Le P.a.r enclenche sa course interne
En conférence de presse lundi, la secrétaire générale Jessica Prismelle Ognangué a officiellement déclenché la mécanique électorale interne du Parti pour l’action de la République, confirmant l’ouverture des candidatures pour la primaire qui désignera l’unique porte-drapeau du mouvement à la présidentielle de mars 2026.
Le calendrier, arrêté lors du premier congrès extraordinaire de juin dernier, fixe l’échéance du vote interne au mardi 25 novembre 2025, tandis que la date butoir d’enregistrement des dossiers a été fixée au 5 novembre, soit vingt jours d’écart pour mener campagne auprès des militants.
Installé au 117 bis du boulevard Denis Sassou-Nguesso, à deux pas de la Primature, le secrétariat général recevra les dossiers des prétendants qu’ils résident à Brazzaville, dans les départements ou au-delà des frontières, preuve d’une volonté affichée de rassembler toutes les sensibilités du parti.
Un calendrier interne attendu
Lors du congrès, les délégués avaient insisté sur la nécessité de donner au futur candidat suffisamment de temps pour affûter son programme avant la phase de campagne nationale prévue par la Commission. Le choix d’un scrutin interne en novembre était donc apparu comme un compromis réaliste.
Selon un cadre du bureau politique, la date du 5 novembre pour la clôture des candidatures permet à la commission d’investiture de vérifier scrupuleusement l’éligibilité, la moralité et l’ancrage militant de chaque prétendant, autant de critères que le règlement intérieur du P.a.r juge non négociables.
Un groupe de juristes internes planche déjà sur la logistique numérique qui rendra publiques, en temps réel, les statistiques de participation le soir de la primaire. Objectif assumé: garantir une traçabilité fluide et couper court à toute suspicion de manipulation des résultats, souligne la direction.
Une procédure ouverte et inclusive
En appelant les militants de la diaspora à déposer également leurs dossiers, la secrétaire générale veut projeter l’image d’un parti en phase avec les réalités démographiques congolaises, où les transferts financiers et les réseaux sociaux maintiennent un lien politique vif entre l’étranger et les quartiers de Brazzaville.
« Nous ne voulons exclure personne », martèle-t-elle, évoquant un guichet unique où chaque aspirant recevra une clé USB contenant la charte éthique, le format du questionnaire programmatique et un exemplaire digital du règlement intérieur. Le processus, insiste-t-elle, n’exige aucun frais d’inscription, geste présenté comme symbolique.
Plusieurs jeunes figures du parti, dont l’ex-responsable des Jeunesses progressistes, ont déjà confirmé leur intention de concourir, promettant de mettre la question de l’emploi urbain et de la transition énergétique au cœur des débats. Leurs équipes sillonnent télécentres, campus et marchés pour collecter parrainages et idées.
Enjeux pour la scène politique nationale
Observateurs et politologues voient dans cette primaire un test pour la capacité organisationnelle d’un parti souvent considéré comme outsider mais dont la rhétorique citoyenne séduit une partie de l’électorat urbain. L’exercice pourrait aussi influencer la manière dont d’autres formations designeront leurs propres candidats.
Depuis plusieurs cycles électoraux, la loi n’impose pas aux partis la tenue de primaires, laissant à chacun le soin de choisir son mode d’investiture. En optant pour un scrutin ouvert, le P.a.r espère accréditer son discours de modernité et s’exposer médiatiquement avant l’ouverture officielle de la campagne nationale.
Du côté des institutions, aucune réaction officielle n’a été enregistrée, mais plusieurs sources proches de la Commission électorale saluent, en privé, tout mécanisme partisan susceptible de réduire le niveau de contestation post-électorale. Les observateurs internationaux, souvent conviés, attendront la phase nationale pour déployer leurs missions techniques.
Réactions et anticipations des analystes
L’économiste Malo Mabiala rappelle que chaque primaire structure la discipline budgétaire d’un parti : « Une campagne interne mobilise des ressources qu’il faut ensuite compenser par des collectes innovantes ». Selon lui, le succès financier du processus indiquera la robustesse du P.a.r avant les joutes nationales.
La sociologue Irène Bouity nuance cependant : l’engouement numérique observable sur les réseaux n’équivaut pas à une implantation territoriale. Elle prévient que le candidat issu de la primaire devra tisser des alliances, notamment dans les plateaux et le Pool, pour espérer dépasser le seul vote urbain.
Dans l’entourage d’Anguios Nganguia Engambé, on affirme que le leader mettra sa notoriété au service du vainqueur, garantissant l’unité. « Le président jouera l’arbitre, pas le parrain », assure un proche. Le signal vise à couper court aux rumeurs de candidature directe du fondateur.
Vers la présidentielle de mars 2026
À onze mois du scrutin national, cette primaire confirme l’effervescence d’une scène politique qui multiplie initiatives et innovations tout en respectant le cadre institutionnel. Reste à voir si le candidat choisi par les militants saura transformer ce moment participatif en dynamique électorale durable sur l’ensemble du territoire.
Le dépôt des plateformes programmatiques est attendu en janvier 2026. D’ici là, le P.a.r prévoit plusieurs forums citoyens dans les arrondissements pour tester ses idées et ajuster son projet. Ces rencontres, ouvertes aux indépendants, visent aussi à préparer d’éventuelles coalitions avant la clôture légale des alliances.