Brazzaville cultive la rigueur sportive
Sous les lambris de la salle de conférence du stade Alphonse-Massamba-Débat, la chaleur moite d’août n’a pas refroidi l’ardeur des près de cent participants venus passer le Code du sport au peigne fin. Administrateurs chevronnés, techniciens forgés à la sueur des dojos et jeunes champions en quête d’excellence se sont retrouvés autour de Gin Clord Samba-Samba, directeur des Activités sportives, pour une journée d’immersion dans l’univers, souvent méconnu, des textes réglementaires qui gouvernent le mouvement sportif national.
L’initiative émane d’un front commun rarement observé : présidents des fédérations de close-combat, de hapkido, de kyokushin, de judo, de kung-fu, de boxe pieds-poings, de krav-maga et de qwankido ont conjugué leurs influences afin d’ouvrir un chantier exigeant mais indispensable : celui de la professionnalisation de la gouvernance sportive congo-brazzavilloise.
Un Code, héritage juridique et boussole commune
Promulgué pour harmoniser la pratique sportive et l’inscrire dans un cadre de transparence, le Code du sport se veut à la fois charte déontologique, socle éthique et guide procédural. Dans le sillage de la stratégie nationale pour la jeunesse et les sports, son contenu précise les devoirs des clubs envers les licenciés, la protection des mineurs, les règles de sécurité sanitaire et les mécanismes de résolution des litiges. « Une discipline ne peut briller durablement si elle s’appuie sur des bases administratives fragiles », a souligné Gin Clord Samba-Samba durant son exposé, rappelant l’impératif d’aligner les fédérations sur les meilleures pratiques internationales tout en préservant les spécificités culturelles locales.
Gestion de club : la métamorphose attendue
Le premier module, consacré à l’organisation d’un club, a passé en revue la chaîne entière de responsabilités : de la rédaction des statuts conformes au code civil à la tenue de registres financiers fidèles, en passant par la déclaration des accidents sportifs et la mise en place de certificats médicaux numérisés. Les participants ont mesuré l’écart entre les exigences théoriques et les réalités de terrain, souvent marquées par le bénévolat et les moyens limités. Toutefois, l’accent a été mis sur la recherche de partenariats locaux, l’optimisation de la cotisation et la diversification des sources de revenus via des rendez-vous culturels ou des stages inter-clubs.
Pour Sylvain Mampouya, président de la Fédération congolaise de close combat, « la maîtrise de ces outils administratifs conditionnera le passage d’un sport de loisir à un sport-industrie capable de créer de la valeur et des emplois ».
Fervente adhésion des fédérations de tatami
À l’issue des échanges, un sentiment d’unité et de responsabilité collective s’est imposé. Edmond Narcisse Gantsie-Dzia, figure de proue de l’hapkido national, a salué « une pédagogie qui réconcilie l’art martial et la science de la gestion ». Dans le même registre, plusieurs entraîneurs ont noté que la clarification des statuts fédéraux faciliterait l’accès aux subventions institutionnelles et séduirait le mécénat privé, encore timide dans le paysage sportif congolais.
Le séminaire a également permis d’identifier des relais régionaux : des instructeurs volontaires proposeront, dans les semaines à venir, des ateliers pratiques pour transposer les acquis dans chaque dojo de la capitale, avant d’envisager une extension progressive vers les départements.
Diplômes symboliques et feuille de route concrète
Si chaque participant est reparti avec un diplôme attestant de sa présence, l’enjeu principal réside dans la mise en application quotidienne. La feuille de route arrêtée retient la création d’un observatoire interne chargé de collecter les indicateurs clés : nombre de licences, accidentologie, transparence budgétaire et taux de féminisation. Ces données, promises à être consolidées au ministère des Sports, serviront d’appui factuel aux futures politiques publiques dans le domaine des sports de combat.
En filigrane, l’ambition est claire : hisser Brazzaville au rang de place forte d’Afrique centrale pour la formation des encadrants, tout en cultivant l’exemplarité réglementaire qui rassurera les organisations internationales. Les tatamis de la capitale se rêvent déjà vitrines d’un professionnalisme naissant, où coups de pied retournés et tableaux Excel avancent désormais main dans la main.