Contexte d’une fermeture prolongée
The silence qui entoure encore les portails fermés du stade Alphonse-Massamba-Débat intrigue les passionnés de football. Depuis plusieurs mois, aucun match officiel n’y a été joué, malgré un engouement populaire intact et la fin annoncée du litige qui opposait la Fécofoot aux autorités sportives.
Réunis le 22 août 2025, les membres du Comité exécutif de la fédération ont fait de cette fermeture leur premier point de débat, soulignant l’existence d’accords écrits qui, selon eux, accordent l’usage des enceintes pour vingt ans en contrepartie des pelouses synthétiques installées par la FIFA.
Pour le président Jean-Guy Blaise Mayolas, « l’interdiction actuelle ne repose plus sur aucun fondement juridique clair ». Le dirigeant rappelle qu’une ordonnance de rétractation de la Cour d’appel a levé la suspension provisoire, ouvrant théoriquement la voie au retour des compétitions nationales.
Les raisons avancées par le ministère
Côté ministère des Sports, la version est nuancée. Des responsables évoquent, sous couvert d’anonymat, des travaux de sécurisation encore inachevés et la nécessité de répondre aux nouvelles exigences de la Confédération africaine de football, notamment sur les questions d’éclairage, d’accès médicalisé et de contrôle électronique des billets.
« Nous préférons rouvrir une fois les derniers rapports techniques validés », explique un cadre rencontré dans les couloirs du Palais des sports. Selon lui, le principe de précaution prévaut, l’État ne souhaitant pas exposer le public à de possibles défaillances structurelles pendant la saison des pluies.
Les explications officielles n’ont pas encore été consignées dans un communiqué, mais une source proche du cabinet ministériel évoque un calendrier de réouverture « avant la fin de l’année sportive », le temps pour les ingénieurs de boucler les tests de résistance des gradins et des pylônes d’éclairage.
Impacts sur le calendrier sportif
La fermeture a déjà contraint trois journées de Ligue 1 à se jouer à huis clos sur des terrains d’entraînement moins adaptés à la diffusion télévisée. Les clubs estiment une perte cumulative de billetterie approchant 200 millions de francs CFA, selon un relevé interne consulté par notre rédaction.
Pour les supporters, l’absence d’ambiance de stade amoindrit l’attrait du championnat. « Le football sans tambours et sans fumigènes n’a pas la même saveur », regrette Junior Mouyabi, membre d’une association de fans du club Diables Noirs, qui suit désormais les rencontres via des flux internet parfois instables.
Les techniciens, eux, pointent les répercussions sportives. « Jouer sur une pelouse d’entraînement fatigue deux fois plus les articulations », affirme le préparateur physique Hervé Dzabatou. Il craint une recrudescence de blessures à l’approche des éliminatoires mondiales, où le Congo affrontera le Mali puis l’Égypte.
Participation internationale en jeu
La Fécofoot insiste sur la nécessité de conditions d’entraînement conformes pour ses sélections U20 et U17, engagées dans des campagnes décisives. Le règlement de la FIFA oblige, en effet, chaque fédération à disposer d’un stade homologué dans son pays pour valider l’organisation des matches aller des qualifications.
À défaut, les Diables Rouges pourraient être contraints de recevoir sur terrain neutre, scénario coûteux et impopulaire. En 2021, un déplacement forcé à Cotonou avait englouti près de 120 millions de francs CFA en logistique, rappelle un ancien trésorier, qui redoute de nouvelles charges imprévues.
Entre dialogue institutionnel et arbitrage juridique
Depuis la médiation de la Cour d’appel, les rapports entre la fédération et le ministère s’apaisent. Les deux parties se disent prêtes à une table ronde technique, avec participation d’ingénieurs civils, d’experts CAF et de représentants des clubs, afin de produire un chronogramme consensuel conforme aux obligations internationales.
Un conseiller juridique du ministère confirme que la note conjointe de 2014 reste valide, mais pourrait être actualisée pour intégrer les clauses de maintenance. « Les stades appartiennent à l’État; la fédération en détient l’usage. Clarifions le partage des responsabilités avant la réouverture », suggère-t-il, prudent.
Économie urbaine et retombées sociales
Au-delà du sport, la ville ressent l’impact économique de la fermeture. Autour du stade Massamba-Débat, vendeurs de rafraîchissements et taximen estiment avoir perdu jusqu’à 40 % de leur revenu hebdomadaire. Des chercheurs de l’Université Marien-Ngouabi examinent déjà le phénomène comme un indicateur de vulnérabilité des micro-commerces urbains.
Les autorités municipales plaident pour une relance rapide afin de soutenir le petit commerce. « Chaque match attire près de dix mille visiteurs dans le centre-ville, c’est un flux que nous ne pouvons ignorer », souligne Paul Ngassaki, directeur du développement local, qui mise sur un paquet d’allègement fiscal temporaire.
Vers une réouverture progressive
Selon nos informations, un protocole sanitaire et sécuritaire est en cours de finalisation. Il prévoirait une capacité initiale limitée à 60 %, un contrôle numérique des billets et des inspections hebdomadaires. Si les signatures interviennent début octobre, les supporters pourraient retrouver les tribunes dès la septième journée de championnat.
Les amoureux du ballon rond espèrent que le chronomètre institutionnel respectera cette feuille de route. Dans les quartiers, le mot d’ordre reste inchangé : « Rendez-nous nos stades, et le jeu reprendra sa lumière ».