Un appel à l’unité autour des Léopards
La salle polyvalente de Dolisie vibrait, le 24 août, au son des chants verts et blancs, mais le cœur de la rencontre restait le même : faire bloc. Devant les sages, les supporters et les dirigeants, un message simple s’est imposé : rassembler plutôt que diviser.
Cette atmosphère de concorde intervient après quelques semaines de tensions internes liées à une assemblée générale controversée. Les visages, d’abord fermés, se sont détendus au rythme des applaudissements ; symbole d’une famille sportive qui refuse de laisser les incompréhensions miner sa saison à venir.
Le rôle central de Rémy Ayayos Ikounga
Au centre de la scène, Rémy Ayayos Ikounga, président d’honneur, a posé un geste fort : « L’union fait la force », a-t-il rappelé, reprenant le vieux slogan des Fauves du Niari. Son intervention, mesurée, a réinstallé le dialogue à la table des dirigeants.
La réconciliation n’efface pas les débats de fond, concède-t-il, mais ouvre « un espace pour travailler sereinement ». En acceptant les excuses des sages, l’ancien ministre des Sports rappelle qu’un club n’avance qu’à la cadence d’une communion sincère entre vestiaire, tribunes et mécènes.
Ikounga insiste aussi sur l’expérience accumulée depuis l’épopée victorieuse de 2012 en Coupe de la Confédération. Cette année-là, la persévérance collective avait porté les Léopards au sommet du continent. « Gardons la même foi », glisse-t-il, conscient que la mémoire des succès galvanise un vestiaire.
Eric Mouanda, un nouveau capitaine à la barre
Désormais, tous les regards se posent sur Eric Mouanda, porté à la présidence lors de la session élective querellée. Le nouveau patron sait que la confiance demeure fragile ; il répond par un discours pragmatique centré sur la rigueur administrative, la proximité avec le staff et la transparence financière.
À ses côtés, Rémy Ayayos Ikounga promet un accompagnement discret mais ferme. « Je ne serai pas un président de l’ombre, plutôt un garde-fou », précise-t-il. L’idée est de transmettre les réseaux, d’ouvrir des portes à Brazzaville comme à l’étranger, sans empiéter sur les prérogatives du bureau exécutif.
Mouanda, quant à lui, a déjà balisé sa feuille de route. Première étape : stabiliser l’effectif en limitant les départs vers les championnats voisins. Un travail de persuasion est engagé auprès des cadres, séduits par les offres venues de Kinshasa ou de Luanda, pour qu’ils rempilent une saison supplémentaire.
Objectif : franchir le premier tour continental
Le calendrier continental impose son tempo. Le 21 septembre, les Léopards accueilleront Black Bulls du Mozambique au stade Alphonse-Massamba-Débat, avant de se rendre à Maputo sept jours plus tard. Le vainqueur décroche un ticket pour le deuxième tour, épreuve qui avait stoppé le club la saison passée.
Pour aborder ce duel, le staff technique de François Ibéla mise sur une préparation délocalisée entre Pointe-Noire et Kintélé, terrains plus adaptés aux exigences d’un football offensif. Les séances vidéo analysent déjà le pressing haut des Mozambicains, tandis que le préparateur physique affine la résistance anaerobie du groupe.
« Nous voulons courir plus vite et plus longtemps qu’eux », assure le préparateur Pierre N’Goma en bord de pelouse. La dimension athlétique occupe les matinées, tandis que l’après-midi est réservée au travail tactique. Les ateliers de finition entendent réveiller le sens du but, parfois défaillant l’an dernier.
Une préparation qui mobilise toute la ville
Hors du rectangle vert, la municipalité de Dolisie participe à l’effort. Des travaux de rafraîchissement de la tribune principale sont lancés, et des comités de supporters promettent une affiche géante pour la rencontre de Brazzaville. L’ambition est claire : offrir une atmosphère digne des grands soirs africains.
Cette mobilisation populaire illustre l’enjeu social du football au Congo. Au-delà du spectacle, la performance du club influence l’activité des petits commerces, des transporteurs et même des hôtels. Une qualification prolongerait la saison, dynamisant l’économie informelle déjà ressentie lors des échéances continentales précédentes.
Le football congolais face à ses défis
Pour le ministère des Sports, ces compétitions offrent aussi une vitrine. Un cadre du département, sous couvert d’anonymat, souligne que « chaque tour passé augmente notre coefficient CAF ». À terme, le Congo pourrait regagner une seconde place qualificative, atout précieux pour élargir la base de talents exposés.
En attendant, la feuille de match du 21 septembre s’écrit dans la sérénité retrouvée. La poignée de main entre Ikounga et Mouanda a désamorcé les querelles, offrant une pause bienvenue à des joueurs qui préfèrent parler ballon que statuts. Reste à convertir cet apaisement en victoires tangibles.
Si la route reste longue, l’AC Léopards sait qu’elle commence souvent dans les coulisses. La dynamique collective enclenchée à Dolisie devra traverser les déplacements, les blessures et les aléas. Mais pour l’instant, le vestiaire ne veut retenir qu’un mot : ensemble.
Le sponsoring privé reste cependant une équation délicate pour les clubs congolais. Les dirigeants poursuivent les négociations avec une brasserie nationale et un opérateur télécom afin de sécuriser de nouveaux revenus. L’objectif est de financer les primes de performance sans recourir exclusivement à la subvention publique.