Brazzaville : la DRD clarifie son choix
Jeudi 21 août 2025, 280 conseillers nationaux de la Dynamique républicaine pour le développement se sont installés dans la grande salle de la préfecture de Brazzaville. L’ancien ministre Hellot Matson Manpouya, désormais haut-commissaire aux États généraux de l’éducation, présidait la rencontre empreinte d’une atmosphère studieuse.
Après plusieurs heures de débats, les délégués ont demandé au président Denis Sassou Nguesso d’accepter de porter les couleurs du parti lors de la présidentielle de mars 2026. « Son expérience reste un acquis capital pour consolider les réformes en cours », a résumé le rapporteur général de la session.
Le conclave a aussi décidé de dissoudre le Bureau exécutif national pour le remplacer par une commission transitoire chargée de piloter la vie interne jusqu’au deuxième congrès. Une mesure censée accélérer la modernisation des structures, explique un communiqué final soigneusement pesé.
Élection présidentielle 2026 : mobilisation DRD
La DRD, deuxième force de la majorité après le Parti congolais du travail, veut transformer cette investiture en véritable dynamique de terrain. Les fédérations départementales prévoient des tournées dès septembre, afin de sensibiliser militants et sympathisants sur les nouveaux enjeux socioéconomiques.
« La victoire se prépare à travers une présence soutenue dans les quartiers et les villages », rappelle Guylain Ondongo, secrétaire chargé de l’implantation, confiant que la jeunesse urbaine reste prioritaire. Des ateliers de formation au porte-à-porte et aux réseaux sociaux complètent le dispositif.
Les arguments avancés par la direction
Pour Hellot Matson Manpouya, la stabilité politique et la poursuite des grands chantiers d’infrastructures justifient l’appel à la candidature. Il invoque notamment le chantier de la route Ketta-Djoum, l’extension des réseaux électriques et la feuille de route du numérique déjà amorcée.
Selon le politologue Léonard Mavoungou, l’alignement de la DRD sur Sassou Nguesso renforce l’image d’une majorité resserrée autour d’objectifs clairs : croissance non pétrolière, sécurité et cohésion sociale. « Le parti mise sur une continuité qui rassure investisseurs et populations », souligne-t-il.
Entre stabilité et renouvellement générationnel
Si la DRD s’appuie sur le bilan du chef de l’État, elle affiche aussi l’ambition d’élargir sa base vers les jeunes diplômés. La ligue juvénile prépare un concours d’innovation sociale, dont les lauréats présenteront leurs projets au président lors d’un forum prévu à Oyo.
La branche féminine, dirigée par Rosalie Bazingha, insiste sur la nécessité d’augmenter la représentation des femmes aux prochaines législatives. « Soutenir le président n’exclut pas de défendre la parité », dit-elle, citant la loi de 2019 sur la promotion du genre.
Les défis logistiques avant le scrutin
Derrière les discours, le parti doit gérer la question sensible du financement de la campagne. Une commission ad hoc, pilotée par l’économiste Marius Ibata, élabore un budget rationalisé privilégiant les contributions internes et le soutien de la diaspora.
La sécurisation des bureaux de vote figure également au programme. Des sessions de formation pour les assesseurs se tiendront dans chaque chef-lieu de district, en lien avec les autorités électorales. Objectif déclaré : réduire les contestations et offrir un vote fluide.
Réactions de la société civile et des experts
Du côté des organisations citoyennes, l’annonce a été reçue sans surprise. Le Réseau Paix et Participation estime que « la clarté des positionnements facilite la préparation des débats ». D’autres acteurs plaident pour un code de conduite entre partis pour apaiser la compétition.
Henriette Okemba, sociologue, y voit un signe de maturité démocratique : « Les congrès d’investiture sont maintenant retransmis en direct sur les médias nationaux, ce qui encourage la transparence ». Elle rappelle pourtant l’importance d’un dialogue constant avec la jeunesse, parfois sceptique.
Perspectives politiques à l’horizon mars 2026
Avec ce ralliement, la majorité présidentiellese présente unie à neuf mois du scrutin. D’ici là, la Commission nationale électorale indépendante doit publier le chronogramme détaillé. Les principales forces de l’opposition, quant à elles, finalisent encore leurs procédures internes.
Pour l’analyste Pascal Obambé, la campagne s’ouvrira sur un duel entre continuité et propositions alternatives, mais les questions de pouvoir d’achat et d’emploi domineront les débats. La DRD, forte de son nouveau visage organisationnel, compte bien se placer au cœur de ces discussions.