Une dynamique institutionnelle renforcée
Réuni à Brazzaville sous la présidence du ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public, Christian Yoka, le comité exécutif de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives a inauguré sa deuxième session annuelle. L’atmosphère studieuse mais résolument déterminée a confirmé la volonté du gouvernement de consolider les acquis tout en répondant aux standards internationaux. Aux côtés des représentants de l’administration, les majors pétrolières, les compagnies minières et les organisations de la société civile ont pris place, illustrant la nature multipartite du dispositif ITIE.
En ouvrant les travaux, le ministre a rappelé que « la transparence demeure la meilleure alliée de l’attractivité économique », soulignant qu’un climat de confiance est essentiel pour l’investissement étranger direct. Ses propos ont trouvé un écho favorable chez les acteurs privés qui, dans un marché mondial volatil, voient dans la conformité ITIE un gage de sérieux budgétaire et juridique.
Des chantiers méthodologiques ambitieux
La feuille de route adoptée prévoit la finalisation du rapport d’activités 2025 d’ici la fin de l’année en cours. Pour tenir un calendrier aussi resserré, trois pôles de travail – collecte de données, vérification indépendante et synthèse analytique – doivent fonctionner en parallèle. Le secrétariat permanent, conduit par Florent Michel Okoko, mise sur une dématérialisation accrue des échanges d’informations avec les sociétés extractives et les administrations fiscales afin de réduire les retards liés aux procédures papier.
La structuration de commissions permanentes dotées de mandats clairs constitue l’autre pilier de la stratégie. Ces organes thématiques, dédiés notamment aux flux de revenus, aux paiements sociaux et à la gouvernance environnementale, devraient faciliter l’intégration d’indicateurs qualitatifs, répondant ainsi aux nouvelles attentes du secrétariat international de l’ITIE.
Le défi des mesures correctives internationales
Malgré les avancées notables, le dossier congolais n’a pas encore obtenu la validation finale de l’ITIE mondiale. Les mesures correctives identifiées lors de la précédente évaluation concernent principalement la traçabilité des paiements, la publication proactive des contrats et l’accessibilité des données aux communautés locales. « Nous devons montrer des progrès tangibles sur chacun de ces volets », a rappelé Florent Michel Okoko, conscient que la crédibilité de l’ensemble du processus repose sur leur mise en œuvre effective.
Les experts internationaux sollicités estiment toutefois que le Congo dispose d’une marge de manœuvre d’un an pour se conformer, délai qui coïncide avec la consolidation du rapport 2025. Cet alignement temporel place le comité exécutif sous une pression positive : réussir à la fois la production d’un document de référence et la levée des dernières réserves techniques.
La place des entreprises et de la société civile
Si l’État impulse la dynamique, la réussite du chantier ITIE dépend aussi de l’engagement des compagnies extractives et des organisations citoyennes. Les premières ont réitéré leur disponibilité à fournir des données désagrégées, condition essentielle pour éviter toute opacité sur les paiements. Les secondes, regroupées au sein de plateformes spécialisées, ont plaidé pour une vulgarisation des informations destinées aux populations riveraines des sites d’exploitation.
L’interactivité entre ces deux pôles est appelée à se renforcer au fil des ateliers thématiques programmés dans les départements du Kouilou, de la Sangha et de la Likouala. Ces rencontres visent à diffuser une culture de la redevabilité qui dépasse les cercles décisionnels de la capitale et répond aux attentes des jeunes urbains, plus connectés et plus exigeants en matière de gouvernance.
Un calendrier stratégique sous haute vigilance
Le compte à rebours est enclenché : décembre constitue la nouvelle ligne d’horizon. D’ici là, chaque étape fera l’objet de rapports intermédiaires permettant d’ajuster méthodes et ressources. Selon le secrétariat permanent, un premier bilan d’étape sera publié en juin, suivi d’une version préliminaire du rapport en septembre. Cette cadence soutenue s’appuie sur un budget révisé, approuvé lors de la session, qui garantit la disponibilité des consultants indépendants et des solutions numériques nécessaires.
Au-delà des échéances techniques, l’enjeu politique est palpable. À travers ce futur rapport, Brazzaville entend non seulement consolider sa réputation de partenaire fiable, mais aussi illustrer la cohérence de ses politiques publiques avec la vision de développement inscrite dans le Plan national de développement 2022-2026. « Nos ressources naturelles doivent rester un levier de prospérité partagée », a insisté le ministre Yoka, rappelant que la transparence n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’assurer une croissance inclusive, fidèle aux engagements du président Denis Sassou Nguesso.