des anciens enfants de troupe d’Afrique confère une dimension continentale à l’action des AET du Congo. Élu à la présidence tournante de cette structure, Rémy Ayayos Ikounga plaide pour un réseau d’échanges de bonnes pratiques en matière de solidarité, de formation et d’entrepreneuriat. Déjà, des passerelles se tissent avec les sections du Cameroun, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, dans le but de mutualiser les compétences et de faire émerger des projets régionaux. Cette diplomatie associative, que certains analystes qualifient de « soft power mémoriel », s’inscrit dans la tradition congolaise de coopération africaine nourrie par un idéal de fraternité.
Gouvernance interne : transparence et rigueur financière
Avant même la proclamation des résultats, le rapport moral et financier 2022-2025 a été soumis au vote de l’assemblée. Les comptes, équilibrés et certifiés, traduisent l’effort de traçabilité entrepris sous le précédent mandat. Le trésorier général Arthur Ndey Moizibi, visiblement satisfait de la confiance renouvelée, promet de maintenir une gestion prudente des ressources. Les contributions volontaires, associées à des partenariats institutionnels, ont permis de financer les bourses d’études pour les orphelins d’anciens militaires, un programme salué par le ministère en charge des anciens combattants.
Défis : solidarité, insertion et responsabilité citoyenne
Si le bilan demeure honorable, l’association n’ignore pas les urgences sociales qui secouent la jeunesse congolaise. Chômage, accès à la formation et vulnérabilité des familles de soldats disparus figurent au rang des préoccupations prioritaires. « Notre légitimité se jauge à notre capacité d’action concrète », souligne Serge Eugène Ghoma Boubanga, secrétaire général adjoint. L’objectif est d’élargir le programme d’insertion professionnelle, déjà expérimenté à Pointe-Noire, en le couplant avec des modules de formation aux métiers du numérique, secteur porteur soutenu par les autorités publiques.
Une dynamique collective au service de la nation
En concluant les travaux, le président Ikounga a rappelé que le prestige d’une institution se mesure moins à la solennité de ses uniformes qu’à l’empreinte laissée dans la cité. S’il s’engage à « conduire le navire à bon port », c’est aussi parce que le navire demeure un bien commun : celui de la mémoire, de l’exigence et de la fraternité. À l’heure où la République du Congo réaffirme sa confiance en ses forces morales, le parcours des Anciens Enfants de Troupe trouve un écho particulier. Il rappelle que l’engagement, lorsqu’il est nourri de rigueur et de solidarité, peut se transformer en moteur d’utilité publique.