Brazzaville chausse ses baskets touristiques
Sur l’esplanade des Plateaux des 15 ans, l’effervescence monte. Wild Safari Tours, épaulée par l’Office de la promotion de l’industrie touristique, promet une marche urbaine appelée à devenir le rendez-vous phare de la Journée mondiale du tourisme.
Le 28 septembre, des centaines de participants devraient longer les artères historiques, reliant le siège de l’agence au Square de Gaulle. L’initiative veut rappeler que la capitale congolaise se découvre aussi bien au rythme des pas qu’à celui des moteurs.
Un parcours minutieusement scénarisé
Le tracé, long d’environ huit kilomètres, a été dessiné pour révéler des sites souvent ignorés. Des fresques murales de Poto-Poto aux villas art déco du Plateau, chaque halte racontera un fragment d’histoire urbaine.
« Nous avons sélectionné des points d’intérêt qui conjuguent symboles culturels et accessibilité », explique Alain Ngoma, directeur des opérations chez Wild Safari Tours. Des étudiants en histoire guideront les marcheurs, une première dans un événement grand public.
Un moteur économique à pied d’œuvre
Selon l’Opit, le tourisme urbain pourrait générer 4 % du PIB national d’ici 2030. La marche s’inscrit comme laboratoire grandeur nature : restaurants, artisans et taximen des quartiers traversés attendent un surcroît d’activité.
« Chaque participant dépense en moyenne 7 000 FCFA sur le parcours », calcule Sylvie Makosso, économiste du secteur. Multipliez par un millier de marcheurs et vous obtenez un micro-coup de fouet bienvenu pour l’économie locale.
Marcher pour la planète et le patrimoine
Au-delà de la vitrine économique, l’organisation martèle son message écologique. Déplacements doux, gobelets réutilisables et tri sélectif ponctueront le trajet. L’Opit veut installer un réflexe durable chez les promeneurs comme chez les riverains.
Les organisateurs rappellent que le tourisme représente 8 % des émissions mondiales. « Réduire l’empreinte carbone d’un city tour à zéro serait utopique, mais marcher reste la solution la plus propre », insiste Chantal Ibara, chargée de projet environnement.
La jeunesse, premier public visé
TikTok et Instagram diffuseront en direct la progression du cortège. Wild Safari Tours mise sur les influenceurs brazzavillois pour convertir les moins de trente ans à une découverte responsable de leur ville.
La stratégie s’appuie sur un constat : 62 % des habitants de Brazzaville ont moins de 25 ans. « Nous voulons qu’ils se réapproprient leur patrimoine avant de rêver uniquement d’évasion extérieure », souligne Marcel Okomba, sociologue.
Partenariats et sécurité logistique
Les forces de l’ordre baliseront l’itinéraire, tandis que la Croix-Rouge installera des postes de premier secours. Les assurances obligatoires couvrent chaque marcheur jusqu’à 3 millions FCFA en cas d’incident.
Brazzaville Transport Urbain offrira des navettes gratuites pour ramener les participants à leur point de départ. Ce maillage logistique incarne la volonté des institutions de soutenir l’essor d’un tourisme serein et inclusif.
Vers une nouvelle culture du city tour
Si l’édition pilote convainc, l’Opit envisage un calendrier trimestriel. Des parcours nocturnes ou thématiques, dédiés à la musique, aux saveurs ou à l’architecture, sont déjà sur la table.
En faisant de la marche une pratique culturelle récurrente, Brazzaville espère inscrire son nom aux côtés de villes pionnières comme Medellín ou Kigali, souvent citées pour leur dynamisme touristique post-conflit.
Le rôle discret des institutions
Sans fanfare, plusieurs ministères soutiennent l’événement en nature : signalisation temporaire, mise à disposition de guides ou encore allègement des formalités pour les participants étrangers.
Cette coopération traduit la reconnaissance officielle du potentiel transformateur d’un tourisme de proximité, capable de renforcer la cohésion sociale tout en diversifiant les sources de croissance.
Des attentes élevées, un esprit convivial
Les clubs de randonnée, mais aussi des entreprises privées, envisagent d’enfiler leurs tee-shirts aux couleurs de la marche. Les inscriptions dépassaient déjà 600 personnes à la mi-août, un mois et demi avant le départ.
Les organisateurs affirment que l’ambiance se veut familiale : les poussettes sont autorisées, tout comme les pas mesurés des seniors. L’idée est de faire coexister sport léger et découverte culturelle.
Une vitrine qui dépasse le périmètre urbain
En marge de l’événement, des tours vers le lac Bleu et le musée de M’filou seront proposés dans les jours suivants. Les agences espèrent prolonger l’engouement au-delà du centre-ville.
La marche agit ainsi comme une porte d’entrée vers un portefeuille plus vaste d’offres touristiques, des vallées du Pool aux plages de Pointe-Noire, consolidant l’image d’un Congo accueillant et diversifié.