La pression budgétaire de la rentrée scolaire
À Brazzaville comme dans de nombreuses capitales africaines, la rentrée scolaire s’apparente chaque année à un véritable marathon financier. Selon les estimations du ministère de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’alphabétisation, une famille urbaine dépense en moyenne l’équivalent de trois mois de salaire pour couvrir fournitures, uniformes, frais connexes et inscription (Ministère de l’Enseignement 2024). Dans un contexte où le coût de la vie se tend, la recherche de solutions de financement devient une composante essentielle de la planification domestique, surtout pour les ménages comptant plusieurs enfants scolarisés.
Le crédit scolaire UBA, une réponse ciblée
L’Union Bank for Africa (UBA) propose, pour la troisième année consécutive, un produit baptisé « Crédit Scolaire UBA ». Plafonné à cinq millions de francs CFA, il vise à absorber la hausse saisonnière des dépenses éducatives tout en maintenant la liquidité des foyers. « Notre objectif est de permettre aux parents de préserver leur trésorerie courante sans sacrifier la qualité de l’éducation », explique Patrick Obili, responsable produits de la filiale congolaise rencontrée à la foire de la rentrée (Entretien, juillet 2025).
Conditions d’éligibilité et modalités financières
Le prêt s’adresse exclusivement aux salariés dont les revenus sont domiciliés dans les livres de la banque. L’instruction du dossier, promise en sept jours ouvrables, s’accompagne d’un taux débiteur fixe de 12 % l’an, soit un coût du crédit jugé « compétitif » par les analystes du cabinet Finance Watch Congo, au regard d’une inflation contenue autour de 3,5 % (Banque des États de l’Afrique centrale, juin 2025). La période de remboursement – dix mois – épouse quant à elle le calendrier scolaire, évitant un chevauchement avec les dépenses festives de fin d’année.
Un instrument de bancarisation inclusive
Au-delà de l’aspect conjoncturel, la démarche d’UBA s’inscrit dans un mouvement plus large de démocratisation des services financiers. Le gouvernement a fait de l’inclusion bancaire un axe stratégique du Plan national de développement 2022-2026, en encourageant les banques commerciales à élaborer des produits adaptés aux besoins familiaux. Dans cette optique, le crédit scolaire constitue un levier permettant, d’une part, de fidéliser la clientèle salariée et, d’autre part, de formaliser l’épargne informelle des ménages qui restait jusque-là hors circuit. Les taux préférentiels accordés aux fonctionnaires témoignent de la volonté commune des pouvoirs publics et des établissements de crédit d’élargir la base des titulaires de comptes.
Responsabilité financière et perspectives familiales
Les experts s’accordent néanmoins sur la nécessité de promouvoir une culture de responsabilité budgétaire. « Un emprunt doit rester un facilitateur, jamais un substitut structurel au revenu disponible », insiste l’économiste Élise Mavoungou. Les conseillers de la banque recommandent de ne pas dépasser 40 % d’endettement net, tout en rappelant que l’intégralité des frais scolaires n’a pas vocation à être financée par le crédit. Sous réserve d’un usage mesuré, l’outil peut toutefois contribuer à lisser les dépenses et à renforcer la sérénité des ménages, créant ainsi un climat propice à la réussite scolaire des enfants.