Enjeux d’une voix féminine renforcée
Dans la moiteur d’août, la salle de conférence du ministère de la Communication a vibré au rythme d’un enthousiasme particulier : celui d’une cinquantaine de femmes journalistes venues des rédactions de la capitale pour interroger leurs pratiques avant l’élection présidentielle de 2026. Si la scène ressemble à une réunion professionnelle ordinaire, elle s’inscrit pourtant dans un moment clé du calendrier démocratique congolais, moment où la parole médiatique, surtout lorsqu’elle est portée par des femmes, peut contribuer à apaiser ou à attiser les passions. Renforcer cette voix féminine, c’est donc agir en amont sur le climat politique et social.
Capacités médiatiques et échéance 2026
Organisé du 11 au 13 août, l’atelier entend doter les participantes d’outils juridiques, techniques et déontologiques adaptés aux contraintes d’une campagne nationale. Les modules couvrent aussi bien le cadre légal des opérations électorales que la protection des reporters sur le terrain ou la maîtrise de la désinformation à l’ère numérique. L’objectif, confie une rédactrice de La Semaine Africaine, est « de sortir de l’approximation pour entrer dans la précision ». Dans un pays où la pluralité des supports — radio, télévision, presse écrite, plateformes en ligne — multiplie les sources d’information, la capacité à contextualiser des chiffres, à démêler des narratifs et à donner la parole à toutes les sensibilités devient un enjeu de crédibilité collective.
Un partenariat gouvernemental et onusien stratégique
La présence conjointe du ministère de la Communication et de l’Unesco traduit une convergence de vues sur la nécessité de professionnaliser durablement le secteur. « Une élection, ce n’est pas seulement des chiffres et des bulletins », a rappelé le ministre Thierry Lézin Moungalla, soulignant que l’information peut être « une arme de division ou un instrument de paix ». Le soutien technique et pédagogique de l’Unesco, incarné par sa représentante Fatoumata Barry Maréga, épouse cette vision. Selon elle, « accompagner les femmes journalistes, c’est bâtir un écosystème médiatique plus résilient ». Une posture qui s’aligne sur les engagements internationaux du Congo en matière de promotion du genre et de consolidation de la paix.
Éthique, genre et paix : piliers du programme
Au-delà de la boîte à outils professionnelle, l’atelier aborde la dimension sociétale du reportage électoral. Les intervenants de la Commission nationale électorale indépendante insistent sur le droit à l’information équilibrée, pendant que des expertes en genre rappellent que la représentation équitable des candidates et des électrices demeure un indicateur de maturité démocratique. L’accent mis sur la vérification des faits, la maîtrise du vocabulaire conflictuel et la nécessité d’offrir aux minorités une tribune équitable démontre la volonté d’inscrire les médias dans un cercle vertueux. Une participante de Vox TV résume l’esprit des travaux : « Nous voulons raconter le scrutin sans le dramatiser, mais sans l’édulcorer. »
Vers une couverture apaisée et inclusive
À l’issue de ces trois journées, chacune repart avec un manuel pratique, une playlist de dispositifs numériques anti-fake news et, surtout, un réseau de consœurs prêtes à s’entraider. Le ministère entend renouveler l’exercice avec d’autres cohortes régionales d’ici 2025, preuve que la démarche s’inscrit dans la durée. Pour les citoyennes et citoyens de Brazzaville, souvent connectés à l’actualité en temps réel, la promesse est celle d’une information mieux filtrée, plus pédagogique et sensible aux enjeux de cohésion nationale. L’atelier, en somme, ne se contente pas de former ; il préfigure un paysage médiatique où la rigueur professionnelle et la sensibilité féminine convergent pour garantir un débat électoral serein et constructif.