Une session 2025 sous le signe de la progression
La publication des résultats des brevets techniques et professionnels, intervenue le 27 août à Brazzaville, a surpris agréablement élèves et parents. Pour la session de juin 2025, les jurys annoncent un taux global nettement supérieur à celui de 2024, suscitant un enthousiasme croissant dans les lycées professionnels.
Selon le président général des jurys, Rufin Mviri, la progression reflète « le travail acharné des apprenants et des enseignants » ainsi que la rigueur observée dans les centres d’examen. Son comité souligne que les corrections anonymes et la double lecture ont renforcé la crédibilité du processus.
Focus sur le Brevet de technicien forestier
Le Brevet d’études techniques affiche cet été 5 308 admis sur 6 841 candidats, soit 77,59 %. Ce score, en hausse sensible, confirme le retour d’un accompagnement pédagogique plus ciblé dans les filières bâtiment, électrotechnique et hôtellerie, domaines très demandés sur le marché urbain brazzavillois.
La performance la plus commentée reste cependant celle du Brevet de technicien forestier. Cinquante-neuf prétendants se sont présentés, cinquante-neuf ont été déclarés reçus. La série enregistre ainsi un inédit 100 % de réussite, salué comme un signal encourageant pour la valorisation des métiers verts.
Pour les observateurs, ce résultat illustre les investissements récents consentis dans l’École nationale des métiers forestiers de Kintélé, qui a modernisé ses ateliers de dendrométrie et renouvelé son équipement numérique en partenariat avec plusieurs acteurs du secteur privé soucieux d’une gestion durable des forêts congolaises.
Les enjeux de l’enseignement technique congolais
Du côté du Brevet d’études professionnels, 315 admis sur 424 candidats représentent 74,29 %. La filière couture, très féminisée, signe l’une des progressions les plus notables, portée par des cours pratiques intensifiés qui ont permis aux élèves de consolider leurs gestes techniques avant l’épreuve finale.
Les syndicats d’enseignants se félicitent de ces statistiques, tout en rappelant la nécessité d’une formation continue. « L’industrie évolue vite, il faut suivre », explique un formateur en maintenance informatique qui préfère conserver l’anonymat, estimant que les stages en entreprise restent essentiels pour accroître la pertinence pédagogique.
Témoignages d’élèves et de jurés
Dans les couloirs du lycée technique de Poto-Poto, Mireille, lauréate en électricité, confie avoir révisé en groupe au Centre culturel russe. « Nous profitions du wifi gratuit pour consulter les anciens sujets », raconte-t-elle, soulignant l’importance des ressources numériques libres dans les révisions.
Pour les parents, la disponibilité accrue d’enseignants permanents a également joué. À Talangaï, un parent d’élève remarque que « les professeurs venaient même le samedi pour corriger les exercices ». Cette présence renforcée a créé un encadrement perçu comme déterminant dans la réduction de l’échec scolaire.
La délibération, organisée dans l’enceinte du ministère de l’Enseignement technique et professionnel, s’est déroulée en présence d’observateurs indépendants. Le protocole de transparence, instauré l’an dernier, prévoit l’affichage public immédiat des listes, réduisant d’éventuelles contestations et installant un climat de confiance chez les candidats.
Perspectives pour la prochaine rentrée
Les autorités soulignent que ces succès s’inscrivent dans la feuille de route gouvernementale visant à élever l’employabilité des jeunes. Le plan prévoit la construction de nouveaux ateliers pédagogiques à Dolisie et Pointe-Noire ainsi que l’actualisation régulière des programmes en concertation avec les entreprises nationales.
Professeur d’économie, Albert Okandzi avertit toutefois que l’amélioration des statistiques ne doit pas occulter la question du matériel didactique. Il rappelle que certaines filières utilisent encore des machines importées dans les années 1990, rendant indispensable un budget d’entretien systématique pour préserver les acquis récents.
Une note interne du ministère consultée par notre rédaction indique qu’un audit des équipements est en cours. Les techniciens dresseront un inventaire précis avant la fin d’octobre, première étape vers un éventuel appel d’offres destiné à renouveler les postes de soudure et les tours conventionnels.
À la Faculté des sciences de l’éducation, la sociologue Irène Goma observe que les bons résultats peuvent créer un « effet d’attraction » pour les filières techniques souvent délaissées. Elle estime que la multiplication des portails d’orientation en ligne facilitera l’inscription des collégiens vers ces parcours professionnalisants.
L’enthousiasme est également palpable du côté des recruteurs. Un responsable d’une société de construction explique que « l’obtention d’un Bet avec mention est désormais un critère prioritaire » dans ses campagnes de recrutement, signe que les diplômes locaux gagnent en crédibilité sur le marché congolais des compétences.
À court terme, le ministère envisage de numériser tout le processus d’inscription aux examens, de l’attestation d’identité à la délivrance des relevés de notes. Le projet pilote, qui démarrera en janvier, promet de réduire considérablement les files d’attente devant les guichets académiques.
En attendant, les lauréats profitent de leurs vacances prolongées avant de franchir le cap de l’enseignement supérieur ou de l’emploi. Les tableaux d’affichage, couverts de sourires et de selfies, rappellent qu’une génération entière vient d’écrire une page optimiste de l’éducation technique congolaise.