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    Culture

    Découverte d’un marché d’esclaves caché à Brazzaville

    BrazzavilloisPar Brazzavillois29 août 2025Aucun commentaire5 Mins de Lecture
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    Un repère historique au cœur de Brazzaville

    Depuis la vaste place publique qui borde la mairie centrale, peu de passants imaginent qu’ils foulent un haut lieu de l’histoire atlantique. Pourtant, derrière le majestueux fromager sylvestre se cachait, selon le chercheur indépendant Jean-Jacques Samba, un ancien marché d’esclaves actif jusqu’au XIXe siècle.

    Cette révélation, encore peu connue du grand public, enrichit la cartographie mémorielle de la capitale et invite à revisiter l’épopée commerçante brazzavilloise, souvent cantonnée aux récits maritimes de Loango ou Mpinda.

    Le rôle géographique stratégique du site

    Installé à proximité immédiate des rapides du fleuve Congo, le comptoir répondait à une logique commerciale précise : les pirogues, freinées par les courants, déchargeaient ici leurs cargaisons humaines et matérielles avant la longue marche vers les ports océaniques.

    D’après Jean-Jacques Samba, des négociants locaux, parfois mandatés par les rois Kongo, Loango ou Teke, encadraient les transactions, échangeant captifs contre étoffes, fusils ou alcool importés d’Europe, dans un système de relais fluvial essentiel au commerce transatlantique.

    Trajectoires d’esclaves de Brazzaville à l’Atlantique

    Les convois partaient de la place municipale et suivaient la route intérieure vers Mbanza Kongo, avant de rejoindre Mpinda ou Loango, véritables sas maritimes vers l’Amérique. Ces files d’hommes, de femmes et d’enfants traversaient forêts et savanes sous la surveillance d’intermédiaires armés.

    Samba estime que plusieurs milliers de captifs auraient transité par Brazzaville à chaque saison sèche, période privilégiée pour marcher vite et réduire les risques sanitaires liés aux pluies équatoriales.

    La traversée intérieure n’épargnait pas les captifs : épidémies, morsures d’animaux et violences réduisaient considérablement les effectifs avant même l’embarquement. Les registres coloniaux consultés par Samba mentionnent parfois des taux de mortalité dépassant 15 %, sans compter les disparitions non documentées.

    Abolition et traces matérielles encore visibles

    Le décret d’abolition du 27 avril 1848, porté par Victor Schoelcher, mit juridiquement fin à la traite dans l’empire français, mais la reconfiguration économique de la région fut progressive, laissant les anciens comptoirs à l’abandon ou convertis en espaces civiques.

    À Brazzaville, l’arbre central, au tronc large comme une salle, demeure le principal témoin végétal. Des briques à demi enterrées et des anneaux métalliques rouillés apparaissent parfois lors de travaux de jardinage, rappelant la fonction initiale du site.

    Mémoire partagée et éducation citoyenne

    Chaque 23 août, la Journée internationale du souvenir de la traite négrière résonne discrètement dans la ville. Quelques écoles organisent des visites guidées, et certains enseignants évoquent le marché brazzavillois pour contextualiser les leçons d’histoire.

    « Les élèves comprennent mieux l’ampleur du phénomène lorsqu’ils voient l’arbre », explique Christelle Mankessi, professeure d’histoire au lycée Chaminade, convaincue que la matérialité des lieux restaure la dignité des ancêtres tout en stimulant l’esprit critique des jeunes.

    Des artistes urbains, graffeurs ou slammeurs, s’approprient également la thématique. Le collectif Poto-Poto Slam organise régulièrement des scènes en plein air où résonnent vers et tambours mêlant douleur historique et fierté contemporaine.

    Engagement institutionnel et initiatives locales

    La municipalité a annoncé vouloir apposer une plaque explicative multilingue près du fromager afin de signaler officiellement le lieu. Le projet, porté par le service du patrimoine, prévoit aussi l’intégration d’un parcours pédestre reliant d’autres sites historiques du centre-ville.

    Selon Hervé Mouanga, responsable municipal chargé de la culture, « préserver ces vestiges renforce la cohésion sociale et nourrit le tourisme mémoriel ». Il souligne la collaboration envisagée avec l’Université Marien-Ngouabi pour documenter scientifiquement les futures installations.

    L’État, en partenariat avec l’UNESCO, a déjà lancé des programmes de mise en valeur des routes de l’esclave, dont Brazzaville pourrait devenir une étape clé, offrant ainsi de nouvelles opportunités économiques aux guides et aux entrepreneurs culturels.

    Plusieurs start-ups brazzavilloises, spécialisées dans la réalité augmentée, ont proposé de recréer virtuellement le marché tel qu’il se présentait au XVIIIe siècle. Les visiteurs pourraient ainsi visualiser les anciennes infrastructures superposées aux bâtiments actuels via leurs smartphones.

    Défis de conservation dans un tissu urbain dynamique

    Face à l’essor immobilier, certains défenseurs du patrimoine redoutent que les futures extensions de la mairie n’empiètent sur le périmètre archéologique. Les ingénieurs chargés du chantier affirment avoir intégré des études d’impact préalables pour protéger racines et artefacts.

    Le climat équatorial, favorable aux termites et à la corrosion, complique également la préservation. Des solutions naturelles, comme l’application d’huiles végétales sur le bois ou l’utilisation de peintures antirouille locales, sont actuellement testées par des associations environnementales.

    Parallèlement, l’Université Marien-Ngouabi numérise les archives judiciaires de l’époque pour constituer une base open data. Les chercheurs espèrent croiser ces données avec la généalogie afin que les descendants puissent retracer leurs origines et participer aux programmes de restauration.

    Vers un tourisme mémoriel responsable

    Si la mise en lumière du marché ancien attire des visiteurs curieux, les autorités misent sur une approche responsable : petits groupes, guides certifiés, contenus pédagogiques bilingues. L’objectif est d’éviter la folklorisation tout en transformant ce passé douloureux en moteur de dialogue social.

    Les opérateurs hôteliers du centre-ville anticipent déjà une augmentation modérée du flux touristique. Quelques établissements envisagent des circuits « patrimoine » incluant le marché, le musée du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza et une traversée commentée du fleuve jusqu’à Kinshasa.

    Brazzaville Jean-Jacques Samba route de l’esclave Unesco Victor Schoelcher
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