De nouveaux terrains pour le lycée A.A Neto
Au cœur du sixième arrondissement de Brazzaville, Talangaï, la cour du lycée Antonio-Agostinho Neto a changé de visage. Deux terrains flambant neufs, tracés pour le basketball et le volleyball, attirent déjà les regards des élèves au retour des vacances.
Vendredi 26 août, une poignée de minutes a suffi pour que les services du ministère des Sports remettent officiellement la plateforme à leurs homologues de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’Alphabétisation, scellant un passage de témoin hautement symbolique.
Un souffle sportif pour Talangaï
Dans ce quartier densément peuplé, les espaces sûrs pour pratiquer un sport collectif se comptaient encore sur les doigts d’une main. L’arrivée de surfaces normalisées répond à une attente exprimée de longue date par parents, associations et conseils de quartier soucieux d’occuper sainement la jeunesse.
Jean Robert Bindélé, directeur général des Sports, a rappelé devant la presse que l’initiative s’inscrit dans un programme national d’intégration du sport au cursus scolaire. Selon lui, « c’est ici que naissent les premières passions, le goût du collectif et le respect de l’adversaire ».
Une réponse à la demande des jeunes
À la sortie des cours, un cercle d’élèves teste déjà le marquage immaculé du parquet synthétique. Clément, 15 ans, sourire collé aux oreilles, se félicite de « ne plus devoir traverser la ville pour jouer sur un vrai terrain ». Son enthousiasme fait écho à beaucoup.
Les associations sportives implantées dans l’arrondissement envisagent de créer des ligues juniors adossées au lycée. L’animateur Jacques Obambi y voit « un vivier qui manquait cruellement ». Il estime que l’équipement facilitera la découverte précoce de talents aujourd’hui dispersés ou découragés par le manque d’infrastructures.
Financement et expertise locales
La réhabilitation a mobilisé un budget issu du Fonds national pour la promotion et le développement des activités physiques et sportives. Les travaux, conduits par plusieurs PME congolaises, ont privilégié des matériaux résistants au climat tropical afin d’alléger les coûts de maintenance à long terme.
Des techniciens du ministère des Sports, appuyés par une start-up brazzavilloise spécialisée dans les revêtements, ont contrôlé chaque étape. Le conseiller technique Patrice Ngatsé loue « une coopération institutionnelle exemplaire qui prouve que les compétences nécessaires existent chez nous lorsque les moyens et la volonté se conjuguent ».
Impact sur la réussite scolaire
Des études menées par l’Université Marien Ngouabi montrent que les lycéens pratiquant au moins trois heures de sport par semaine améliorent de 8 % leurs résultats en mathématiques. Le proviseur du lycée A.A Neto compte intégrer ces données pour convaincre les parents encore hésitants.
Le programme d’Éducation physique et sportive sera réorganisé afin de répartir les séances entre théorie et pratique compétitive. Au second trimestre, un championnat interne opposera classes et filières. L’objectif, précise le service de la vie scolaire, est de renforcer l’esprit d’équipe avant les examens nationaux.
Vers des talents nationaux de demain
La fédération congolaise de basketball prévoit déjà de suivre les performances enregistrées sur le nouveau parquet. Des repérages seront effectués lors des tournois scolaires pour sélectionner, dès la rentrée prochaine, les meilleurs profils susceptibles d’intégrer les centres de formation nationaux.
Côté volleyball, l’entraîneuse nationale adjointe, Évelyne Koudissa, annonce une série de stages décentralisés. « L’objectif est double, explique-t-elle : densifier la base licenciée et préparer les Jeux africains de 2027 ». Les discussions pour étendre le modèle à d’autres établissements sont lancées.
Paroles d’élèves et d’encadreurs
Au bord du terrain, Nadège, élève en terminale, insiste sur la portée citoyenne : « jouer ici, c’est apprendre le respect mutuel, même entre filières scientifiques et littéraires ». Son professeur d’EPS, lui, affirme que le matériel neuf réduit les risques de blessures observés précédemment.
Les parents d’élèves réunis dans le comité de gestion apprécient aussi l’ouverture des terrains en dehors des heures de cours. Ils y voient une alternative plus sûre que les terrains vagues. Le président du comité assure qu’une charte d’utilisation responsable sera affichée dès septembre.
Dans les tribunes fraîchement repeintes, les anciens du lycée se remémorent leurs exploits sur l’ancien goudron fissuré. Leur présence illustre le lien intergénérationnel que nourrit le sport scolaire. Beaucoup promettent de contribuer financièrement à l’entretien pour éviter que l’équipement ne tombe en désuétude.
Avant de quitter les lieux, le représentant du ministère de l’Enseignement secondaire a rappelé que l’entretien régulier conditionne la pérennité de l’investissement public. Il a annoncé la création d’une cellule mixte, composée d’élèves volontaires et de techniciens, chargée de surveiller l’état des installations.
À Talangaï, on mise désormais sur le cercle vertueux : terrain de qualité, pratique régulière, performances accrues et, en retour, fierté collective. Si la recette prend, le modèle pourrait être décliné dans les collèges périphériques, consolidant ainsi la place du sport dans l’éducation congolaise.