Un synode sous le signe du renouveau doctrinal
La chaleur de juillet n’a pas empêché les cloches de Mansimou de rassembler fidèles et délégués, venus ouvrir la session extraordinaire du synode de l’Église Évangélique du Congo. Sous la voûte du temple, le recueillement a précédé des débats annoncés cruciaux pour l’avenir.
Dans son mot d’accueil, le Révérend Guy Loko Elenga a placé la rencontre sous le double impératif de la fidélité doctrinale et de l’ouverture aux réalités contemporaines, rappelant que chaque réforme doit servir la mission première de l’Église : témoigner d’une grâce accessible à tous.
Le pasteur Loemba Timoté, chargé de la prédication d’ouverture, a exhorté l’assemblée à dépasser un légalisme figé. « Faire vivre la Parole, c’est laisser l’Esprit du Christ nous précéder », a-t-il lancé, dessinant le fil conducteur spirituel qui traversera toute la session.
Révision des textes fondamentaux et gouvernance
Dès le lendemain, les commissions thématiques se sont installées autour de piles de documents. Statuts, règlement intérieur, code disciplinaire : chaque article a été relu, parfois mot après mot, pour affirmer l’identité protestante, réaffirmer l’autorité biblique et préciser le statut des agents pastoraux.
La coordination, confiée à un bureau mixte, a veillé à harmoniser les propositions issues des différentes régions ecclésiales. « Notre responsabilité est de livrer des textes solides et lisibles », a souligné la pasteure Émilienne Ossété, membre de la commission de modération, saluant la maturité des échanges.
Le Conseil Synodal a, dans le même élan, procédé à plusieurs nominations stratégiques. Le président a assumé ces choix, estimant qu’une équipe stabilisée favorisera une gouvernance apaisée et le suivi rigoureux des transformations que réclame la communauté.
Dimension spirituelle et mobilisation communautaire
Entre deux séances de travail, les participants ont souvent retrouvé, debout, le tempo des chorales Zitisa Betania et Kilombo Ntungulu. Les refrains, portés par des chœurs mixtes, ont réchauffé l’auditoire et rappelé que la réforme reste d’abord un acte de foi partagé.
Des temps d’intercession ont ponctué chaque matinée. Des pasteurs ont prié pour les familles éprouvées par la crise économique, pour la paix dans les quartiers périphériques et pour les autorités qui accompagnent les initiatives sociales de l’Église, illustrant le lien constant entre célébration liturgique et engagement citoyen.
Enjeux financiers autour du chantier R3
Au volet financier, le chantier du bâtiment R3 s’est invité dans toutes les discussions. Projeté sur trois niveaux, il doit accueillir des bureaux, des salles d’éveil biblique et un centre de formation. Cinquante-cinq millions de francs CFA sont déjà mobilisés, mais trente-cinq manquent pour boucler l’étape initiale.
Les délégués ont salué la transparence du rapport financier présenté par le trésorier, notant l’augmentation progressive des contributions des paroisses urbaines. Plusieurs participants ont plaidé pour une campagne numérique de collecte afin de toucher la diaspora, considérée comme une alliée naturelle de ce chantier structurant.
Un parking moderne et un garage d’entretien sont intégrés au projet, afin d’améliorer la circulation autour du siège et de générer à terme des recettes d’autofinancement. Les ingénieurs missionnés étudient des solutions écologiques, dont des panneaux solaires, pour limiter la facture énergétique.
Partenariats nationaux et internationaux renforcés
La session a été l’occasion de remercier les paroisses rurales mais aussi le gouvernement congolais, partenaire régulier dans les volets santé, assainissement et lutte contre les violences basées sur le genre. Les représentants officiels ont réitéré leur disponibilité à soutenir les initiatives sociales portées par l’Église.
Sur le plan international, l’EEC a reçu des messages d’encouragement d’églises sœurs de Norvège, de Suède et de France, ainsi que de plateformes régionales africaines. Ces canaux d’échanges, souvent anciens, renforcent la solidarité autour des enjeux de développement communautaire et d’affirmation d’un christianisme contextualisé.
Perspectives pour les fidèles congolais
Pour les jeunes urbains de Brazzaville, ces réformes interpellent. Règlements modernisés, chantiers visibles, engagement social soutenu : autant de signaux d’une Église qui cherche sa pertinence dans un environnement où les attentes spirituelles se mêlent aux défis économiques et à l’ambition d’une citoyenneté responsable.
Interrogée à la sortie, Diane, étudiante à l’Université Marien Ngouabi, estime que l’actualisation des statuts « montre que l’Église n’est pas figée ». Elle attend cependant un accompagnement plus visible des initiatives entrepreneuriales des jeunes, convaincue que la foi s’exprime aussi par le travail quotidien.
Les membres du clergé voient, eux, dans la session, un appel à la cohérence. « La parole et l’action doivent marcher ensemble », rappelle le pasteur Gustave Ndinga, persuadé qu’une gouvernance ecclésiale exemplaire peut contribuer à l’apaisement global recherché dans la société congolaise.
La clôture officielle, présidée par la ministre Irène Dibantsa, a scellé cette dynamique. Le président Guy Loko Elenga a béni l’assemblée, invitant chacun à poursuivre les chantiers ouverts, convaincu que le synode vient d’inscrire un nouveau chapitre de confiance et de responsabilité partagée.
Dans les couloirs, beaucoup évoquaient déjà la prochaine étape : un synode ordinaire en 2025 où les fruits des réformes devront être évalués. D’ici là, l’EEC entend multiplier les formations, persuadée qu’un leadership bien outillé reste la meilleure garantie d’une transformation durable.