Un campus au rythme de la salubrité mensuelle
À l’aube du mois d’août, le rectorat, l’École normale supérieure et les amphithéâtres de droit et de sciences économiques de l’Université Marien Ngouabi se sont transformés en vaste chantier de propreté. Balais, pelles et brouettes se sont entremêlés dans un ballet minutieux auquel ont pris part agents, étudiants et partenaires, conformément à la circulaire gouvernementale consacrant chaque premier samedi du mois à la salubrité publique. Dans une capitale en pleine croissance démographique, la mesure, qui concerne l’ensemble des quartiers urbains, entend faire du nettoyage un réflexe citoyen autant qu’une responsabilité collective.
Le rôle pivot de la Direction générale de l’assainissement
Délégué par le ministère de l’Environnement, le directeur général de l’assainissement, Yvon Kaba, n’a pas manqué de rappeler le caractère stratégique de l’opération. « Aucune société ne peut prospérer dans l’insalubrité », confie-t-il, estimant que la santé publique et l’attractivité universitaire se joueraient aussi sur la propreté des lieux d’étude. Sous son impulsion, les équipes techniques ont procédé au curage des caniveaux, à l’enlèvement des dépôts sauvages et à la désinfection des zones à forte affluence. La logistique, financée en partie par le budget national, illustre la volonté de l’État de faire converger politiques environnementales et politiques éducatives.
Diplomatie du balai : l’apport vénézuélien
À la surprise de nombreux étudiants, la représentation diplomatique de la République bolivarienne du Venezuela a répondu présent. Sa cheffe de mission, Laura Evangelia Suarez, voit dans cette initiative un « geste concret de solidarité Sud-Sud ». En offrant des gants, des masques et du matériel de ramassage, l’ambassade a rappelé que la coopération internationale ne se limite pas aux salles de signature, mais se matérialise parfois dans la poussière des chantiers participatifs. Présente sur le terrain, la diplomate insiste sur la dimension éducative : protéger le campus, c’est aussi protéger la planète.
Étudiants et agents, une pédagogie de la participation
Le président de l’Université, le professeur Parisse Akouango, a saisi l’occasion pour transformer l’opération en leçon de citoyenneté à ciel ouvert. Sur les marches encore humides du grand amphithéâtre, il explique que « l’université ne doit pas uniquement transmettre des savoirs, elle doit enraciner des comportements responsables ». À ses côtés, des étudiants de première année manipulent pour la première fois des pulvérisateurs de bio-désinfectant fabriqués localement. L’administration a annoncé l’intégration d’un module optionnel sur la gestion des déchets dans le cursus des licences professionnelles, convaincue qu’un enseignement contextualisé favorisera de nouvelles vocations.
Perspectives : vers une culture durable de propreté urbaine
Au-delà de l’événement ponctuel, les autorités ambitionnent de faire des quatre sites nettoyés des pôles pilotes. Des indicateurs – volumes de déchets collectés, taux de recyclage, satisfaction des usagers – seront suivis mensuellement. Le Comité hygiène, sécurité et environnement de l’université travaille déjà avec la mairie de Brazzaville pour optimiser les rotations de camions-bennes et sensibiliser les riverains. Incrementalement, cette démarche pourrait inspirer d’autres établissements d’enseignement et s’étendre aux marchés, gares et hôpitaux de la capitale. L’enjeu est double : renforcer la résilience sanitaire en période d’épidémies récurrentes et consolider le statut de Brazzaville en tant que ville universitaire attractive en Afrique centrale.
La synergie observée entre services de l’État, mission diplomatique et communauté académique confirme qu’une gouvernance ouverte est capable de produire des résultats tangibles. Sans grands discours, une poignée de balais aura rappelé que le développement durable commence souvent à portée de main, dans les couloirs que l’on fréquente chaque jour.