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    Home»Culture»Veuvage au Congo : tradition ou dérive ?
    Culture

    Veuvage au Congo : tradition ou dérive ?

    BrazzavilloisPar Brazzavillois26 juillet 2025Aucun commentaire4 Mins de Lecture
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    Entre rites funéraires et droits humains

    Le décès d’un époux, moment de deuil profond, ouvre parfois une parenthèse douloureuse où la veuve devient l’objet de pratiques que l’on hésite encore à nommer. Dans plusieurs quartiers périphériques, dont Madibou, l’« épreuve du feu » que constituent l’expulsion du domicile conjugal, l’obligation de dormir à même le sol ou le rasage public du crâne, persiste comme le prolongement d’un imaginaire social où la femme serait dépositaire du sort de son foyer. Ces rites ont pour ambition déclarée de protéger la communauté des colères de l’au-delà, mais leur exécution, souvent brutale, interroge la concordance entre survivances coutumières et principes contemporains de dignité humaine.

    Le cadre légal : du Code de la famille à la réalité

    Promulgué en 1984 puis révisé en 2016, le Code de la famille congolais affirme sans équivoque que nul ne peut priver une veuve de la résidence ou des biens issus du ménage. La loi offre également un délai de deux années pour la liquidation de la succession et la protection des enfants mineurs. Pourtant, les chiffres communiqués par le ministère de la Promotion de la femme indiquent qu’une plainte sur trois déposée dans les commissariats urbains concerne des litiges successoraux. Ce décalage s’explique autant par la méconnaissance des textes que par la force d’une socialisation où la primauté de la lignée paternelle demeure quasi dogmatique.

    Témoignages d’une résilience silencieuse

    À Madibou, Joséphine, la quarantaine, raconte avoir été sommée de quitter la cour familiale avec ses cinq enfants deux jours après les obsèques. « On m’a dit que j’avais porté malheur à mon mari », confie-t-elle d’une voix presque étouffée. La belle-famille, jointe par une chaîne de télévision privée, nie toute violence mais admet avoir réclamé les clés de la maison pour « éviter la dispersion des biens ». Ce récit, loin d’être isolé, est corroboré par plusieurs ONG locales, parmi lesquelles Femmes Debout, qui suit actuellement 87 veuves déboutées de leurs droits dans les arrondissements sud de Brazzaville. Derrière chaque cas, c’est l’ombre d’une économie informelle des héritages qui se profile, lestée d’enjeux fonciers et identitaires.

    L’État, les ONG et les autorités coutumières : vers une synergie

    Conscient de l’urgence, le gouvernement a lancé en 2022 le Programme d’appui à la sécurisation juridique des veuves, financé en partie par la Banque mondiale. Ce dispositif forme des para-juristes communautaires et encourage les chefs de lignage à signer des chartes locales de bonne conduite. « Notre objectif n’est pas de criminaliser la tradition, mais de l’arrimer au droit positif », résume Paul Okemba, directeur de la législation au ministère de la Justice. Dans certains districts du Pool, l’on assiste déjà à des rituels symboliques où la veuve, au lieu d’être mise à l’écart, reçoit publiquement une bénédiction, signe d’une mutation progressive des mentalités.

    Éducation et changement social : l’ombre et la lumière

    Le poids du regard communautaire reste déterminant. Dans les lycées de Bacongo, des clubs juridiques animés par des étudiants en droit distribuent désormais des livrets simplifiés du Code de la famille. Selon une enquête de l’Université Marien-Ngouabi, 68 % des élèves interrogés disent avoir débattu en classe du statut de la veuve au cours de l’année écoulée, contre 23 % cinq ans plus tôt. Cet éveil académique, conjugué à la pénétration massive des réseaux sociaux, expose les abus, suscite l’indignation, mais peut aussi engendrer des crispations autour de la défense de l’« authenticité africaine ». La dialectique modernité-tradition s’y joue à visage découvert.

    Perspective sociologique : métamorphoser la tradition

    Pour la sociologue Émeraude Diawara, « il serait simpliste d’opposer frontalement droit étatique et coutume ; la ritualité a un pouvoir de cohésion, à condition qu’elle ne s’effectue pas au détriment des plus vulnérables ». Elle plaide pour une ritualisation inclusive, dans laquelle la veuve participe elle-même à la redéfinition des gestes symboliques. Des expériences pilotes à Dolisie et Owando montrent qu’une cérémonie de veuvage peut devenir un acte de solidarité, les proches offrant un capital de départ à la veuve au lieu de la dépouiller. Ainsi, la tradition ne serait plus un fardeau, mais un guichet de protection sociale endogène.

    Vers un veuvage respectueux de la dignité

    L’avenir du veuvage au Congo-Brazzaville se dessine donc à la croisée de la culture, de la justice et du développement. Les textes législatifs constituent une balise essentielle, mais c’est la réappropriation collective des valeurs d’empathie qui achèvera de rendre obsolètes les pratiques avilissantes. Au-delà des projecteurs médiatiques, les jeunes urbains, public majoritaire de cette revue, peuvent être les catalyseurs d’un nouveau contrat social où le respect de la veuve devient un indicateur de modernité. La route reste longue, mais chaque témoignage relayé, chaque affaire arbitrée, chaque chef de clan sensibilisé rapproche la société d’un horizon où le deuil ne sera plus jamais synonyme d’humiliation.

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