Un souffle nouveau pour l’artisanat dolisien
Dans les allées animées du marché central de Dolisie, l’annonce est vite devenue le sujet principal : 159 artisans et commerçants domaniaux viennent de recevoir un financement du Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’une institution publique leur accorde un tel levier financier.
Les montants attribués, compris entre trois cent mille et deux millions de francs CFA, couvrent aussi bien les étals de produits vivriers que les petits ateliers de couture ou de photographie. Dans une ville où l’auto-emploi est vital, cet apport est perçu comme une bouffée d’oxygène décisive.
Modalités et attentes du Figa
Le directeur général du Figa, Branham Kintombo, insiste sur la nature des fonds : « Il s’agit d’un crédit revolving. Chaque remboursement créera de la place pour un nouveau bénéficiaire ». Le mécanisme encourage donc la discipline financière tout en construisant une chaîne solidaire de financement.
Selon la direction technique, le calendrier de remboursement est ramené jusqu’à trente-six mois, avec un taux d’intérêt jugé abordable et fixe. Les bénéficiaires signent un engagement moral mais aussi entrepreneurial : tenir une comptabilité simplifiée, déclarer au fisc local et participer aux sessions de formation en gestion proposées par le fonds.
Une troisième vague, forte de trois cents dossiers déjà validés, entrera en scène dès que les réserves seront reconstituées. Au total, ce sont 856 demandes qui ont afflué, signe d’une vitalité entrepreneuriale que les autorités souhaitent désormais canaliser plutôt que freiner.
Témoignages et réactions locales
Issa Ngoma, maraîcher de 28 ans, décrit le crédit obtenu comme « la meilleure pluie de la saison ». Il prévoit d’acheter une motopompe et d’étendre sa parcelle. À terme, il espère employer deux aides supplémentaires et approvisionner les cantines scolaires en légumes frais.
Pour Yvonne Moké, restauratrice sur l’avenue Matsoua, l’enjeu est l’hygiène. Son enveloppe de 1,2 million FCFA financera l’acquisition d’un réfrigérateur homologué et la rénovation du local. « Les clients verront la différence », sourit-elle, consciente que la qualité devient un argument commercial décisif.
Le maire Marcel Koussikana salue une initiative qui, selon lui, « trouve la ville là où elle se bat et l’aide à se relever ». Dans le même esprit, la ministre Jacqueline Lydia Mikolo rappelle aux porteurs de projets qu’ils sont « des bâtisseurs de l’économie congolaise », soulignant l’importance d’un entrepreneuriat enraciné dans les réalités locales.
Impact attendu sur la dynamique urbaine
D’un point de vue macro-économique, l’injection de capitaux dans le tissu artisanal crée un effet multiplicateur sur la consommation domestique. Chaque atelier rénové achète des fournitures, paye des taxes municipales et stimule le commerce de proximité, explique l’économiste urbain Rodrigue Talaki.
La politique de crédit ciblé correspond par ailleurs aux recommandations du Plan national de développement, qui mise sur la diversification. En soutenant la transformation primaire – poissons fumés, jus de fruits, mobilier en fer forgé – le Figa réduit la dépendance aux importations et encourage la création de valeur sur place.
Le volet social n’est pas négligé. La majorité des bénéficiaires emploient des jeunes sans diplômes formels. L’accès au financement, doublé d’un accompagnement technique, pourrait devenir un rempart contre l’exode vers les métropoles côtières, selon les services de l’Emploi.
Vers un écosystème entrepreneurial renforcé
Pour pérenniser les résultats, des sessions trimestrielles de suivi sont programmées à la maison municipale. Elles viseront à mesurer l’évolution des chiffres d’affaires, identifier les retards de remboursement et proposer des correctifs. Cette gouvernance de proximité est jugée essentielle afin de bâtir la confiance autour du dispositif.
Le Figa envisage également de créer un fonds de garantie mutualisé impliquant les caisses d’épargne locales. Une telle innovation permettrait d’élargir l’enveloppe globale sans grever le budget de l’État, tout en responsabilisant le système bancaire dans la promotion du petit entrepreneuriat.
Enfin, la digitalisation est déjà à l’étude. Un portail permettra dès 2024 de suivre les décaissements, déposer des demandes et accéder à des modules d’e-learning. L’objectif, résume Branham Kintombo, est de « faire passer l’artisan de la cahute à l’écosystème connecté » tout en maintenant l’ancrage communautaire.