Contexte spirituel
Le soleil dominical s’était à peine levé sur la côte atlantique que la cour de l’église Saint-Christophe, dans le quartier Mpaka, bruissait déjà d’harmonies. Des familles entières convergeaient vers la nef, témoignant de la vitalité que la foi catholique conserve à Pointe-Noire.
Ce 13 juillet 2025, la métropole océane vivait un temps fort : cent catéchumènes issus du vicariat Mgr Foret, Jean-Louis Joseph Derouet, recevaient le sacrement de confirmation, ultime pas de l’initiation chrétienne, après le baptême et la première communion.
En présence de Mgr Abel Liluala, archevêque métropolitain, l’assemblée s’attendait à un moment à la fois solennel et chaleureux. Les bannieres rouges symbolisant l’Esprit Saint flottaient au-dessus des bancs, tandis que la chorale paroissiale répétait, entre deux souffles, les refrains de circonstance.
Une célébration très attendue
La liturgie a commencé à neuf heures précises, heure à laquelle le père Alain Abel Bounga, curé de Saint-Christophe, a ouvert la procession d’entrée. Derrière lui, les confirmands avançaient par petites vagues, fronts dégagés, bougies allumées, silhouettes encore juvéniles mais déjà empreintes d’une concentration inhabituelle.
Sous la voûte aux poutres sombres, la chorale Saint-Christophe a donné le ton avec un Kyrie vibrant en kituba, langue largement pratiquée à Pointe-Noire. Les fidèles, debout, répondaient à l’appel des tambours et sanza, signe que la liturgie sait épouser la culture locale.
La première lecture tirée d’Isaïe insistait déjà sur le souffle, métaphore chère aux jeunes attentifs. Beaucoup chuchotaient que la préparation catéchétique, lancée un an plus tôt, avait exigé rigueur et assiduité : vingt sessions sur la doctrine, des ateliers sur la vie de saints africains, des retraites silencieuses.
Le message de Mgr Liluala
Au début de l’homélie, le prélat a invité l’assemblée à revisiter la parabole du Bon Samaritain extraite de l’Évangile de Luc. Sa voix, grave sans excès, a rappelé que l’Esprit reçu appelle chaque chrétien à regarder au-delà de son cercle immédiat pour reconnaître le prochain.
« L’Esprit que vous accueillez aujourd’hui n’est pas décoratif, mais dynamique », a-t-il martelé. Pour lui, compassion et responsabilité citoyenne se rejoignent : soigner la personne blessée suppose aussi de contribuer à la cohésion sociale, pierre angulaire du vivre-ensemble prôné au Congo.
Le prélat a par ailleurs souligné la place des jeunes dans l’agenda pastoral 2024-2027, mis en œuvre avec l’appui de la Conférence épiscopale. « Vous êtes la génération numérique qui peut irriguer la société d’initiatives solidaires, loin des fake news », a-t-il observé, suscitant des sourires complices.
Les confirmés engagés
Après l’homélie, le silence s’est fait dense. Un à un, les catéchistes ont prononcé le nom des candidats. Chacun s’est levé, proclamant une profession de foi vibrante. La promesse baptismale, souvent répétée en enfance, prenait soudain des accents d’engagement adulte, sous le regard ému de parents essuyant des larmes.
Vint ensuite le geste central : l’onction du saint chrême. Sur chaque front, Mgr Liluala a tracé une croix, signe indélébile. Quelques jeunes, surpris par l’arôme boisé de l’huile, fermaient les yeux. Le murmure de l’assemblée se faisait prière, tissant un lien invisible entre générations.
Fidelphin Mampeme, représentant des confirmés, a pris la parole à l’issue de la célébration, saluant « l’honneur fait à notre jeunesse ». Il a promis d’organiser, dès la rentrée, une collecte de fournitures scolaires pour les élèves défavorisés de Tié-Tie, geste applaudi par toute la nef.
L’Église locale dynamisée
Pour le vicariat Mgr Foret, cette centaine de confirmés représente une ressource humaine nouvelle. L’abbé Bounga prévoit de les intégrer aux équipes d’animation liturgique, aux centres de soutien scolaire et aux groupes d’écologie intégrale, thème placé au cœur des orientations diocésaines dans la dynamique du pape François.
Dans une ville en expansion rapide, où la jeunesse représente plus de 60 % de la population, la mobilisation de ces nouveaux acteurs spirituels peut contribuer à canaliser les énergies. Observateurs et sociologues locaux constatent déjà l’impact des groupes paroissiaux sur la prévention de la violence en milieu urbain.
L’archevêque entend aussi renforcer les échanges avec les autorités municipales afin de mettre en valeur le patrimoine religieux, comme l’attestent les récents travaux de restauration de la basilique Notre-Dame. « Église et cité marchent ensemble », assure-t-il, soulignant l’importance d’un partenariat responsable pour le bien commun.
Perspectives régionales
À l’échelle de la province ecclésiastique, l’événement s’inscrit dans une stratégie de revalorisation des sacrements d’initiation. Selon le secrétariat pastoral, près de 2 000 confirmations sont prévues cette année dans le Kouilou. La dynamique contribue à renforcer le tissu social local, complément indispensable aux politiques publiques de jeunesse et d’insertion.