Calendrier officiel de la révision
Depuis le 1er septembre, la république du Congo a officiellement ouvert la révision des listes électorales, étape cruciale située à six mois de la présidentielle attendue en mars 2026.
L’opération, annoncée par des banderoles dans tous les quartiers de Brazzaville, s’étend sur deux mois jusqu’au 30 octobre, selon la procédure publiée par le ministère de l’Administration du territoire.
Dans la mairie de Bacongo, les tableaux d’affichage restaient vides à la mi-journée, mais les agents rappelaient avec insistance que « le nom de chaque citoyen doit absolument figurer pour qu’il puisse voter », soulignant l’enjeu d’une base de données électorale exhaustive.
Signal fort pour la transparence du vote
Dans Makélékélé, premier arrondissement, les listes sont déjà placardées sur les murs municipaux, sous l’œil du maire Laurent Edgard Bassoukissa qui assure avoir mobilisé chefs de quartier, mégaphones et crieurs pour prévenir les habitants dès l’aube.
Le processus, soutenu par la société civile, doit aussi retirer des registres les électeurs décédés afin d’éviter toute contestation sur le nombre réel de votants, un point jugé décisif par de nombreux observateurs.
« Il s’agit d’un état des lieux salutaire », analyse Dieu-Merci, électeur rencontré devant la mairie, persuadé que cette mise à jour est la condition première d’une compétition équitable pour l’ensemble des partis autorisés à présenter un candidat.
Organisation pratique dans les arrondissements
Chaque commission locale comprend des représentants de l’administration, des partis politiques et des organisations communautaires, chargés de vérifier identité, résidence et âge minimum des électeurs avant d’inscrire ou de radier un nom.
Les candidats potentiels, qui n’ont pas encore déclaré officiellement leurs ambitions, suivent néanmoins de près ces opérations, car la portée sociologique des nouveaux inscrits – notamment la jeunesse urbaine en quête de premier vote – pourrait infléchir la campagne.
Pour fluidifier l’affluence, certaines mairies étendent les horaires et installent des guichets mobiles sur les artères commerçantes, pratique saluée par les étudiants du campus de Mfilou qui évoquent un « gain de temps bienvenu » entre deux cours.
Le précédent de 2021 comme repère numérique
Lors de la présidentielle de 2021, le fichier national comptait officiellement 2 645 000 électeurs, rappel chiffre de référence pour mesurer la progression attendue à l’issue de l’exercice en cours.
Les démographes soulignent que la capitale et sa périphérie enregistrent chaque année un afflux de nouveaux majeurs, conséquence de la croissance urbaine, d’où l’importance, selon eux, d’un recensement régulier pour éviter une sous-représentation.
D’autres acteurs insistent sur la nécessité de former les opérateurs informatiques déployés dans les arrondissements afin de réduire les doublons, cause technique la plus fréquemment pointée lors des consultations précédentes.
Paroles d’habitants et attentes citoyennes
Au marché Total, Rosine, vendeuse de pagnes, raconte avoir perdu son ancienne carte à la suite d’un déménagement : elle voit dans la révision « l’opportunité de régulariser sa situation » et espère que les équipes resteront disponibles le samedi.
À Bacongo, le menuisier Florent estime que la campagne de sensibilisation gagnerait à utiliser davantage les réseaux sociaux, moyen privilégié des jeunes qui, selon lui, pourraient se désintéresser si l’information circule uniquement par mégaphone.
Interrogé sur la logistique, un agent communal reconnaît que certaines fiches manquent encore, mais promet une dotation supplémentaire « avant la fin de la semaine », signe d’une volonté officielle de corriger rapidement les aléas matériels.
Cap sur mars 2026
Si l’opération se déroule comme prévu, toutes les données seront gelées fin octobre, laissant quatre mois aux autorités pour produire cartes d’électeur et listes définitives qui seront affichées publiquement à travers le pays.
Le succès de cette étape conditionnera la confiance des électeurs dans la présidentielle de mars 2026, rendez-vous politique majeur pour lequel partis, observateurs et citoyens disent vouloir un scrutin pacifique et transparent, à l’image des attentes exprimées dans les rues de Brazzaville.
Les organisations confessionnelles, souvent mobilisées comme relais de confiance dans les quartiers, encouragent leurs fidèles à vérifier leur présence sur les listes après l’office dominical, pratique qui avait déjà augmenté le taux d’inscription en 2021, selon un responsable paroissial.
Du côté de l’université Marien-Ngouabi, des associations étudiantes proposent des séances de vulgarisation sur le rôle du bureau de vote, rappelant que le contrôle citoyen commence par la qualité des listes et non uniquement par l’observation le jour du scrutin.
Plusieurs startups locales testent également une plateforme participative où chaque citoyen peut signaler une anomalie, comme une erreur d’état civil ou une absence, avant validation par la commission ; l’outil reste toutefois au stade pilote.
Pour les autorités, cette modernisation graduelle traduit la volonté d’aligner le système national sur les standards internationaux en matière de gouvernance électorale, sans brusquer un calendrier déjà serré par les obligations logistiques.
Le ministère de l’Administration du territoire rappelle qu’une équipe centrale suivra quotidiennement les statistiques venues des départements, grâce à un tableau de bord actualisé, avant de publier un rapport final qui sera transmis aux partenaires internationaux invités comme observateurs.
Le compte à rebours est enclenché, la mobilisation reste palpable.