Diplomatie sécuritaire en pleine lumière
La capitale a salué la semaine dernière le retour du colonel Daniel Mfouna et du commandant Sylvain Ngatsongo, fraîchement primés par la Chargée d’Affaires américaine, Amanda S. Jacobsen. Les deux officiers congolais ont bouclé un cycle intensif du prestigieux International Visitor Leadership Program, dédié à la sécurité de l’aviation.
Un socle académique américain pour deux experts locaux
Durant quinze jours, Washington puis New York ont servi de laboratoire grandeur nature aux deux cadres de la Police nationale. Séances en simulateur, visites de la Transportation Security Administration et échanges avec la police fédérale ont rythmé leur agenda. Objectif : décrypter les meilleures pratiques de filtrage et de renseignement aéroportuaire.
Le colonel Mfouna, figure de la sûreté aéroportuaire
Commandant de l’escadron spécial chargé des infrastructures critiques, le colonel Mfouna cumule vingt-cinq ans de terrain à Maya-Maya. Son exposition à l’approche américaine l’oriente désormais vers la biométrie avancée et l’analyse prédictive des flux, deux outils qu’il décrit comme « un gain de temps et de fiabilité ».
Le commandant Ngatsongo au cœur des enjeux migratoires
Responsable des services d’immigration à Pointe-Noire, Sylvain Ngatsongo rejoint le programme avec une expérience de plusieurs opérations conjointes INTERPOL-CEEAC. Selon lui, l’accent mis à New York sur l’entretien non intrusif des passagers « répond aux attentes d’un trafic régional en forte croissance ».
IVLP : un réseau qui dépasse le protocole
Lancé en 1940, l’IVLP agit comme une plateforme d’échanges pour responsables venus de plus de 160 pays. Les organisateurs insistent sur la création de réseaux durables. Pour les deux Congolais, la promotion 2023 représente des contacts directs avec les autorités aéroportuaires du Qatar, de Singapour et du Canada, « indispensables à l’époque du transport globalisé ».
Impacts attendus sur les contrôles à Maya-Maya
À Brazzaville, l’aéroport international s’équipe déjà de scanners à rayons X de dernière génération. Les nouvelles compétences devraient accélérer la formation des agents et l’adaptation des procédures aux standards de l’Organisation de l’aviation civile internationale, renforçant ainsi l’attractivité de la plateforme pour les compagnies internationales.
Vers une modernisation des frontières terrestres
Le Congo compte près de cinq mille kilomètres de frontières terrestres. Les connaissances ramenées des États-Unis seront déployées, selon les autorités, dans les postes de Makabana, Ngabé et Ouesso. La priorité ira à l’identification rapide des documents frauduleux grâce à des tablettes sécurisées et à l’authentification numérique.
Coopération bilatérale et lutte contre l’immigration illégale
Pour Amanda S. Jacobsen, « ces acquis techniques consolident une coopération déjà féconde dans la lutte contre les trafics transfrontaliers ». Les deux parties misent sur des formations régulières et la mise à disposition d’équipements spécifiques, tels que des détecteurs de substances prohibées destinés aux équipes cynophiles congolaises.
Un écho positif dans la sous-région
La Communauté économique des États de l’Afrique centrale suit de près le projet pilote congolais. Des délégations camerounaises et gabonaises ont déjà sollicité des visites d’étude pour observer l’intégration des nouveaux protocoles. Le ministère congolais de l’Intérieur y voit l’occasion de positionner Brazzaville comme pôle de référence.
Dimension économique et image nationale
Sécuriser les accès aériens rassure assureurs et transporteurs. D’après des opérateurs locaux, chaque gain de point de sûreté peut réduire les primes d’assurance cargaison de 3 %. Les exportateurs de coltan et de produits agro-industriels espèrent ainsi alléger leurs coûts et conquérir de nouveaux marchés.
La formation continue comme fil conducteur
Le ministère de tutelle annonce déjà un module de recyclage trimestriel obligatoire pour les brigades aéroportuaires. Les deux lauréats IVLP y joueront les formateurs principaux. Un manuel de procédures inspiré du guide TSA sera traduit en français et en lingala pour faciliter l’appropriation par tous les agents.
Sécurité et droits des passagers
Les ONG actives dans la protection des libertés individuelles saluent l’introduction de démarches moins intrusives. Un observateur de l’Initiative pour la bonne gouvernance note que « les fichiers biométriques réduisent les fouilles manuelles et préservent la dignité des voyageurs ». L’équilibre entre efficacité et respect des droits demeure au centre du dispositif.
Synergies avec le secteur privé
Compagnies de sécurité, start-ups de data analytics et sociétés de gestion d’aéroports ont approché la Police nationale pour des partenariats. L’objectif est de développer des solutions adaptées aux réalités locales, comme la reconnaissance faciale sur réseau mobile à faible bande passante, testée avec succès lors du dernier Festival Panafricain de Musique.
Un soutien politique assumé
Le gouvernement a réitéré son engagement à moderniser la chaîne sécuritaire. Le porte-parole a souligné que ces initiatives « s’inscrivent dans la vision du chef de l’État pour un Congo ouvert, sûr et attractif pour les investisseurs », rappelant les investissements récents dans les infrastructures portuaires et ferroviaires.
Prochaines étapes opérationnelles
Dès septembre, un audit conjoint Police-Aviation civile évaluera l’application des nouveaux protocoles. Les recommandations incluront la création d’une cellule d’intelligence artificielle chargée d’anticiper les itinéraires de contrebande. Un premier rapport public est attendu avant la fin de l’année, gage de transparence envers les usagers.
La dimension humaine au cœur du dispositif
Interrogé à Brazzaville, le colonel Mfouna insiste : « La technologie ne remplace pas l’intuition d’un agent bien formé ». Un message relayé par de jeunes recrues, ravies de voir leur travail reconnu au-delà des frontières et conscientes des attentes placées en elles.
Une dynamique à consolider
Analystes et universitaires s’accordent : la maîtrise des flux constitue un levier majeur de développement. La participation congolaise à l’IVLP ouvre la voie à de nouvelles collaborations, notamment sur la cybersécurité des systèmes aéroportuaires, dossier appelé à devenir prioritaire avec la montée du trafic numérique.
Cap sur l’avenir
Les retombées du programme IVLP se mesureront dans la durée à travers la réduction des incidents et l’augmentation des liaisons internationales. En misant sur des ressources humaines qualifiées et des partenariats solides, le Congo confirme sa détermination à renforcer sa sécurité tout en dynamisant son économie ouverte sur le monde.