Brazzaville se prépare pour une 20e édition historique
À l’orée de la saison sèche, la capitale s’apprête à célébrer la 20e édition du Semi-Marathon International de Brazzaville, couramment désigné par son acronyme SMIB. L’épreuve, inscrite au calendrier officiel de la Fédération congolaise d’athlétisme, se tiendra le 14 août 2025, date symboliquement adossée aux festivités du 65e anniversaire de l’indépendance nationale. Raymond Ebata, président du comité de direction, a confirmé l’engagement de 5 971 coureurs, dont 158 athlètes de haut niveau issus de vingt-trois pays africains. « Nous atteignons un palier inédit, reflet de l’attractivité croissante du semi-marathon brazzavillois », a-t-il confié lors d’un point presse au stade Alphonse-Massamba-Débat.
Un rendez-vous sportif et diplomatique très attendu
La discipline reine de l’endurance urbaine s’impose, année après année, comme un vecteur de rayonnement pour la République du Congo. Le coup d’envoi sera traditionnellement donné par le président Denis Sassou Nguesso, soulignant la dimension protocolaire de la manifestation. Les délégations d’Éthiopie, du Kenya, de l’Ouganda ou encore du Maroc ont confirmé leur participation, offrant à la course un plateau élite propice à des performances chronométriques de premier plan. Pour Fidèle Abéga, directeur technique national, « l’accueil de coureurs de classe mondiale constitue un levier de progression pour nos talents locaux, tout en renforçant les liens de coopération sportive continentale ».
Impact économique et urbain du semi-marathon
Au-delà de l’enjeu athlétique, le SMIB génère des retombées économiques significatives. Selon une étude conjointe de la Chambre de commerce de Brazzaville et de l’Université Marien-Ngouabi, chaque participant étranger dépense en moyenne l’équivalent de 450 dollars américains entre hébergement, restauration et transports urbains. Les hôtels du centre, de Poto-Poto aux berges du Djoué, affichent déjà un taux de réservation supérieur à 80 %. Les artisans locaux misent sur la vente de souvenirs aux couleurs nationales, tandis que les compagnies de taxis collectifs étendent leurs horaires. Ce « bénéfice diffus » concourt à dynamiser le tissu économique d’une ville en quête de diversification de ses sources de revenu.
La stratégie nationale de promotion du sport-santé
Les autorités voient dans le semi-marathon un instrument de sensibilisation aux bonnes pratiques sanitaires. Le ministère des Sports, en collaboration avec celui de la Santé, déploie depuis trois ans le programme « Une foulée, un cœur sain », encourageant le dépistage gratuit de l’hypertension artérielle et du diabète sur les sites d’inscription. Le professeur Irène Oba, cardiologue au CHU de Brazzaville, rappelle que « la course à pied, pratiquée régulièrement, réduit de 30 % le risque de maladies cardiovasculaires ». Cette pédagogie grandeur nature répond à la volonté gouvernementale d’intégrer l’activité physique dans les politiques publiques de prévention.
Logistique et sécurité : un maillage exemplaire
Pour fluidifier un parcours de 21,097 km traversant six arrondissements, le comité d’organisation mobilise 1 200 bénévoles, 400 agents des forces de l’ordre et une flotte de dix-huit ambulances médicalisées. La société de télécommunications nationale mettra à disposition des capteurs GPS pour géolocaliser les favoris en temps réel, tandis que les sapeurs-pompiers installeront des pôles de rafraîchissement tous les trois kilomètres. L’expérience acquise lors des Jeux africains de 2015 sert de matrice ; le colonel Prosper Ongagna, responsable de la sécurité civile, assure que « le dispositif est calibré pour conjuguer convivialité et vigilance maximale ».
Perspectives d’avenir pour les éditions futures
Le SMIB nourrit enfin des ambitions de croissance. Les organisateurs visent un cap de 10 000 participants d’ici 2027, objectif cohérent à l’aune de la démographie urbaine et de l’engouement continental pour le running. La perspective d’une homologation bronze par World Athletics est également envisagée, conditionnée à la modernisation des contrôles antidopage et à l’élargissement des zones de ravitaillement. Sur le plan sociétal, l’implication des écoles primaires, invitées à un « kilomètre solidaire » à la veille de la course, augure d’un renouvellement générationnel promouvant l’utilité citoyenne du sport. Ainsi, Brazzaville, capitale fluviale, se profile comme un laboratoire africain de la diplomatie sportive, conjuguant exigence de performance et retombées inclusives pour la cité.