Ngastono mise sur la jeunesse pour le CHAN 2024
Le huis clos de la salle de presse du stade Alphonse-Massamba-Débat aurait presque fait oublier le soleil de plomb de ce 30 juillet. Pourtant, c’est bien sous cette chaleur brazzavilloise que Barthélémy Ngastono a couché sur le papier les noms des 25 joueurs appelés à défendre le drapeau national lors du Championnat d’Afrique des nations, prévu du 2 au 30 août entre Tanzanie, Ouganda et Kenya. Les rumeurs d’avant-conférence évoquaient une vague de renouveau ; la confirmation est arrivée, limpide. « Il y a plus de jeunes parce qu’ils sont volontaires, à l’écoute et plus faciles à remettre en condition après quatre mois d’inactivité », a expliqué le technicien congolais, manifestement conscient de l’intérêt stratégique d’une fraîcheur physique accrue.
Cette option générationnelle n’est pas un pari audacieux lancé à la va-vite ; elle s’inscrit dans le prolongement d’une dynamique collective qui, dès la double confrontation victorieuse face à la Guinée équatoriale au tour précédent, a montré que l’insouciance pouvait se marier avec la rigueur tactique. La plupart des artisans de cette qualification figurent donc toujours dans l’effectif, preuve qu’au-delà du jeunisme affiché, la continuité reste la colonne vertébrale du projet.
Une préparation contrariée mais assumée
On n’élude pas l’évidence : l’interruption prolongée du championnat national a amputé le staff d’un volume de compétition précieux. Quatre mois sans rencontres officielles, c’est autant de repères collectifs à réinventer. « Nous avons compensé par un travail ciblé, ponctué de matches d’entraînement visant à expérimenter nos forces et cerner nos faiblesses », détaille Ngastono. Les séances vidéo, couplées à un accent mis sur la préparation mentale, ont servi de fil rouge à ce laboratoire express.
Un groupe relevé, un plan adaptable
Le tirage au sort n’a pas versé le Congo dans une zone de confort. Nigeria, Sénégal, Soudan : trois noms qui évoquent, pour le public brazzavillois, des écueils historiques tout autant que des opportunités de rayonnement continental. Le sélectionneur ne se dérobe pas : « Un entraîneur qui part au combat sans plan et sans connaissance de l’adversaire est voué à l’échec. Nous avons un dispositif flexible que nous imposerons, mais qui saura aussi se plier aux exigences du rival. »
Sous ces mots se cache une méthode articulée autour d’un bloc médian modulable, capable d’étouffer la relance adverse avant de se projeter vite vers l’avant. L’idée n’est pas de ferrailler à découvert contre des nations réputées pour leur puissance athlétique, mais d’exploiter la mobilité des jeunes éléments convoqués. « Le premier objectif est de dépasser la phase de groupes. Ensuite, tout redeviendra possible », martèle l’encadrement, rappelant que l’histoire récente du CHAN est jalonnée de parcours inattendus.
Le soutien populaire, facteur intangible
Dans son plaidoyer final, Ngastono a glissé une note presque intime : « Je sais qu’on ne croit pas toujours en nous ; même lors des campagnes précédentes, le scepticisme était palpable. Pourtant, lorsque le public se range derrière l’équipe, les joueurs gagnent dix centimètres. » Au-delà de la rhétorique, l’appel revêt une dimension psychologique capitale. Les stades est-africains ne sont pas des territoires familiers ; y disposer d’un relais émotionnel venu du Congo, fût-il numérique, peut influer sur la résilience d’un groupe très jeune.
Perspectives et responsabilités partagées
À moins de trente jours du coup d’envoi, la stratégie est figée mais pas figée dans le marbre ; elle évoluera au gré des états de forme individuels et des informations collectées sur la concurrence. Les autorités sportives, pour leur part, ont réitéré leur engagement logistique. Sans verser dans le triomphalisme, elles soulignent que « l’équipe dispose des conditions minimales pour préparer sereinement la compétition », selon un responsable de la Fédération congolaise de football, contacté en marge de la conférence.
Reste donc à convertir ces promesses en actes sur le terrain. À Brazzaville, les discussions de comptoir laissent percevoir un mélange de prudence et d’enthousiasme ; un sentiment qui colle parfaitement à l’ambition mesurée affichée par le staff. « Nous avons foi en nous ; les matches diront le vrai niveau », synthétise Ngastono, lucide sur le fossé qui sépare souvent les intentions de la réalité d’une pelouse.
Ainsi, à la croisée des attentes populaires et de l’exigence professionnelle, les Diables rouges s’élancent vers le CHAN avec un carburant double : la jeunesse ardente et un sang-froid méthodique. Pour un groupe appelé à porter les couleurs nationales, la promesse est déjà un premier but inscrit.