Réunion stratégique de haut niveau à Brazzaville
Dans la torpeur feutrée d’un après-midi de juillet, la salle de conférence de la Centrale d’achat des médicaments essentiels et des produits de santé (Cameps) a réuni dix-neuf des vingt administrateurs que compte l’institution. Sous la présidence d’Ange Antoine Abéna, le Conseil d’administration s’est penché sur l’exercice 2024 avec la minutie d’un horloger suisse, auscultant chaque ligne budgétaire et chaque indicateur de performance avant de délivrer son verdict.
« Notre devoir est d’assurer un contrôle sans concession tout en accompagnant l’équipe dirigeante dans sa quête de progrès », a rappelé le président Abéna en préambule, soulignant l’importance d’une gouvernance exigeante pour un établissement clé du système de santé congolais.
Indicateurs financiers en nette consolidation
À l’issue des débats, le rapport du commissariat aux comptes pour l’exercice 2024 a été adopté sans réserve. Les chiffres présentés font état d’une hausse maîtrisée des recettes propres, fruit d’une rationalisation des achats groupés et d’une réduction des coûts logistiques. Selon le directeur financier, l’excédent dégagé permettra de renforcer le fonds de roulement, gage de continuité dans l’approvisionnement en médicaments essentiels.
Le quitus accordé au directoire s’est imposé comme une formalité : les administrateurs ont salué la « gestion saine et rigoureuse » menée au cours des douze derniers mois, soulignant au passage la raréfaction des tensions de trésorerie qui perturbaient autrefois la chaîne d’approvisionnement.
Un manuel de procédures pour ancrer la transparence
Moment fort de la session, la présentation du projet de manuel de procédures administratives, financières et comptables a cristallisé l’attention. Ce document de plus de 120 pages codifie les parcours de validation, détaille les responsabilités de chaque échelon hiérarchique et fixe des plafonds d’engagement afin de prévenir tout dérapage.
Pour Mireille Makosso, experte en audit interne invitée à siéger en qualité d’observatrice, « la formalisation écrite est un préalable indispensable pour passer d’une culture de l’oral à une culture de la preuve ». Adopté à l’unanimité, le manuel entrera en vigueur dès le prochain trimestre et sera adossé à un programme de formation destiné à l’ensemble du personnel.
Chaîne d’approvisionnement et partenariats renforcés
Au-delà des bonnes performances financières, le Conseil d’administration a insisté sur la nécessité de sécuriser durablement la chaîne d’approvisionnement. Dans un contexte international marqué par des ruptures ponctuelles, la Cameps explore de nouvelles synergies, notamment avec des laboratoires régionaux et des partenaires logistiques privés capables de garantir des délais plus courts sur le dernier kilomètre.
Évoquant les pourparlers en cours, le directeur général, Jean-Baptiste Mouanda, précise que « la mise en place de contrats-cadres pluriannuels avec des fournisseurs homologués nous permettra d’anticiper les fluctuations de prix tout en consolidant notre mission de service public ».
Des perspectives au service de la santé publique
Fort de ces acquis, le Conseil d’administration a fixé un cap ambitieux pour 2025 : digitalisation intégrale du suivi des stocks, extension des entrepôts sous température dirigée et renforcement des contrôles qualité in situ. Autant de chantiers qui devraient, selon les projections internes, réduire de 15 % la durée moyenne d’acheminement des médicaments essentiels vers les structures sanitaires périphériques.
Clôturant les travaux, Ange Antoine Abéna a adressé ses « vives félicitations » au directoire, tout en rappelant que « la vigilance demeure la meilleure alliée du succès ». Dans l’immédiat, les administrateurs entendent maintenir un rythme d’évaluation régulier, condition sine qua non pour pérenniser les avancées et continuer de nourrir, à l’échelle nationale, cette dynamique vertueuse saluée par le corps médical et les usagers.