Concours d’excellence à Brazzaville
Samedi dernier, le campus du lycée de la Révolution, dans le dynamique arrondissement de Ouenzé, a vibré sous l’effervescence de 300 jeunes candidats prêts à décrocher une place dans l’établissement conventionné d’excellence qui fait figure de référence éducative à Brazzaville.
Dès six heures du matin, files disciplinées, prise de température, vérifications d’identité et consignes sanitaires rappelaient aux élèves que l’exigence commence avant même la première épreuve. À huit heures précises, les portes se sont refermées, laissant place au silence studieux des salles.
Pour les candidats issus du CM2, la rédaction a ouvert le bal, suivie du calcul écrit, de l’histoire-géographie et des sciences de la vie et de la terre. Les collégiens de troisième, eux, se sont mesurés aux mathématiques, aux sciences physiques puis à l’expression écrite.
Un établissement au double programme
La proviseure, Hortie Amélie Malou-Malou, rappelle que le lycée conventionné, inauguré en 2019, propose simultanément le programme congolais et le programme français. L’objectif est de former des citoyens capables d’évoluer aisément dans les deux espaces linguistiques, académique et professionnel.
Notre pays est signataire de plusieurs accords de mobilité régionale et internationale, souligne-t-elle, il nous fallait une école qui outille les apprenants afin qu’ils soient, d’ici quelques années, des ingénieurs, médecins ou gestionnaires capables d’intégrer sans complexe les grandes universités étrangères.
Sous l’autorité du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Alphabétisation, le lycée bénéficie également d’un partenariat avec l’Agence pour l’Enseignement français à l’étranger, garantissant la formation continue du corps professoral et la conformité des manuels aux standards internationaux.
Des chiffres qui parlent
Cette année, le taux de réussite a atteint 100 % au BEPC, 84,46 % au baccalauréat congolais et 77,88 % au baccalauréat français. Des chiffres salués par l’inspecteur général David Boké qui a présidé le lancement des épreuves du concours.
Plus qu’un palmarès flatteur, ces statistiques montrent, selon M. Boké, que la réforme curriculaire engagée par les autorités commence à porter ses fruits, notamment grâce au renforcement des équipements scientifiques et au suivi régulier des enseignants par des inspecteurs pédagogiques.
La direction annonce déjà qu’aucun numerus clausus ne sera appliqué : tout candidat décrochant une moyenne d’au moins 12 / 20 sera admis. L’engouement de cette session laisse présager des effectifs en hausse, signe d’une confiance grandissante des familles urbaines brazzavilloises.
Témoignages de candidats et de parents
À la sortie des salles, Clémence, 11 ans, confie que la rédaction portait sur l’amitié. J’ai raconté comment la solidarité entre camarades permet de réussir, dit-elle, tout en serrant son dictionnaire contre elle, visiblement soulagée d’avoir franchi la première étape.
Son père, fonctionnaire au Plateau, voit dans l’école une passerelle vers des horizons plus larges. Les statistiques parlent d’elles-mêmes, observe-t-il, et le cadre sécurisé du lycée rassure des parents comme moi qui n’ont pas toujours le temps de suivre les devoirs à la maison.
Même satisfaction du côté de Laure, collégienne, qui décrit une épreuve de physique abordable mais exigeante. J’ai été surprise de rencontrer des exercices basés sur des expériences du quotidien, explique-t-elle, rappelant que l’école mène régulièrement des travaux pratiques pour ancrer les notions dans le réel.
Pour le sociologue de l’éducation Stanislas Koussou, la confiance dans cet établissement tient aussi au modèle d’internat mixte, rare à Brazzaville. Les familles voient leurs enfants protégés des distractions extérieures, tout en restant en contact via les visites hebdomadaires, affirme cet observateur.
Les enjeux nationaux de la qualité
Au-delà des performances individuelles, l’initiative répond à l’ambition nationale d’améliorer l’indice de capital humain, actuellement évalué par la Banque mondiale à 0,42. Chaque année de scolarité supplémentaire peut accroître les revenus futurs de 10 %, rappellent les économistes du ministère du Plan.
Le partenariat public-privé qui soutient le lycée pourrait servir de modèle à d’autres établissements des principales villes du pays. Des discussions sont en cours pour renforcer la filière scientifique et introduire, dès 2027, une option dédiée à l’intelligence artificielle et à la robotique.
Interrogé sur ces perspectives, le directeur de cabinet du ministère, Serge Oba, estime que la diversification de l’offre scolaire est un vecteur d’équité. L’excellence ne doit pas rester l’apanage de quelques quartiers favorisés, insiste-t-il, mais irriguer l’ensemble du territoire national.
Vers une montée en puissance
D’ici la proclamation des résultats attendue fin septembre, les 300 candidats profitent d’une trêve bien méritée. Les parents, eux, se penchent déjà sur l’épineuse question de la fourniture des uniformes et des manuels, rédempteurs rituels de chaque rentrée.
Le comité de gestion a prévu une séance d’orientation collective pour guider les nouveaux admis et éviter l’écueil des abandons en cours d’année. L’accompagnement psychopédagogique constitue, selon la proviseure, la clé de taux de réussite presque insolents pour un établissement si jeune.
À mesure que s’installe l’idée d’un Congo brazzavillois misant sur le savoir, ces 300 jeunes incarnent l’espoir. Leur succès serait aussi celui d’un système éducatif qui se modernise, tout en réaffirmant son ancrage national, fidèle aux valeurs de solidarité et d’ambition.