Forum Horizon Initiative 2025 : un cru décisif
À Pointe-Noire, la cinquième édition du Forum horizon initiative et créativité a réuni, du 21 au 23 août, un millier d’acteurs économiques. Sous les plafonds flambant neufs de l’auditorium du Port autonome, la question du financement des petites entreprises a dominé chaque table ronde.
Le calendrier national n’a jamais semblé aussi aligné sur les ambitions du secteur privé. Dans le sillage du Plan national de développement 2022-2026, le gouvernement encourage la création d’emplois via des partenariats ciblés avec les organisations professionnelles, un choix salué par la plupart des économistes présents.
Le moment fort est survenu le 22 août avec la signature d’une convention entre le Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement et l’Organisation de développement des entreprises locales. Un engagement de cinq milliards de francs CFA a été acté pour sécuriser les prêts destinés aux PME.
Une garantie publique pour rassurer les banques
À la tribune, Dayi Allaire Branham Kintombo, directeur général du Figa, a rappelé que l’institution ne prête pas directement. Sa mission consiste à créer un climat de confiance auprès des banques et des microfinances, afin qu’elles ouvrent leurs guichets aux artisans.
Selon lui, la garantie de cinq milliards s’inscrit dans la continuité du PND, lequel mise sur les secteurs à forte main-d’œuvre pour absorber le chômage urbain. « Nous voulons transformer la bonne volonté en levier financier mesurable », a-t-il déclaré en marge du forum.
Côté Odel, Ebeh Deschagrains estime que la ligne de garantie confinera à un changement d’échelle. Sur les 75 entreprises actuellement membres, l’objectif est d’atteindre un millier d’adhérents et de générer près de huit mille emplois dans la logistique, l’agroalimentaire et les services numériques.
Kolisa, microcrédit taillé pour les start-up locales
Avec Kolisa, le Figa propose un microcrédit compris entre cent mille et un million de francs CFA, attribué après une analyse rigoureuse du dossier et une inspection sur site. Le processus, assure la direction, n’excède pas deux semaines entre le dépôt et le décaissement.
Cette année, le quota des bénéficiaires est passé de deux cent cinquante à cinq cents sur demande du Premier ministre Anatole Collinet Makosso, parrain de l’événement. Le montant global, 63,8 millions de francs CFA, sera réparti entre des activités très diverses, reflétant la vitalité urbaine.
Doriane Mayoukou, coiffeuse à Moungali, insiste sur l’importance de ce soutien. « Sans garantie, aucun établissement ne voulait me suivre. Le chèque Kolisa me permettra d’acheter du matériel professionnel et de recruter une apprentie », confie-t-elle, sourire crispé mais déterminé, au sortir de l’auditorium.
Les entrepreneurs saluent un coup d’accélérateur
Dans les travées, l’enthousiasme est palpable. Ricci El Louemba, vendeuse d’habillement, a reçu le plafond d’un million de francs. Elle projette d’élargir son stock via des achats groupés à Douala. « Je crée quatre emplois saisonniers, ce financement va les pérenniser », précise-t-elle.
Les experts soulignent toutefois qu’une bonne vulgarisation financière demeure essentielle. Selon l’économiste Sylvain Mabiala, « la culture du remboursement doit être consolidée pour éviter un effet d’aubaine ». Le Figa promet un accompagnement post-crédit, incluant des sessions de suivi comptable et de marketing numérique.
Du côté bancaire, la Société générale Congo confirme déjà un premier portefeuille de dossiers en cours d’instruction. « La garantie nous permet de réduire notre ratio de risque et d’offrir des taux plus compétitifs », explique un cadre commercial, requérant l’anonymat mais affichant un optimisme prudent.
À l’échelle de la capitale économique, la convention s’ajoute aux politiques locales d’appui au secteur informel. La mairie de Pointe-Noire a ainsi annoncé la création prochaine d’un guichet unique pour les formalités administratives, mesure destinée à faciliter l’entrée des nouveaux entrepreneurs dans l’économie formelle.
Perspectives pour le tissu économique congolais
Les économistes estiment que les micro, petites et moyennes entreprises représentent déjà 90 % du tissu productif national, mais moins de 20 % accèdent au crédit classique. La convention Figa–Odel pourrait inverser cette tendance si elle parvient à attirer d’autres partenaires financiers nationaux et régionaux.
Une étude du Centre d’analyse et de prospective économique souligne qu’un milliard de francs investis dans les PME crée en moyenne cent emplois directs. Sur cette base, les cinq milliards annoncés seraient susceptibles de générer à terme près de cinq cents postes, majoritairement destinés aux jeunes.
Cependant, le défi de la formation reste crucial. Le ministère des Petites et moyennes entreprises prépare un programme de mentorat associant chefs d’entreprise expérimentés et start-up. La mesure vise à renforcer la gestion et la gouvernance interne, éléments jugés parfois fragiles par les analystes.
Pour l’instant, les entrepreneurs, les banquiers et les autorités affichent une unité rare. Tous attendent les premiers remboursements, prévus dans six mois, pour valider la solidité du modèle. Si les retours sont positifs, Pointe-Noire pourrait devenir le laboratoire financier du Congo moderne.
Au niveau régional, la Communauté économique des États d’Afrique centrale observe l’initiative avec intérêt, envisageant de répliquer le mécanisme de garantie dans d’autres ports stratégiques.