Des bacheliers au cœur de la logistique portuaire
Ils sont arrivés en matinée, badges autour du cou et curiosité en éveil. Trente-deux nouveaux bacheliers de Brazzaville et Pointe-Noire, sélectionnés par Kimia Events Team, ont traversé les portiques de sécurité du terminal à conteneurs afin de découvrir un univers dont ils n’avaient jusque-là qu’une image abstraite.
Dès la salle de projection, une vidéo dynamique a posé le décor : flux de camions, alignement de conteneurs colorés, grues géantes et écrans de contrôle en temps réel. Le Responsable planification de Congo Terminal, Serge Batchi-Bouity, a décortiqué chaque séquence pour mettre en lumière l’ingénierie invisible.
Une immersion guidée dans les coulisses du terminal
« Il est essentiel de transmettre notre passion et de préparer nos successeurs », a-t-il rappelé, insistant sur la dimension humaine d’un site souvent perçu comme un simple alignement de machines. Son exposé a déclenché une pluie de questions portant sur la robotisation, la sécurité et la chaîne documentaire.
La théorie a vite cédé la place au terrain. Casques orange vissés sur la tête, les élèves ont embarqué dans un bus de service pour longer le quai historique, avant de s’arrêter devant l’immense esplanade du futur Môle Est, où les pieux métalliques percent déjà l’horizon Atlantique.
Le chantier du Môle Est, vitrine d’ambition nationale
Les ingénieurs de chantier ont décrit des chiffres qui donnent le vertige : 800 mètres de quai, tirant d’eau de 16 mètres, capacité annuelle portée à 1,5 million d’EVP. Chaque donnée a été reliée aux perspectives d’emploi, du soudeur à l’analyste de données logistiques.
Beraca Telombila, bachelière en quête de repères, confie avoir choisi la gestion des ressources humaines « sans imaginer qu’un port puisse en avoir besoin ». Face aux grues, elle mesure désormais « la place centrale de mon futur métier dans des écosystèmes aussi stimulants ».
Le Môle Est n’est pas seulement un chantier ; c’est un laboratoire grandeur nature pour la diversification économique prônée par les autorités. L’extension consolide la position du port de Pointe-Noire comme porte d’entrée régionale, tout en ouvrant un spectre d’emplois qualifiés pour la jeunesse congolaise.
Orientation post-bac : des vocations qui se confirment
Dans la salle des opérations, écrans et alarmes clignotent en permanence. Les bacheliers observent le va-et-vient des conteneurs géolocalisés. Un technicien explique le recours à l’intelligence artificielle pour optimiser les mouvements, réduire le temps d’attente des navires et limiter l’empreinte carbone.
La poignée d’élèves issus des filières scientifiques s’attarde sur les logiciels de simulation hydraulique, tandis que les littéraires questionnent la documentation douanière et le droit maritime. Cette transversalité illustre la multitude de passerelles entre formations universitaires et activités portuaires, un message martelé par les intervenants toute la journée.
Pour beaucoup, la logistique restait un concept abstrait, presque lointain. Voir un portique soulever quarante tonnes en silence, sentir le sol vibrer sous un reach stacker et entendre les radios crépiter change radicalement la perception ; l’envers du décor devient soudain accessible, presque familier.
Congo Terminal mise sur la transmission du savoir
Au-delà de l’émotion, les organisateurs ont structuré la visite autour d’objectifs pédagogiques précis : découverte des métiers, initiation aux exigences de sécurité, sensibilisation aux enjeux environnementaux. La journée s’inscrit dans un programme plus large de Congo Terminal consacré à l’insertion professionnelle et au développement des compétences locales.
Selon la direction, près de 600 stagiaires ont déjà été formés sur site depuis 2019, dont une majorité de jeunes issus du bassin ponténégrin. Les responsables se félicitent de voir nombre d’entre eux intégrer ensuite des postes durables, contribuant à la montée en gamme du secteur logistique national.
Un projet stratégique pour l’économie sous-régionale
L’implication du port dans l’orientation post-bac s’inscrit aussi dans la dynamique gouvernementale du capital humain. Le ministère de l’Enseignement supérieur encourage les partenariats avec le secteur privé pour ajuster les curricula aux besoins du marché, une démarche jugée essentielle pour réduire le chômage des diplômés.
En parcourant le chantier, certains bacheliers évoquent l’idée de stages d’été, d’autres imaginent déjà un mémoire de licence consacré à l’automatisation portuaire. Les encadrants, eux, insistent sur la discipline nécessaire : maîtrise de l’anglais technique, familiarité avec les normes ISO, compréhension des protocoles sûreté-sécurité.
La dimension environnementale, longtemps absente du débat, a été mise en avant. Un ingénieur évoque la future alimentation électrique des navires à quai, évitant le recours aux groupes diesel. Un autre détaille la gestion numérique des déchets, soulignant la place grandissante des profils spécialisés en développement durable.
Perspectives d’avenir pour la jeunesse congolaise
À la fin de la journée, chaque participant reçoit un kit d’information récapitulant les filières universitaires pertinentes, les bourses existantes et les contacts RH du port. Les visages fatigués laissent percer un enthousiasme palpable ; beaucoup partagent en direct leurs impressions sur les réseaux sociaux, cumulant des centaines de vues.
Si certains repartiront vers les amphithéâtres, d’autres viseront les écoles d’ingénieurs ou les formations douanières. Tous auront désormais un repère concret et l’idée que l’effervescence portuaire n’est pas un horizon fermé mais une scène ouverte, où leurs compétences pourront, demain, faire avancer l’économie congolaise.