Un nouveau visage à la tête du CSLC
La nomination, début août, de Médard Milandou Nsonga à la présidence du Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC) a immédiatement attiré l’attention du secteur médiatique congolais, en quête de stabilité et de cadrage règlementaire depuis le départ de Philippe Mvouo.
Dès la publication du décret, les rédactions de Brazzaville ont commenté le parcours de ce juriste connu pour ses arbitrages mesurés. Plusieurs directeurs voient en lui un médiateur capable de concilier impératifs de liberté et exigences de responsabilité.
L’Union des professionnels de la presse du Congo (UPPC) a salué la décision dans un communiqué daté du 18 août 2025, soulignant « le sentier de sagesse » légué par l’ancienne équipe et invitant le nouveau président à l’élargir.
Une union de la presse mobilisée
Créée il y a plus d’une décennie, l’UPPC fédère une vingtaine d’associations, de journalistes aux éditeurs. Elle se présente comme la cheville ouvrière de la société civile pour tout ce qui touche à la qualité de l’information et à la protection des reporters.
Dans son document, l’UPPC rappelle que la presse congolaise se trouve « à un tournant crucial ». Elle insiste sur la nécessité d’une concertation permanente avec le CSLC afin d’anticiper les mutations, tant technologiques que déontologiques, qui bouleversent la production d’actualités.
Les signataires, Édouard Adzotsa et Jean-Clotaire Hymboud, rappellent aussi la vocation de l’Union : consolider l’esprit de corps, favoriser la solidarité professionnelle et promouvoir les conditions d’un exercice libre, gage d’un dialogue social apaisé au sein des rédactions.
Les chantiers repriorisés de 2025
Au premier rang des priorités figure l’application des recommandations issues des Assises nationales de la presse tenues à Brazzaville en octobre 2018. Plusieurs points, votés à l’unanimité, attendent toujours la phase d’exécution concrète dans les salles de presse.
Former les journalistes et certifier les titres demeurent essentiels. L’UPPC demande un calendrier précis pour concrétiser ces engagements adoptés en 2018.
L’Union souligne également l’importance de consolider la chaîne de distribution, fragilisée par le coût du papier et la concurrence des supports numériques. Une réflexion sur la fiscalité du secteur est jugée indispensable pour garantir la viabilité économique des imprimeries locales.
Financement : le Fonds d’appui attendu
La loi de finances 2025 a institué un Fonds d’appui aux organes de presse (FAOP) doté de 600 millions de francs CFA. L’annonce avait suscité un fort optimisme parmi les jeunes rédactions installées sur les deux rives du fleuve.
L’UPPC redoute toutefois l’inertie administrative qui avait bloqué, par le passé, la Redevance audiovisuelle. Elle exhorte donc le régulateur à sécuriser les mécanismes de décaissement afin que la manne budgétaire atteigne effectivement les radios communautaires et les journaux de quartier.
Les responsables de l’Union estiment que la gouvernance du fonds gagnera en crédibilité si un reporting public régulier est instauré. Une commission mixte, réunissant régulateur, trésor public et société civile, est proposée pour baliser le suivi.
Genre et professionnalisme en question
Si le communiqué félicite la nouvelle équipe, il note l’absence de représentantes féminines au sein du bureau du CSLC. L’UPPC rappelle l’engagement national pour la parité et encourage la prise en compte des compétences féminines lors des prochaines désignations.
L’Union alerte aussi sur l’usurpation de titres professionnels, phénomène qui brouille la perception du public. Elle préconise la création d’un registre officiel des journalistes, accessible en ligne, pour distinguer clairement les acteurs formés des simples animateurs occasionnels.
Plusieurs directrices de rédaction, interrogées à Brazzaville, partagent ce constat. « Notre crédibilité dépend de la rigueur du casting », confie Mireille Sita, éditrice indépendante, convaincue que la féminisation du secteur renforcera l’analyse et diversifiera les angles.
Perspectives de collaboration constructive
Le CSLC, de son côté, assure dans une note adressée aux médias vouloir travailler « en synergie » avec toutes les organisations professionnelles. Des ateliers sont annoncés dès le prochain trimestre pour harmoniser les grilles de sanctions et les barèmes éthiques.
Dans les collèges universitaires, des enseignants voient dans cette convergence un levier pour rehausser le niveau des futurs diplômés. La possibilité d’inclure des modules sur l’économie des médias et la régulation est évoquée, en lien avec le ministère de l’Enseignement supérieur.
À court terme, l’UPPC promet de suivre, indicateur par indicateur, les avancées du CSLC. « Notre rôle n’est pas de sanctionner mais d’accompagner », insiste Édouard Adzotsa, qui se dit confiant dans la capacité collective à revitaliser un paysage médiatique pluraliste.
En définitive, la dynamique lancée autour du nouveau président du CSLC ouvre une fenêtre d’opportunité. Les professionnels espèrent que les décisions annoncées sortiront rapidement du cadre institutionnel pour irriguer les salles de rédaction et redonner confiance aux lecteurs.