Un appel gouvernemental à la mobilisation médiatique
Réunis à Brazzaville le 5 septembre, journalistes et responsables de rédaction ont reçu un message direct du ministre de la Communication, Thierry Lézin Moungoulla. Au pupitre, le porte-parole du gouvernement a invité les professionnels de l’information à « accompagner activement » la candidature congolaise portée par Firmin Edouard Matoko.
Selon le ministre, la presse nationale joue un rôle décisif pour faire connaître, à l’intérieur comme à l’extérieur, la vision élaborée par le diplomate pour l’Unesco. « Notre voix compte si elle est amplifiée par vos titres, vos directs et vos formats numériques », a-t-il souligné.
Dans la salle, plusieurs directeurs de publication ont approuvé cette démarche. Joël Ibara, rédacteur en chef d’un quotidien brazzavillois, estime qu’« un poste stratégique comme celui-ci rejaillira sur l’image du pays et sur les perspectives culturelles de nos jeunesses ».
Firmin Edouard Matoko, un vétéran de l’Unesco
Entré à l’Unesco il y a trente-cinq ans, Firmin Edouard Matoko connaît l’institution « jusqu’aux couloirs », plaisante un ancien collègue parisien. Actuel sous-directeur général chargé des priorités Afrique et des relations extérieures, il a piloté des programmes phares en éducation, culture et sciences.
Ses proches décrivent un « homme de dialogue » capable de concilier les agendas parfois divergents des États membres. « Il valorise le consensus tout en gardant une ligne ferme sur les valeurs universelles », résume un diplomate ouest-africain basé à Paris.
Le projet qu’il défend s’appuie sur trois piliers : renforcer la proximité de l’Unesco avec les populations, redynamiser le multilatéralisme et consolider la paix par la culture. « Une organisation audacieuse, forte et tournée vers les peuples », martèle-t-il lors de ses prises de parole.
Une tournée diplomatique bien accueillie
Pour convaincre les 58 membres du Conseil exécutif, le candidat parcourt depuis le printemps les capitales africaines et plusieurs villes européennes. Abidjan, Pretoria, Lagos, Djibouti, Libreville : partout, la délégation congolaise a noté « une chaleur réconfortante » dans les échanges officiels.
Thierry Lézin Moungoulla rapporte que ces visites ont permis de détailler le programme de réforme voulu par Matoko et de mesurer l’appétence d’un soutien continental. « Le groupe africain voit dans sa candidature une opportunité de porter haut notre voix au sein de l’agence », affirme-t-il.
Des analystes régionaux constatent que la diplomatie congolaise mise sur un lobbying méthodique, appuyé par des rencontres avec acteurs culturels, organisations de jeunesse et médias locaux. « La campagne joue la carte de la proximité et du respect mutuel », observe une spécialiste basée à Nairobi.
Enjeux géopolitiques de l’élection
Le scrutin du 6 octobre se prépare dans un contexte international réputé morcelé, où le multilatéralisme cherche un second souffle. Les débats sur la légitimité des institutions onusiennes rendent la question du leadership plus sensible que jamais.
Le gouvernement congolais estime que l’expérience cumulée par son candidat peut « tenir la barre dans la tempête ». Au-delà du continent africain, Matoko ambitionne de fédérer les États autour d’une feuille de route pragmatique qui conjugue innovation scientifique, sauvegarde patrimoniale et éducation inclusive.
Pour Christian Okemba, enseignant-chercheur à l’université Marien Ngouabi, « la crédibilité d’un dirigeant Unesco tiendra à sa capacité de faire dialoguer les cultures sans céder aux tensions géopolitiques ». Selon lui, le profil de Matoko répond à cette exigence de neutralité constructive.
La presse congolaise en première ligne
Dans la capitale comme à Pointe-Noire, les rédactions préparent déjà dossiers spéciaux, vidéos explicatives et chroniques dédiées. Radio, télévision, plateformes numériques : chaque support entend décliner les arguments clés et les succès passés du diplomate.
Plusieurs journalistes voient dans cette campagne un moyen d’illustrer la notion de diplomatie publique. « Informer le citoyen brazzavillois sur les enjeux de l’Unesco, c’est aussi développer notre propre culture internationale », estime la présentatrice Léa Mavoungou.
Thierry Lézin Moungoulla encourage les médias à insister sur les retombées concrètes qu’aurait une victoire congolaise : diffusion accrue de programmes éducatifs, visibilité renforcée pour les sites patrimoniaux nationaux et partenariats scientifiques élargis.
Déjà, certains titres ont mis en avant la trajectoire du candidat, de ses études à Cuba à ses responsabilités actuelles. Des chroniques reviennent sur des projets réussis, comme l’appui à la préservation des archives sonores téké ou la formation d’enseignants en zones rurales.
« Notre mission ne se limite pas à relayer une actualité diplomatique, elle consiste à montrer comment l’éducation et la culture irriguent le développement local », rappelle un éditorial du quotidien Les Dépêches de Brazzaville. La mobilisation médiatique devrait s’intensifier à mesure que l’échéance approche.