Une réunion symbolique au CIO
Vendredi 1er août 2025, dans l’enceinte feutrée du Centre interdiocésain des œuvres, une poignée de voix familières à l’antenne nationale s’est retrouvée. Leur objectif : donner corps à l’Amicale des anciens journalistes de Radio Congo, initiative lancée trois mois plus tôt, et désormais officialisée.
Sous la présidence de Michel Rudel Ngandziami, la session inaugurale a dressé les grandes lignes d’une feuille de route qui entend placer l’entraide, la formation et la culture au cœur de l’agenda. Autour de la table, trente vétérans ont approuvé le texte à l’unanimité.
Des vétérans au service du public
Dans son allocution, le président a posé le cadre : « Notre organisation ne sera pas un mort-né ; la qualité de notre mobilisation le prouve », a-t-il insisté. L’aspiration déclarée est simple : prolonger l’esprit de service public qui a marqué les années passées derrière le micro.
Radio Congo, créée en 1959 et pivot de l’information nationale, a vu défiler plusieurs générations de reporters. L’Amicale capitalise ce patrimoine vivant, désormais partagé entre retraités et actifs totalisant vingt ans de carrière ou plus, tous porteurs de la même signature éditoriale.
Trois piliers pour un impact concret
Premier chantier, l’assistance sociale se concentre sur la prise en charge sanitaire et l’accompagnement juridique des membres confrontés à des situations difficiles. Un fonds de solidarité, alimenté par des cotisations modulées, sera opérationnel dès janvier 2026 grâce à un comité de gestion resserré.
Le deuxième axe, la formation continue, veut répondre aux bouleversements technologiques du paysage audiovisuel. Ateliers de podcast natif, maîtrise des réseaux sociaux et actualisation des techniques de reportage numérique sont prévus en partenariat avec l’Institut national de l’audiovisuel et l’Université Marien-Ngouabi.
La dimension culturelle, enfin, ambitionne de recréer des liens conviviaux autour de la musique, du théâtre radiophonique et des archives sonores. Le projet phare consiste à numériser des émissions mythiques, telles que « Regards croisés », afin de les rendre accessibles aux chercheurs et aux jeunes auditeurs.
Mesurer et financer l’action
Pour rythmer l’ensemble, les organisateurs ont fixé huit indicateurs mesurables : volume de formations, nombre d’adhérents actifs, montants collectés, partenariats signés, archives sauvegardées, événements culturels produits, bénéficiaires aidés et actions de visibilité dans les médias nationaux.
La gouvernance repose sur un bureau exécutif de neuf membres, accompagné d’un conseil d’orientation. L’Amicale mise sur la transparence : un rapport financier trimestriel sera publié et présenté, pratique en phase avec les recommandations du ministère de l’Intérieur concernant la bonne gestion des associations.
Les anciens de Radio Congo voient dans cette discipline une façon de rester crédibles auprès des bailleurs qui pourraient soutenir certains projets, notamment la rénovation annoncée d’un studio d’enregistrement historique situé avenue de la Paix, aujourd’hui fermé pour cause de vétusté.
Un anniversaire déjà en vue
Sur le plan symbolique, la première bougie de l’Amicale sera soufflée en août 2026 au cours d’un gala radiodiffusé. « Nous voulons que cette soirée résonne comme un merci adressé au public qui nous suit depuis des décennies », explique Mireille Ntsiba, première vice-présidente chargée de la communication.
Plus concrètement, l’association ambitionne d’acquérir un siège permanent dans le deuxième arrondissement Bacongo. L’édifice, d’une surface de deux cents mètres carrés, servira de salle de conférence, de centre de documentation et d’espace de mentorat pour les reporters stagiaires.
Connaissances partagées, jeunesse engagée
Au-delà de l’enjeu immobilier, l’initiative répond à un besoin exprimé par les étudiants en journalisme, souvent en quête de conseils pratiques. « Les anciens peuvent apporter une plus-value immédiate », souligne le professeur Jules Okemba, doyen de la faculté des lettres et sciences humaines.
La session d’août s’est conclue sur un appel lancé par Serge Michel Odzocki, ancien directeur général de la station et aujourd’hui sénateur : « Marchons ensemble pour que l’Amicale prenne toute sa place parmi les structures de solidarité actives dans notre pays ».
Alignement avec la stratégie nationale
Le développement de la radio nationale reste l’un des leviers identifiés par le Plan national de développement 2022-2026 pour consolider la cohésion et la paix. En s’inscrivant dans cette dynamique, l’Amicale s’aligne sur la stratégie gouvernementale de renforcement du secteur des médias.
Analystes et observateurs saluent ce positionnement. Selon l’économiste média Sylvain Goma, « l’expérience accumulée par ces journalistes constitue un capital humain précieux ; le formaliser peut réduire la fracture générationnelle et stimuler l’innovation locale ». De tels propos confirment la pertinence du projet.
Cap sur la transformation numérique
La numérisation prévue des archives devrait être accompagnée d’un portail en ligne hébergé sur les serveurs de la société nationale Congo-Telecom. Cet outil offrira un moteur de recherche et l’écoute en streaming, condition essentielle pour toucher la diaspora congolaise connectée aux plateformes numériques.
Perspectives et feuille de route 2026
D’ici la prochaine assemblée générale, prévue en mars 2026, plusieurs comités thématiques se réuniront chaque mois. Les membres espèrent que cette cadence imprimera durablement un élan collectif, permettant aux anciens de Radio Congo de servir, à nouveau, la société brazzavilloise sous une forme inédite.