Brazzaville accueille la délégation du Fijada
Sous la lumière douce du crépuscule, l’allée piétonne Charles-Ebina s’est transformée en agora citoyenne. Jonathan Lumbeya Masuta, président du Fijada, y a posé ses valises le 23 août, entouré de jeunes leaders, pour restituer les travaux de Kinshasa.
Créé en 2022, le Fijada se veut laboratoire d’idées et réseau d’action. Son arrivée sur la rive droite du fleuve Congo intervient dans un climat local favorable à l’innovation sociale, soutenu par les politiques nationales de promotion de la jeunesse mises en avant par les autorités congolaises.
Un carrefour d’acteurs jeunesse et institutions
Autour des chaises rangées à la hâte, on repérait des représentants du Conseil consultatif de la jeunesse, des agences onusiennes et d’associations brazzavilloises. L’ancien député José Cyr Ebina, hôte attentif, a rappelé « l’urgence de puiser dans nos racines pour construire le futur ».
La présence d’institutions internationales, saluée par le ministère congolais de la Jeunesse, confirme l’alignement du pays avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine, tout en ouvrant la voie à des partenariats techniques et financiers que les jeunes attendent impatiemment.
Les axes stratégiques issus de Kinshasa
Devant l’assemblée, Deborah Bowa Baïke, ambassadrice du mouvement, a détaillé les six priorités définies le 12 août à Kinshasa : éducation environnementale, entrepreneuriat vert, accès aux technologies propres, implication des jeunes dans les décisions, mobilisation communautaire et mentorat intergénérationnel.
« Nous ne voulons pas rester dans la théorie », a-t-elle insisté, rappelant que chaque objectif est assorti d’indicateurs et d’un calendrier d’évaluation comprenant un suivi semestriel partagé avec les États partenaires.
Focus sur l’éducation verte et l’entrepreneuriat
Brazzaville, déjà engagée dans des campagnes de reboisement urbain, voit dans ces recommandations un tremplin. Les responsables du Programme national d’afforestation, présents incognito, ont reconnu que le savoir-faire du Fijada peut renforcer la sensibilisation dans les écoles primaires.
Plusieurs start-ups congolaises, spécialisées dans le recyclage de plastique, ont profité de la rencontre pour proposer des stages. « Nos machines transforment un déchet en carreau, mais le vrai ciment reste l’audace des jeunes », glisse Junior Boungou, fondateur d’Ekuga Tech, sous un tonnerre d’applaudissements.
Visa africain et coopération : questions brûlantes
La séance de questions a vite tourné autour de la mobilité intra-africaine. Un étudiant a ironisé sur « l’e-visa plus rapide pour l’Europe que pour le voisin ». Jonathan Masuta a reconnu l’obstacle, tout en saluant l’engagement de la Communauté économique des États d’Afrique centrale pour faciliter les séjours d’étude.
Sur la différence entre diplomatie et coopération, le public a évoqué la nécessité de former les jeunes aux carrières internationales. Les représentants onusiens ont rappelé l’existence de bourses spécifiques, encore sous-utilisées par les Congolais, faute d’information structurée.
Cap sur Brazzaville pour la prochaine table-ronde
Au terme des échanges, Daniel Biangoud a reçu le trophée symbolisant son mandat de représentant national. « Je mesure la responsabilité qui m’incombe », a-t-il déclaré, promettant d’ouvrir rapidement des clubs Fijada dans les neuf arrondissements de la capitale.
Jonathan Masuta a, pour sa part, proposé que la prochaine table-ronde se tienne à Brazzaville. L’annonce a suscité des sourires complices chez les officiels, conscients de l’opportunité diplomatique et économique qu’offre un tel rassemblement continental.
Enjeux pour la politique nationale de la jeunesse
Le Congo affiche déjà une Stratégie nationale jeunesse 2022-2026 axée sur l’emploi et la citoyenneté. Accueillir la rencontre du Fijada renforcerait cette feuille de route, en attirant financements et expertises externes pouvant soutenir les incubateurs locaux.
La capitale, laboratoire culturel et économique, dispose d’atouts logistiques : connexion aérienne, infrastructures hôtelières modernisées et fibre optique en expansion. Autant de leviers que le gouvernement et la municipalité entendent valoriser, afin de transformer l’engagement des jeunes en croissance inclusive.
Perspectives d’un élan continental
Alors que le crépitement des appareils photo s’estompe, il reste un écho : la jeunesse congolaise ne manque ni d’idées ni d’énergie. L’enjeu est de canaliser cet esprit d’initiative dans des projets mesurables, capables de créer des emplois et de protéger l’environnement.
Dans cette perspective, le Fijada et les autorités locales projettent des ateliers mixtes, associant experts internationaux, entrepreneurs et universitaires. Le rendez-vous promis en 2026 pourrait marquer un tournant, laissant Brazzaville rayonner comme hub de la jeunesse africaine engagée.